MONTRÉAL

« D’aucune manière ça ne me décourage », dit Plante

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L'exode montréalais est imputable à la COVID mais aussi aux conséquences du changement de peuple


Valérie Plante refuse de se laisser abattre par l’importante baisse de population vécue par la métropole en 2020-2021, alors que les maires des municipalités en croissance se réjouissent de leur popularité.


La mairesse de Montréal a déploré la situation, jeudi matin, avant de souligner le caractère exceptionnel de la période concernée.


« Je ne suis jamais contente [de nouvelles comme celle-ci]. On ne veut pas ça. On veut que les gens restent à Montréal, choisissent Montréal », a-t-elle dit en marge d’une annonce.





 




« Je pense qu’il y a une situation qui contribue à ça, la COVID-19, qui a affecté beaucoup de monde. Des gens qui se disent que, maintenant, ils peuvent travailler à distance, [qu’un déménagement] à la campagne, c’est maintenant que ça se passe. »


Elle a toutefois ajouté : « D’aucune manière ça ne me décourage. » « Il y a des avantages forts à habiter en ville », a-t-elle dit.




C’est une période un peu plus difficile avec la COVID-19, soit. Mais il n’y a rien qui égale cette qualité de vie, d’avoir tout à proximité, d’avoir autant d’espaces verts et une telle vie culturelle.



La mairesse Valérie Plante, à propos de Montréal



Par écrit, son équipe a ajouté que « Montréal a été particulièrement touchée par la fermeture des frontières et son impact sur les travailleurs et étudiants étrangers ». L’administration Plante espère que sa stratégie pour la construction de 60 000 logements sociaux, abordables ou familiaux pourra contribuer à faire baisser le prix de l’habitation et ramener des résidants à Montréal.


« Il y a urgence d’agir »


Dans les rangs de l’opposition officielle, le porte-parole en habitation et conseiller de Snowdon, Sonny Moroz, n’est pas de cet avis. Il exige plutôt que la Ville se penche sur les causes de l’exode urbain et ses politiques publiques.


« Il ne faut pas interpréter la hausse de l’exode en lien direct avec le contexte pandémique. Oui, la COVID-19 a joué, mais il y a d’autres enjeux, puisque l’exode avait commencé avant la pandémie », affirme le conseiller, qui cite notamment le règlement d’inclusion « 20-20-20 », la hausse des taxes et les restrictions liées au stationnement comme de « possibles liens » avec l’accélération de cet exode.


Selon M. Moroz, les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) « montrent surtout qu’il y a urgence d’agir ». Il présentera d’ailleurs une motion en ce sens à la prochaine réunion du conseil municipal, prévu le 24 janvier, afin de demander à la Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation de sonder l’avis d’experts sur le sujet, pour ensuite remettre un rapport à la Ville « d’ici la fin de l’année ».


Multiplication des chantiers


A contrario, d’autres municipalités ont vu leur population croître rapidement. C’est notamment le cas de Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, qui compte 6 % plus d’habitants depuis 12 mois.


Le maire de la municipalité, Yves Dagenais, s’attendait à ce que la multiplication spectaculaire des chantiers sur son territoire, depuis 2020, se transpose dans les chiffres de l’ISQ.


« On s’attendait à ça. Avec la pandémie, il y a eu beaucoup de migration de la ville vers la campagne », a-t-il dit en entrevue téléphonique.




Il y a beaucoup de constructions neuves. Il s’est construit au-dessus de 200 résidences cette année, par rapport à 150 l’an passé.



Yves Dagenais, maire de Saint-Hippolyte



L’essentiel de ces nouvelles constructions sont des maisons « unifamiliales bâties dans de nouveaux quartiers résidentiels », un type d’habitation recherché par beaucoup de jeunes familles de la classe moyenne et dont la construction se fait rare dans les limites de la Communauté métropolitaine de Montréal. « Il y a une qualité de vie qui est offerte à nos résidants, vu le milieu naturel, les boisés, les lacs », a ajouté M. Dagenais.


Périmétropolisation et politiques publiques


Ce phénomène intéresse l’experte en gestion municipale à l’Université du Québec à Montréal Danielle Pilette, qui le qualifie de « périmétropolisation ». « La région métropolitaine est un peu déclassée par rapport à certaines activités, notamment les terrains industriels, qui sont plus chers ou moins grands qu’en région, ou encore le manque de construction de maisons unifamiliales traditionnelles », dit-elle.


« Tout ça fait en sorte que beaucoup de gens sortent de l’île pour aller vers les régions adjacentes, en bonne partie les Laurentides, Lanaudière, la Montérégie et l’Estrie. Ce sont des secteurs qui, jusqu’ici, attiraient beaucoup les Montréalais pour une résidence secondaire, mais qui maintenant deviennent une destination principale », poursuit la spécialiste.


Selon elle, il n’est pas impossible que ce phénomène se poursuive encore plusieurs années, surtout si les arrivées internationales mettent du temps à regagner leur rythme d’avant la pandémie à Montréal.


« Le gros problème en ce moment, c’est que les sorties sont nettement moins compensées par les touristes et les étudiants étrangers. Et on ignore quand ça redémarrera réellement », fait observer Mme Pilette. « Montréal est aujourd’hui une ville de jeunes, et non plus de personnes âgées. Et quand ces jeunes accèdent à la propriété, ce sont eux que l’île perd en quelque sorte », conclut-elle.




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