Élections à Montréal - Plus que Montréal

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L'enjeu le plus brûlant escamoté

L’élection du 3 novembre à Montréal porte sur le choix d’une nouvelle administration pour la métropole. Mais cette élection va au-delà, car en même temps qu’on élira le maire de Montréal, on choisira le maire président de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et de ses 3,8 millions de citoyens.
Cette dimension du rôle de Montréal échappe à plusieurs des candidats à la mairie dont les discours mettent Montréal en opposition avec les autres villes de la communauté métropolitaine. Les banlieues qui l’entourent, il y en a 81, sont des « compétiteurs ». Le mot voleur n’est pas prononcé, mais dans le cas de Richard Bergeron, le mot lui brûle les lèvres.
Dans une entrevue à l’animatrice Marie-France Bazzo, le chef de Projet Montréal disait la semaine dernière : « ils nous piquent quand même 22 000 habitants par année au net », ajoutant qu’il n’est pas là pour défendre la banlieue. « Ce sera toujours d’abord l’intérêt des Montréalais. »
Richard Bergeron pourfend depuis des lustres l’étalement urbain incontrôlé qui a miné le développement de Montréal au fil des décennies. Il avait raison de le faire, mais ce n’est pas en mettant des clôtures autour de Montréal qu’on stoppera la migration des Montréalais vers les banlieues. Vouloir retenir à Montréal 30 000 familles, comme le propose la candidate Mélanie Joly, est prendre le problème à l’envers. Ne devrait-on pas plutôt vouloir ramener à Montréal 30 000 familles ?
Les mouvements de population sur le territoire de la CMM ont malheureusement été à sens unique généralement, vers la banlieue. Et si la population montréalaise s’est tant bien que mal maintenue, c’est grâce à l’arrivée d’immigrants qui, à leur tour, prendront la direction de la banlieue.
Aujourd’hui, les banlieues sont des milieux de vie urbaine à maturité. On ne peut plus les voir comme des ennemies. Il faut les voir comme des partenaires, ce qu’elles sont depuis la création en 2001 de la CMM où elles se partagent la responsabilité de missions comme l’aménagement du territoire, le développement économique, le transport en commun. En mai 2011, le maire de Montréal d’alors, Gérald Tremblay, réussissait à faire adopter à la quasi-unanimité des 82 villes membres le premier plan métropolitain d’aménagement et de développement de la CMM, dans lequel on s’est d’ailleurs attaqué, entre plusieurs choses, à l’étalement urbain.
La CMM a changé les choses, et pas seulement pour les banlieues. Montréal ne peut plus concevoir son développement que pour elle-même. Outre un lieu de vie pour les Montréalais, elle est aussi un foyer d’activités économiques, sociales et culturelles pour lesquelles elle doit accueillir des centaines de banlieusards, ce dont les futurs élus doivent tenir compte.
De toutes les formations qui se font la lutte pour diriger Montréal, Projet Montréal est celle qui a le programme le mieux articulé et sans doute le plus attrayant pour un Montréalais qui se préoccupe avant tout de sa qualité de vie urbaine. Mais c’est aussi un programme dont il faut se méfier. Si l’on peut être d’accord avec la réduction de la circulation automobile sur le territoire de Montréal et l’accroissement de l’offre du transport en commun proposées, on pourrait ne pas aimer le résultat. On le sait par les quatre années d’administration de Projet Montréal sur le Plateau Mont-Royal où l’on a oublié que Montréal est plus que la Ville de Montréal. On y a transporté l’esprit de Ville Mont-Royal d’une autre époque. Mais peut-être est-ce moins du programme qu’il faut se méfier que de ceux qui le portent. Quand Richard Bergeron dit qu’il appliquera au Tout-Montréal ce qui s’est fait sur le Plateau, on peut avoir des craintes.


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