Diane Francis peut bien rire

Le peuple Québécois n'a pas assez souffert pour prendre une décision d'une telle envergure

Tribune libre 2009

"La population est fatiguée de sentir une telle absence de leadership et d'imputabilité" [écrit Josée Legault.->18583]

Oui mais pas assez fatiguée pour comprendre que, deux États et deux gouvernements pour le Québec (et probablement pour chaque autre province du Canada) , il y en a un de trop.

Les Québécois vivent depuis longtemps entre deux États. D'une part, l'État du Québec, naissant avec la nation, un État naturel et optimal qui a maintenant atteint sa maturité et peut effectivement gouverner tout le Québec.

La seule question: Les Québécois peuvent-ils faire confiance en la compétence, l'intégrité, l'oblativité, le dévouement, l'objectivité et l'impartialité de se savoir gouvernés par un seul gouvernement, celui du Québec, qui se chargera de tout? Existe-t-il au Québec une classe moyenne instruite et suffisamment patriotique pour se charger des affaires de l'État et sur qui on pourra se fier en toutes circonstances.

Autrement, les Québécois vont continuer de subir les affres de deux gouvernements qui s'opposent et se contredisent, sauf lorsqu'il s'agit de collecter les taxes et les impôts, alors qu'ils s'entendent comme larrons en foire.

Avec ces taxes et impôts, le gouvernement d'Ottawa, travaille et a toujours travaillé pour le Canadian Establishment, c'est-à-dire l'oligarchie de Bay Street, à Toronto, qui nous exploite et nous méprise copieusement.

Toujours avec taxes et impôts brutalement collectés au Québec, le gouvernement de Québec tourne en rond, manquant de pouvoirs de décision nécessaires à la conduite de toutes les affaires du Québec, ce qui lui permettrait de réaliser ses objectifs avec concentration et économie de moyens.

Dans de telles conditions, on ne peut s'étonner de voir une équipe aussi médiocre que celle du gouvernement Charest, prendre non pas le pouvoir pour gouverner mais pour se donner des faveurs.

Prolixes, comme tous les peuples inféodés et habitués à confier leurs affaires aux autres, beaucoup de Québécois disent encore:

"Bin tsébin làlà, avec rien qu'in gouvernement à Québec, ça s'ra pâ mieux, pis ça va coûter aussi cher".

Le peuple Québécois n'a pas assez souffert pour prendre une décision d'une telle envergure, qui consiste à se défaire du gouvernement et du pouvoir centralisateur, unitaire, post-impérial et arbitraire d'Ottawa et d'enlever du même coup à Bay Street son emprise sur l'économie du Québec.

Incapable aussi de comprendre que, par une telle décision, personne à Ottawa ni ailleurs au Canada ne pourra s'y opposer, parce que le pouvoir d'Ottawa est arbitraire (sors ton dictionnaire si tu comprends pas) et que le pouvoir québécois est légitime et naturel.

Diane Francis peut bien rire. Elle sait où l'argent de la Caisse est passé comme elle sait que le Québec n'est pas prêt à franchir le pas décisif qui fera du Québec un État Nation aux dimensions optimales, comme sont les États les mieux gouvernés du monde, dont la Finlande, la Suède, le Danemark, la Norvège et l'Irlande, qui se tirent bien de la crise actuelle.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2009

    RM Sauvé : " Le peuple Québécois n’a pas assez souffert pour prendre une décision d’une telle envergure, qui consiste à se défaire du gouvernement et du pouvoir centralisateur, unitaire, post-impérial et arbitraire d’Ottawa et d’enlever du même coup à Bay Street son emprise sur l’économie du Québec. "
    C'était ce que disait en substance un certain Tardivel. C'était ce que fit un certain Trudeau. Quoi ? Faire souffrir un peu ce peuple pour le forcer à prendre la décision qu'on connaît tous. Le Trudeau était un nationaliste canadien français dans sa jeunesse. Il fut aussi un Frère Chasseur. OUi oui ...

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mars 2009

    M. Sauvé a résumé toute la situation au Québec par cette seule phrase : «Le peuple québécois n’a pas assez souffert pour prendre une décision d’une telle envergure,»
    Faut avouer que la grosse perte de notre Caisse de dépôts n'est pas l'affaire du fédéral. Même que M. Rousseau serait du genre assez nationaliste québécois.
    On n'a pas besoin de passer notre temps à descendre dans la rue pour protester, ce qui donne presque rien. C'est voter pour les bons candidats et les bons partis qui peut donner quelque chose.

  • Raymond Poulin Répondre

    14 mars 2009

    En effet, monsieur Sauvé,il nous reste la vie, qui, comme le chante Brassens, «est [notre] seul luxe ici-bas» (Mourir pour des idées). Quant aux principes de stratégie d'État, dont j'essaie modestement d'informer des gens en leur faisant lire vos livres et visionner vos vidéos, je suis toujours étonné de constater qu'ils intéressent beaucoup plus les néo-Québécois le moindrement renseignés que les Québécois de naissance, même ceux, en principe, très bien renseignés. Il me semble que, collectivement, même chez ceux qui croient faire partie de l'élite, nous avons la vue plutôt courte et l'horizon pas mal provincialiste. La nation québécoise, faut-il croire, est encore en gestation, ce qui serait en soi une raison d'espérer.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mars 2009


    Nous délirons tous monsieur Poulin. Nous sommes dépassés

    par les événements et nous acceptons mal notre sentiment
    d'impuissance. Mais comme dans la chanson Le petit bonheur
    de Félix Leclerc, il nous reste enfin la vie.
    Il nous reste également nos principes de stratégie d'État.
    JRMS

  • Raymond Poulin Répondre

    13 mars 2009

    Monsieur Sauvé, le peuple marchera lorsqu’il aura à sa tête des leaders qui le convaincront de marcher. Aucun citoyen ordinaire, ni célèbre ni même quelque peu connu, et donc, selon les canons de la psychologie sociale, non-existant et non crédible aux yeux de la foule, ne pourra les organiser et les décider à le suivre. C’est bête, mais c’est comme ça. Et où est-il (ou elle), ce leader? Oh, c’est plein de chefs partout, comme le disait Félix Leclerc, mais des chefs qui ne s’occupent pas de motiver et d’entraîner leurs troupes, lesquelles n’attendent peut-être que cela. Il suffirait peut-être qu’un Jacques Parizeau ou qu’une Pauline Marois — elle l’ignore peut-être, mais elle est la chef du seul parti politique susceptible de mobiliser les citoyens tannés — décide, avec l’aval et l’appui public de personnalités, dont vous-même, que c’est assez pour que, sans nécessairement partir en croisade pour l’indépendance, quelques centaines de milliers de citoyens partent à l’assaut de ce qui prétend nous tenir lieu de gouvernement et exige qu’il se commette ou se démette. Je ne condamne pas les chefs et les personnalités qui n’osent pas franchir le Rubicon — il ne s’agit tout de même pas d’entreprendre un combat physique et encore moins d’aller se faire tuer, smplement d’exercer une pression irrésistible. Si violence il y avait, elle viendrait du Pouvoir d’abord, pas de la foule, laquelle aurait alors le droit strict de se défendre. Au pire, ce qui est loin d’être sûr, qu’est-ce que quelques dizaines de morts et de blessés pour la liberté collective? J’ai 66 ans et une condition physique peu propice à des affrontements violents, mais je m’y résoudrais s’il fallait vrament en passer par là, et je suis loin d’être le seul. Cependant, soyons francs, pour le moment, les leaders sont aux abonnés absents, ils cultivent leur jardin. Je ne les condamne pas, je ne les blâme même pas : l’être humain qu’ils sont n’a pas le devoir absolu d’agir en fonction d’une vision ou d’une sensibilité qui n’est probablement pas la sienne, l’existence est plus complexe que cela.
    Il n’en reste pas moins qu’on n’a pas à condamner un peuple de ne pas agir si on le lui fournit pas la direction qui lui manque. Certains rétorqueront que le peuple n’est pas prêt à embarquer; il se peut. Mais comment le savoir si on ne lui en fournit pas l’occasion? Il n’a pourtant fallu que quelques milliers de personnes pour faire reculer le fédéral dans l’affaire des plaines. Et, une fois pour toutes, qu’on cesse de nous faire accroire que la seule occasion normale, c’est le jour de l’élection : tel qu’il fonctionne, le système électoral et parlementaire actuel ne consiste qu’à voter, une fois tous les quatre ou cinq ans, pour un parti dont le chef, quel qu’il soit, une fois devenu Premier ministre, a le pouvoir de n’en faire qu’à sa tête (multiple) pendant quatre ou cinq ans, au nom de la discipline de parti et en dépit de son cabinet, de son parti, de l’opposition et de la population. La démocratie parlementaire de style britannique, c’est tout simplement une dictature élective, où les intérêts de l’oligarchie et la manipulation exercée par les médias qu’elle s'est appropriés l’emportent sur le bien commun plus souvent qu’autrement. Bien sûr, il arrive qu’il existe ce que j’appellerais des moments de grâce, où tout converge vers l’éveil de la conscience collective, mais ces moments sont courts, rarissimes et ne se présentent pas sans que quelques têtes bien faites et populaires se lancent dans la mêlée au bon moment. Une conscience collective non structurée et non organisée, ça n’exerce aucun pouvoir. Je crois encore à cet énoncé de Teilhard de Chardin (citation de mémoire) : «Rien, dans l’Univers, ne saurait résister à l’action convergente d’un grand nombre d’intelligences groupées et organisées». Je délire? Peut-être.

  • Robert Bertrand Répondre

    13 mars 2009

    Il est bien possible de dire que « Le peuple Québécois n'a pas assez souffert » jusqu'à présent. Certains ne nous disent-ils pas que « l'on a ce que l'on mérite ? »
    Nous avons notre État du Québec, notre Nation est reconnue, -- en sommes-nous bien conscient ? -- nous avons notre territoire, notre propre Assemblée nationale, nous prélevons nos propres impôts. Et que fait-on avec tout ça ? Prenons-nous la mesure de notre État ? De notre Nation ?
    Il faut faire parler nos représentants pour bien se rendre compte de leur petitesse, de leur manque de responsabilité, de leur manque d'envergure ?
    Ne faut-il pas se considérer petit que de dire que notre gouvernement en est « un de services » dixit Madame Monique Jérôme-Forget ?
    Ne faut-il pas manquer à ses responsabilités que de devoir attendre trois et quatre mois pour nommer un Président actif du Conseil d'administration de la Caisse de Dépôt ?
    Ne faut-il pas manquer d'envergure que de ne pas assumer la responsabilité immédiate de devoir nommer un Président de la Caisse de Dépôt alors que l'autre était disparu de la place depuis plusieurs mois ?
    Le Gouvernement du Québec a un budget de quelque 63 $ milliards par année et nous élisons 125 représentants pour administrer ces quelques 63 $ milliards. On s'occupe de quoi au juste pour dépenser 63 $ milliards ? Plus des 2/3 de ce budget sert pour l'éducation et la santé. Cette année, on placerait dans les ponts, les routes, les autoroutes 11, 12, 13 $ milliards de dollars.
    L'Assemblée nationale du Québec aurait-elle créer un monstre en devenir lorsqu'elle a mis sur pied la Caisse de Dépôt et Placements ?
    On pense, dans nos humbles analyses, que l'Assemblée nationale nous représente. C'est stupéfiant comment nous, le peuple, nous n'avons aucun pouvoir véritable, efficace, normal, logique sur cette Assemblée nationale et tous les corps créés pour servir l'ensemble de notre société.
    La vraie question, vous nous la posez : « Les Québécois peuvent-ils faire confiance ... ? » Certainement pas dans les gens qui sont là, supposément pour servir notre Peuple.
    Ne vit-on pas dans une « dictature parlementaire » sous l'apparence d'une démocratie ? Il n'y a pas de garde-fou, ils sont là pour quatre ans... nous disent-ils !
    Il n'y a qu'un chauffeur au volant et il assume des responsabilités qui le dépassent. Il se fait dicter ceux qu'ils nomment !
    Comment, dans cette lugubre démocratie dans laquelle nous vivons, pouvons-nous reprendre le contrôle du volant ?
    Des pantins au service des financiers. Voilà ceux et celles qui nous servent actuellement. À faire vomir !
    Que ceux et celles qui voient des façons de s'en sortir viennent à notre rescousse. Il y a urgence en la demeure.
    Robert Bertrand

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2009

    Il y a de quoi fulminer avec ces biens pensants d'un mondialisme ouvert d'esprit d'un côté et d'inconscients québécois de l'autre qui refusent même de se sentir concernés par la situation à la Caisse de dépôt. Entendons-nous, les États-Nations soumis aux intérêts des grands financiers de ce monde n'existe pas dans l'esprit des québécois. Toutes tentatives d'explication en ce sens virent en émois revanchards. Genre: ahh, mais là là, tu comprends pas, de toute façon ça nous touche tu tant que ça. Je leur souhaite une seule chose à ces québécois: la volée de leur vie. Une criss de bonne dont ils vont se rappeler. Un choc impensable là où ça fait mal: dans la sacoche. Qu'ils perdent leur emploi, que leurs entreprises ferment, qu'ils fassent faillites et qu'ils ne mangent plus. Là peut-être ils comprendront.
    Oui vous avez raison M.Sauvé, les québécois n'ont pas assez souffert!