Dire qui nous sommes

Comme si l’affirmation de soi entraînait la négation des autres...

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Pour être respecté, il faut d'abord se respecter soi-même

Le 20 février dernier, le magazine français Marianne a montré ses vraies couleurs. «Résister: il faut affirmer nos valeurs face à la terreur!», pouvait-on lire sur la une.
«Il est urgent de faire respecter nos valeurs: la liberté de conscience, de création et d’expression, les rapports égalitaires entre les sexes, la tolérance...», déclarait le magazine en page 12, en guise d’introduction à un dossier sur la lutte contre l’intégrisme islamiste.
IGNORER LE QUÉBEC
Ces valeurs, les démocraties occidentales doivent les présenter, les expliquer et les promouvoir dès la petite école.
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. On veut tellement s’ouvrir aux autres et montrer qu’on est accueillant et généreux qu’on oublie parfois de dire qui nous sommes et ce qui nous tient à cœur.
Comme si l’affirmation de soi entraînait nécessairement la négation des autres...
«Venez, entrez, faites comme chez vous!»
Dans Péril scolaire, son excellent livre sur «les dix maux de l’Éducation au Québec», ma collègue et amie Tania Longpré (qui est prof de francisation aux immigrants) raconte qu’elle a suivi une formation sur «les méthodes d’enseignement en milieu plurilingue et pluriethnique».
Bref, comment enseigner aux nouveaux arrivants.
«Ce qui m’a plus étonné dans ce cours, raconte Tania, c’est qu’on n’y a pratiquement pas évoqué l’existence d’une culture commune, seulement celle d’une culture parcellaire.
«On souhaite conscientiser les enseignants et les amener à sensibiliser les enfants à toutes les différences, mais on en oublie la société à laquelle ils se joignent.
«Comme si l’important n’était que la culture de l’autre, alors que la communication interculturelle, c’est de favoriser l’échange entre le nouvel arrivant et sa société d’accueil.
«L’objectif n’est pas d’ignorer le Québec actuel et d’en bâtir un nouveau, mais encourager le vivre ensemble au sein d’une nation existante...»
TOLÉRER LES DIFFÉRENCES
Tania Longpré écorche plusieurs personnes dans son essai percutant: les directeurs d’école, les pédagogues, les apôtres de «la réforme», les parents qui désavouent les profs et les ministres de l’Éducation qui, tous partis confondus, se sont agenouillés devant les écoles religieuses.
Mais les pages les plus percutantes de son ouvrage sont celles qu’elle consacre aux difficultés qu’éprouve notre système d’éducation à bien intégrer les nouveaux arrivants — ou plutôt, certains nouveaux arrivants.
«L’école devrait être un creuset, dit-elle en citant le philosophe Alain Finkilekraut, où l’on pourrait apprendre le véritable vivre ensemble plutôt que de coexister tout simplement ou de tolérer les différences.»
PAS DE MUSIQUE !
Je pense entre autres à cette école élémentaire qui a permis à une fillette de porter un casque lors des cours de musique parce que sa religion ne lui permettait pas d’écouter la moindre note.
Au lieu de dire à cette jeune fille: «Désolé, mais ici, au Québec, les enfants écoutent de la musique», on lui a dit: «Ah, ta religion ne te permet pas d’écouter de la musique? OK, pas de problème, on respecte ça...»
Comme l’écrit fort justement Tania: «L’école devrait valoriser le vivre ensemble et pas l’isolement...»
Malheureusement, au Québec, au lieu de «mettre ensemble», on sépare...


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