Idle No More - Plumes et carrés rouges à Montréal

Autochtones et non-autochtones manifestent conjointement contre la loi C-45

« On a passé 500 ans à ne pas se parler, même si on respire le même air et qu’on boit la même eau »


Ils chantaient, dansaient, battaient du tambour, criaient des messages de ralliement. Le mouvement Idle No More s’est déployé un peu partout au Canada vendredi, parfois de façon modeste, dans différentes communautés autochtones, parfois de façon plus imposante, à Ottawa par exemple, en marge de la rencontre très attendue avec le premier ministre Stephen Harper et avec le gouverneur général, et à Montréal, où plusieurs centaines de manifestants se sont regroupés devant le Palais des congrès. Au-delà de la contestation de la loi C-45 touchant les conditions de vie des autochtones, les manifestations se veulent un exercice de rapprochement et de mobilisation des différentes communautés autochtones, avec les non-autochtones.
« Si j’avais une seule revendication, ce serait d’aider nos enfants à trouver leur chemin dans la vie », racontait pour sa part, à la manifestation de Montréal, Jennifer Gould, une Micmaque de la région de Gaspé, qui vit en ville depuis une dizaine d’années pour pouvoir offrir des services à sa fille qui est handicapée auditive.
« Mais ce mouvement me fait chaud au coeur. J’ai parfois des inquiétudes pour mon peuple parce qu’on nous traite un peu comme si nous étions des hommes des cavernes. […] Moi, je parle la langue micmaque et ma communauté en est très fière lorsque je retourne les visiter. Mais les jeunes qui vivent dans les réserves sont comme confinés. Quand ils sortent dans le vaste monde, ils vivent un choc culturel », ajoute-t-elle.
Pour Kaiatanoron et Katsitsanoron Bush, deux soeurs mohawks de Kahnawake, qui manifestaient elles aussi à Montréal, c’est l’occasion de valoriser leur appartenance autochtone. « Mon père est autochtone et ma mère est Blanche, raconte Katsitsanoron. J’ai parfois l’impression de n’être acceptée ni par les Blancs ni par les autochtones. »
« À Kahnawake, nous sommes privilégiées par rapport à des communautés de régions plus éloignées, nous avons plus de services, ajoute Kaiatanoron. Je veux manifester pour que les autres communautés aient aussi des services. » À titre d’exemple, l’Innu Brian Vollant, 38 ans, déjà grand-père, était arrivé à Montréal la veille de Mashteuiatsh, au lac Saint-Jean, pour suivre une cure de désintoxication de l’alcool. « À Mashteuiatsh, il y a certains services de désintoxication, mais il n’y en a pas beaucoup », dit-il.

Autochtones et non-autochtones se mêlaient allègrement, partageant volontiers leurs préoccupations sociales et environnementales. « On a passé 500 ans à ne pas se parler, même si on respire le même air et qu’on boit la même eau », mentionnait Melissa Mollen-Dupuis, l’une des organisatrices du mouvement. « Ça ne peut plus continuer. » Plumes rouges, carrés rouges et autres signes distincts se côtoyaient d’ailleurs volontiers dans le rassemblement.
« J’ai rarement vu une telle volonté de rapprochement des autochtones avec les non-autochtones », racontait la cinéaste Manon Barbeau, fondatrice du projet Wapikoni mobile, qui participait elle aussi à la manifestation de Montréal.
Mouvement de la base, Idle No More se veut parfaitement distinct des agissements des chefs des conseils de bande.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->