Dissension profonde parmi l’Assemblée des Premières Nations

Deux rassemblements de chefs autochtones se déroulent simultanément

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Une division qui fait l'affaire d'Ottawa

Whitehorse — L’Assemblée des Premières Nations du Canada subit présentement une dissension, alors que deux assemblées des chefs des Premières Nations du Canada se tiennent simultanément à Whitehorse, au Yukon, et à Onion Lake, en Saskatchewan.

« C’est un précédent », constate Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, qui est à Whitehorse cette semaine, précisant que « ça ne s’est jamais vu de l’histoire de l’Assemblée des Premières Nations du Canada ».

Konrad Sioui, grand chef de la nation huronne-wendat du Québec, qui est aussi à Whitehorse, relie directement cette dissension aux discussions qui ont entouré la grève de la faim de la chef d’Attawapiskat, Theresa Spence, cet hiver.

Mouvement Idle no more

À son avis, la grogne des chefs autochtones a pris naissance lorsqu’un groupe de chefs, dont Ghislain Picard, a accepté de rencontrer le premier ministre Stephen Harper, cet hiver, laissant un grand nombre de chefs, qui s’étaient pourtant déplacés pour l’occasion, derrière. « Les chefs s’étaient déplacés en appui à Mme Spence », affirme en entrevue au Devoir M. Sioui.

Or, Theresa Spence n’a même pas participé à la rencontre avec le premier ministre.

C’est sur ces entrefaites que le chef cri Fox, de Onion Lake, a pris le leadership de la dissension envers l’Assemblée des Premières Nations du Canada.

Pour Ghislain Picard, qui faisait partie de la délégation qui a rencontré le premier ministre Harper, le 11 janvier dernier, l’Assemblée des Premières Nations du Canada n’avait pas le choix d’engager des discussions avec le gouvernement Harper, l’autre option était simplement d’occuper la rue, comme le suggérait d’ailleurs le mouvement Idle no more.

Au terme de cette rencontre avec certains chefs, le gouvernement fédéral s’était engagé à réviser les traités et à réviser la politique de revendication territoriale globale, soutient Ghislain Picard.

Peu de progrès

Reste que depuis janvier, quatre rencontres se sont tenues entre l’APN et le gouvernement fédéral, et peu de progrès a été fait, reconnaît le chef Picard. Selon Ghislain Picard, la délégation de l’Assemblée des Premières Nations du Canada s’est donné jusqu’en décembre prochain pour évaluer la pertinence de cette démarche. Reste qu’aucun chef des Premières Nations du Québec ne participe présentement à la réunion d’Onion Lake.

Il faut dire qu’aucune nation amérindienne du Québec n’est régie par des traités numérotés, ce qui est le cas du groupe de chefs réunis à Onion Lake. Plusieurs nations du Québec, les Micmacs, les Mohawks, et les Hurons, par exemple, sont régies par des traités antérieurs à la Confédération, note M. Sioui. Ces nations pourraient, éventuellement, être prises en compte par le groupe de dissidents d’Onion Lake, reconnaît Ghislain Picard.

À ce jour, personne ne peut prévoir quelle sera l’issue des tensions qui déchirent présentement l’Assemblée des Premières Nations du Canada. La solution pourrait se trouver dans la création de nouvelles instances, au sein même de l’Assemblée des Premières Nations du Canada, a suggéré M. Picard.

De son côté, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Canada, Shawn Atleo, a tout de même tenu à exprimer son respect et son soutien aux chefs dissidents d’Onion Lake.


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