Desjardins insiste sur ses engagements envers Kinder Morgan

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Les caisses Desjardins ont-elles perdu leur âme ?

Le Mouvement Desjardins n’est « pas du tout insensible » au message des 35 caisses qui lui demandent de retirer son soutien financier au projet Trans Mountain, mais le monde des affaires accorde beaucoup d’importance à la confiance et au respect des engagements, affirme son président.


Six mois après avoir annoncé un plan visant à intégrer à l’ensemble de ses décisions d’affaires une analyse des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), Guy Cormier a insisté jeudi sur le rôle que Desjardins veut jouer dans la transition énergétique sans toutefois vouloir « refaire le passé ».


« On travaille dans une industrie où la confiance est extrêmement importante », a dit M. Cormier lors d’une rencontre avec la presse en marge d’une allocution au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). « Les gens font affaire avec Desjardins parce qu’ils ont confiance. Si on change d’idée tous les trois mois, six mois, quatre mois sur un engagement qu’on a pris, les gens vont dire : “Allez-vous rechanger d’idée dans quatre mois pour X raison ?” »


Les 35 caisses qui ont adopté des résolutions s’opposent entre autres au prêt de 145 millions que Desjardins a consenti à Kinder Morgan Canada, dont le projet Trans Mountain suscite une contestation dans la société civile, notamment chez les Premières Nations, et cause un bras de fer politique entre Ottawa et la Colombie-Britannique.


Nouvelles règles


Desjardins a dévoilé au mois de décembre des « pratiques concrètes » face à l’enjeu des changements climatiques, dont le désir de réduire l’empreinte carbone de ses fonds propres investis de sorte qu’elle soit de 25 % inférieure à celle des indices boursiers et obligataires. C’est alors que le Mouvement a aussi évoqué l’application de « critères d’autorisation » sur les facteurs de risques ESG pour ses décisions d’affaires.


Invité à dire si ces critères empêcheraient de prêter à Kinder Morgan Canada, M. Cormier a dit qu’il « ne peut pas refaire le passé nécessairement » et que Desjardins « honore ses engagements ». « Si on introduisait ces nouveaux critères-là, est-ce que la décision aurait été la même, je ne peux pas vous dire oui ou vous dire non. Mais très certainement, ils auraient mené une analyse de l’autorisation qu’on a donnée. »


M. Cormier a dit que les critères permettront « d’avoir toute cette sensibilité-là et de prendre les meilleures décisions » sur les investissements ayant une dimension énergétique. Le Mouvement Desjardins contribue à la transition énergétique, a-t-il ajouté. « C’est un dossier qui est éminemment complexe. Et nos membres, globalement, comprennent très bien la position et le leadership de Desjardins. »


Lors d’une période de questions à la fin de l’allocution, M. Cormier a fait face à deux personnes venues lui parler de Kinder Morgan. « Comment réagissez-vous aux demandes de vos membres ? » a dit Isabelle L’Héritier, qui s’est présentée comme membre de la Caisse d’économie solidaire. Le président a répondu que les 35 caisses « représentent moins de 10 % de notre réseau ».


Services financiers en région


Par ailleurs, le Mouvement Desjardins sera à l’Assemblée nationale lundi prochain pour participer à la Commission de l’aménagement du territoire, qui se penche sur l’« accès aux services financiers de proximité en région ». Les fermetures de succursales ont suscité un certain mécontentement au cours des dernières années, tout comme le retrait de guichets automatiques.


Le Mouvement Desjardins a annoncé le mois dernier un projet-pilote avec la Fédération des municipalités du Québec afin de permettre l’installation de petits guichets pour que les gens puissent effectuer des retraits d’argent comptant. Le coût des guichets, fournis par un tiers, sera couvert par Desjardins. Après un an, les villes devront décider de les garder à leurs propres frais ou de s’en départir.


« Le message qu’on va passer aux parlementaires, c’est que Desjardins est très présent dans le milieu, a dit M. Cormier. Mais cette implication évolue avec le temps, parce que la société a évolué. »


> La suite sur Le Devoir.



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