Trois jours après le meurtre du jeune Thomas Trudel, la directrice de l’école Joseph-François-Perrault recommande dorénavant aux élèves de ne plus se promener seuls et d’éviter le parc qui se trouve à proximité durant la nuit. Elle se veut néanmoins rassurante : la sécurité a été renforcée dans le quartier, 24 heures sur 24.
« Il y a une plus grande présence policière dans le quartier, et ce 24/7 », écrit Julie Dessureault dans une lettre qui a été transmise aux parents mercredi, en fin d’après-midi, et dont La Presse a obtenu copie.
La directrice y ajoute qu’en plus des policiers sur le terrain, les intervenants de l’organisme Tandem « sont là et ont un œil sur nos élèves qui partent après les heures de classe habituelles afin de permettre un départ de l’école vers le métro ou le bus avec une supervision d’un adulte ».
Évidemment, il s’agit d’une surveillance à distance, parfois à bord d’un véhicule, nous ne sommes pas en mesure d’accompagner chacun des groupuscules en marchant avec eux. Une caméra de surveillance a été installée dans le parc.
Julie Dessureault, directrice de l’école Joseph-François-Perrault
Celle-ci demande par ailleurs aux parents de « sensibiliser vos jeunes au fait de se déplacer à plusieurs » autant que possible, et d’éviter d’être seuls dans le quartier. La nuit, il serait aussi préférable « de passer par la rue François-Perrault [plutôt] que de passer à travers le parc », souligne-t-elle.
Vendredi, une minute de silence sera observée à l’école à la mémoire de Thomas Trudel, qui n’avait que 16 ans. Un message sera aussi lu à l’interphone. Enfin, les élèves pourront déposer un message de condoléances à la famille de l’adolescent dans une boîte située à la réception de l’école.
« Je ne reconnais pas Montréal »
Ébranlé par le meurtre de cet adolescent de 16 ans dimanche, dans le quartier Saint-Michel, François Legault, lui, a déploré mercredi « ne plus reconnaître » Montréal, qui est secoué par une série de fusillades. Son gouvernement appelle Ottawa à prendre ses responsabilités pour resserrer le contrôle des armes à feu.
« C’est terrible, je ne reconnais pas Montréal », a lancé François Legault à son arrivée au Conseil des ministres. « [Ottawa doit] en faire plus », a-t-il ajouté peu après.
La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, s’est quant à elle dite « déchirée » et « traumatisée », estimant elle aussi qu’Ottawa devait agir. « C’est un problème qui est complexe, qui est profond et qui dépasse la responsabilité seule du gouvernement du Québec. »
Mme Guilbault dit ne pas avoir d’écho d’une demande de rencontre avec le nouveau ministre de la Sécurité publique, Marco E. L. Mendicino, et le ministre de la Protection civile, Bill Blair. « On comprend tous qu’il y a eu une élection, mais là, il y a deux nouveaux ministres, je leur ai envoyé une lettre avec les demandes du Québec, dont une très claire en ce qui concerne la violence liée aux armes à feu », a-t-elle noté.
Québec réclame notamment qu’Ottawa resserre le contrôle des armes à feu à la frontière canado-américaine. « Les armes n’arrivent pas par magie au Québec », a rappelé Mme Guilbault. Elle réclame aussi que le gouvernement fédéral clarifie ses visées au sujet du contrôle des armes de poing et qu’il modifie le Code criminel pour imposer des peines plus sévères pour les crimes liés aux armes à feu, comme le trafic et la possession.
Le gouvernement Legault devrait annoncer des investissements supplémentaires en matière de prévention lors de sa mise à jour économique, le 25 novembre.
Trudeau ne s’avance pas
L’appel à l’aide de Québec n’a pas inspiré à Justin Trudeau d’engagement immédiat sur la possibilité de durcir les peines liées aux crimes commis avec des armes à feu ou sur la question du trafic illégal des armes en provenance des États-Unis, où il se trouve en ce moment pour prendre part au sommet des « Trois Amigos ».
« On a toujours été là pour renforcer le contrôle des armes à feu. On est là pour utiliser tous les moyens nécessaires. On va continuer de faire tout ce qui est nécessaire », s’est-il contenté de déclarer lors d’un bref point de presse sur la terrasse d’un hôtel de Washington.
Il a exprimé sa tristesse face au tragique assassinat de l’adolescent. « Cette tragédie à Montréal nous brise le cœur, surtout qu’elle survient après plein d’autres tragédies », a-t-il laissé tomber en promettant de « travailler avec Québec, avec Montréal, avec tout le monde qui veut bannir les armes de poing ».
Au bureau du ministre Mendicino, on a confirmé que le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault avait sollicité un entretien mardi.
« Nous travaillons à organiser une rencontre », a écrit son directeur des communications, James Cudmore, transmettant des « condoléances à la famille et aux proches de Thomas Trudel, qui font face à une perte inimaginable ».
Avec la collaboration de Mélanie Marquis, La Presse