Avez-vous vu le chalet de Pauline Marois dans Charlevoix ? Est-ce que cela a changé l’opinion que vous aviez d’elle et de sa formation politique ? Et si c’était la porte de sa résidence cossue de l’Île-Bizard que la chef péquiste avait ouverte aux caméras de télévision, est-ce que votre avis serait le même ?
L’image est importante en politique. Démesurément. Chaque politicien doit donc forcément s’y attarder pour gagner des points dans l’électorat. Il existe cependant des cas, et indéniablement Pauline Marois en est un, où cette bataille de l’image est dure à gagner.
Candidate dans Charlevoix, elle a accepté en début de semaine d’accorder une entrevue à un journaliste de TVA à son chalet de l’Anse-au-Sac. Elle voulait ainsi faire taire les rumeurs voulant qu’elle possède un « palace » dans la région.
Les électeurs de Charlevoix et de tout le Québec ont donc pu voir que la chef péquiste jouissait certes d’une vue splendide sur le fleuve Saint-Laurent, mais que sa demeure était bien modeste et n’avait rien d’opulent. Son petit chalet ressemble en effet à d’autres petits chalets que possèdent bien des Québécois. Comme son manoir de l’Île-Bizard doit probablement ressembler à d’autres manoirs que possèdent d’autres Québécois bien nantis.
Or, contrairement à d’autres politiciens, Pauline Marois doit constamment démontrer qu’on peut posséder les deux et être apte à représenter Charlevoix et un jour, peut-être, à diriger le Québec. C’est navrant qu’une politicienne soit obligée de se prêter à un tel exercice.
Après avoir épuré sa garde-robe des éléments qui pouvaient paraître trop luxueux, la chef péquiste a conclu qu’il valait mieux ouvrir les portes de son logis de Charlevoix pour prouver qu’elle était une Québécoise comme bien d’autres. Et si son chalet avait été imposant comme certains qui surplombent de nombreux lacs, elle aurait fait quoi, Mme Marois, pour retirer l’étiquette de bourgeoise qui lui colle désespérément à la peau ?
C’est un jeu qui n’a pas de limite. La chef péquiste doit cesser de s’y prêter et assumer son sort : elle est riche. Et puis après! À ce que l’on sache, elle n’a pas dévalisé une banque, elle n’a pas fraudé, elle a payé ses impôts et elle n’a pas exploité de pauvres gens pour garnir ses coffres.
En quoi disposer d’une fortune et de grandes propriétés handicape-t-il pour représenter adéquatement des électeurs ? L’indépendance financière peut au contraire laisser les coudées plus franches. Faut-il faire vœu de pauvreté pour défendre des valeurs sociales-démocrates au Québec ? Certainement pas. Pour bien saisir les besoins de la circonscription de Charlevoix et soumettre des projets mobilisateurs et prometteurs pour le Québec, le compte en banque et de taxes doit se chiffrer à combien ? Il est totalement absurde d’évaluer un candidat selon de tels barèmes et de conclure s’il est oui ou non près des gens.
Une personne de milieu modeste peut faire un excellent député, ministre et premier ministre. Un individu fortuné également. Ce sont aux valeurs et aux idées défendues qu’il faut s’attarder, de même qu’à la capacité du politicien de capter les préoccupations des gens et de proposer des solutions réelles. Bien sûr, le choix d’un électeur n’est pas des plus rationnels. Il faut néanmoins minimalement savoir se détacher de l’image et des préjugés pour se centrer sur le contenu.
La nouvelle dirigeante du PQ a rapidement indiqué qu’elle réviserait le programme de son parti. Elle veut faire valoir l’intérêt de la souveraineté plutôt que de débattre de la date d’un référendum. Mme Marois dit également qu’elle veut créer plus de richesse au Québec tout en s’assurant que cette richesse soit bien distribuée. C’est sur ce type d’éléments qu’elle devrait être jugée et non sur la valeur de ses maisons et de ses tailleurs.
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