Préséance à l'égalité

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor


Selon le Conseil du statut de la femme, la liberté de religion s’arrête lorsque l’égalité entre les hommes et les femmes est compromise. C’est un principe vers lequel le Québec doit tendre, et ce, tant dans l’intérêt des Québécois que des Québécoises.



Évidemment, dans l’absolu, tous les droits ont la même valeur. Il n’est cependant pas inutile, comme le souhaite le Conseil, de préciser qu’ici au Québec, l’égalité entre les hommes et les femmes est un des marqueurs de notre identité qui ne supporte pas de compromis.
Cette égalité entre les sexes, il vaut la peine de le rappeler, a été longuement et durement acquise. Les femmes ont obtenu le droit de vote aux élections fédérales en 1918 et seulement en 1940, sur la scène provinciale.
Elles ont aussi bataillé pendant des années pour faire leur place dans des secteurs d’activité réservés aux hommes. Il a fallu aussi une loi sur l’équité salariale et de longues tractations pour que des emplois à prédominance féminine soient, en 2007, aussi bien rémunérés que les jobs de gars. Et ce n’est pas acquis encore partout.
Ces gains ne doivent pas être menacés parce que des personnes invoquent leur droit à la liberté religieuse. Pas plus que les hommes n’ont à subir à leur tour une forme de discrimination et à laisser leur place à une femme, et ce, au nom de la liberté de religion prévue dans nos chartes des droits et libertés.
Même si les demandes d’accommodements religieux sont peu nombreuses, le Québec doit veiller à ce qu’elles ne nous ramènent pas en arrière en matière d’égalité entre les sexes.
Les hôpitaux, les établissements d’enseignement et autres services publics ne doivent pas rompre l’égalité entre leurs employés. C’est un terrain beaucoup trop glissant.
Pourquoi un médecin devrait-il être exclu de l’urgence parce qu’un mari, au nom de considérations religieuses ou culturelles, refuse que son épouse soit examinée par un homme ?
Pourquoi une policière ou une commis de la Société d’assurance automobile du Québec devrait-elle s’abstenir d’intervenir auprès de certaines clientèles qui ne reconnaissent pas les compétences des femmes ? Pourquoi les bureaux de scrutin devraient-ils prévoir que des femmes soient toujours au poste au cas où une femme au visage voilé devrait prouver son identité ? Hommes et femmes doivent pouvoir occuper tous les champs d’activités sans contraintes au Québec et au Canada.
Ce n’est pas brimer et nier la liberté de religion des gens que de refuser de tels compromis. La liberté de religion peut très bien être respectée au Québec sans que l’on bafoue ou que l’on dilue l’égalité entre les hommes et les femmes. La religion n’a pas à s’imposer partout, à toute heure et dans toutes les sphères de
la vie.
Pour certains, la démarche du Conseil du statut de la femme peut paraître vaine. Ils sont convaincus que les retours en arrière sont impossibles. C’est oublier que des services publics ont accepté spontanément ces dernières années des compromis injustifiés qui ont soulevé l’indignation lorsqu’ils ont été connus.
Il n’est donc pas superflu que le gouvernement du Québec examine si une disposition analogue à celle de l’article 28 de la charte canadienne ne pourrait pas être introduite dans la charte québécoise pour confirmer en quelque sorte la primauté du droit à l’égalité entre hommes et femmes. Le Conseil donne aussi en exemple des législations européennes.
Des propos véhiculés depuis le début de la commission de consultation Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles prouvent que des rappels sont nécessaires, de même que des balises pour guider le personnel des services publics. Le mémoire présenté par le Conseil du statut de la femme constitue une bonne contribution.


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