Dumont le caméléon

Climat politique au Québec




Ce n’est pas un plan vert que l’Action démocratique du Québec (ADQ) vient d’élaborer. C’est un plan caméléon qui permet aux adéquistes de se montrer plus ou moins « vert » dépendamment de l’environnement dans lequel ils se trouvent.
Au lendemain du conseil général des troupes de Mario Dumont, chacun peut dénicher un ton qui lui convient. Pour certains, l’ADQ est un parti qui souscrit aux exigences du Protocole de Kyoto, qui veut retirer les minounes polluantes des routes, qui souhaite bannir les sacs de plastique et favoriser l’implantation de technologies vertes. D’autres retiendront surtout que, pour l’ADQ, l’environnement ne doit pas être un frein au développement économique ou un prétexte pour reporter les grands projets à l’infini.
Bref, un peu de tout pour plaire au plus grand nombre, mais rien de bien précis sur la façon dont un gouvernement adéquiste concilierait plus harmonieusement et plus efficacement économie et environnement à court, à moyen et à long terme.
Malgré les propositions votées par les militants, les propos du chef Dumont laissent en effet perplexes. Il affirme à un moment que les objectifs environnementaux ne doivent pas être un frein à l’économie. Par exemple, lorsqu’il s’agit de grands projets hydroélectriques, il estime qu’il ne devrait pas y avoir d’autres limites que notre capacité de construire.
Est-ce dire que, pour les adéquistes, les impacts d’un projet sur l’environnement, sur le paysage, sur la santé de la population, sur la faune et la flore locales ne seraient pas pris en considération ? Que dorénavant les critères économiques auront plus de poids que les facteurs sociaux ou environnementaux ?
Pas vraiment puisque le même Mario Dumont a soutenu également que, si un projet est mauvais ou nuisible pour l’environnement, il faut le repenser. Qui le reformulera et selon quels critères ? Aucune idée.
Le chef est comme le client qui jongle et hésite avec une palette de couleurs chez Rona, tentant de savoir quel ton de vert aura le meilleur effet chez lui. Pour poursuivre avec la même analogie, on peut aussi se demander quelle pièce de la maison l’ADQ veut peindre en vert.
Est-ce que l’ADQ sera plus exigeante à l’égard du citoyen qui roule avec une vieille bagnole et qui utilise un sac de plastique, et plus conciliante avec le promoteur qui fait miroiter des emplois avec un projet dont les effets sur l’environnement sont négatifs ? Certes tout le monde, individu et industriel, doit faire sa part pour l’environnement. Il faut cependant éviter que de simples citoyens et les générations futures paient le plus gros de la facture au nom d’objectifs économiques à courte vue.
Ils sont sûrement très rares les citoyens qui ne souhaitent pas que le Québec soit plus riche et plus prospère. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont prêts à dire oui et inconditionnellement à tous les projets à saveur économique. Faire preuve de prudence et de prévoyance n’est pas promouvoir l’immobilisme.
Évaluer tous les coûts avant de se lancer dans un projet est sage et ne veut pas dire que le Québec refuse de bâtir et de dynamiser son économie.
L’exploitation indue de nos ressources et le développement accéléré et irréfléchi d’un secteur peuvent avoir des conséquences lourdes. Pensons à l’industrie des pêches, à celle de la forêt et à celle de la production porcine.
Les acteurs de ces industries, avec l’accord des élus, ont longtemps pêché, rasé des forêts ou accru leur cheptel de porcs sans se soucier des répercussions sur le renouvellement de la ressource et des dégâts sur la santé et l’environnement. C’est ce type d’erreurs que le Québec doit éviter. Avec une vision claire et de la volonté, il est possible de bâtir sans tout démolir.


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