Déclarations de messieurs Tremblay et Lepage

2006 textes seuls


Messieurs Tremblay et Lepage se préoccupent du sexe de la mouche ! La souveraineté d'un État impose de vivre selon nos moyens, et avoir les moyens de nos ambitions, avec les sacrifices et obligations qui s'y rattachent, pas plus ni moins, comme cela l'exige de toutes sociétés «matures». L'essor culturel et économique est indissociable.
J'aimerais bien que ces messieurs nous éclairent davantage sur leurs pensées, car les médias font souvent des choux gras à partir de phrases isolées. Leur soutien à la souveraineté n'a pas changé, dit-on ? Alors en quoi rime tout ce débat ? Faut-il que les souverainistes soient tous dans le même autobus menant à l'indépendance ? Certains «priorisent» l'aspect distinct de notre culture et le principe de l'État-nation ! D'autres sont convaincus que le fédéralisme canadien appauvrit le Québec économiquement !
D'autres préfèrent voir le Québec tout rapatrier et tout décider, peu importe s'il y a un prix à payer ou non ! D'autres sont peut-être souverainistes par anglophobie .... et bien d'autres motivations distinctes ou combinées, que la démocratie permet, sans être obligé de le justifier publiquement. Vouloir identifier une motivation maîtresse, divise les forces souverainistes, joue en faveur du statu quo et des fédéralistes purs et durs, lesquels ont déjà épluché quelques carottes électorales ou référendaires afin d'éviter un débat de fond.
La cause de l'indépendance est née de la constatation que nous étions mal servis dans le fédéralisme canadien, sur le plan économique et culturel. Rien de plus rien de moins ! Aujourd'hui, le statu quo constitutionnel nous dirige inévitablement vers la fin du Canada tel que nous le connaissons. Les politiciens fédéralistes sont coincés de toutes parts, confrontés à l'extinction graduelle de leur idéologie, parce qu'elle n'est plus vendable dans les provinces les mieux nanties, et jugée insuffisante chez les «have not provinces».
Ajoutez à ce dilemme le non respect des droits inhérents au statut du Québec comme peuple distinct, et la table est mise pour la partition, puisque le ROC n'acceptera jamais un statut d'égal à égal. Le ROC a déjà fait son nid, et sa stratégie consiste à étirer la sauce et affaiblir la ténacité des Québécois jusqu'à la toute fin. C'est exactement ce qui se passe présentement.
Alors , au lieu de critiquer la posture des souverainistes, Messieurs Tremblay et Lepage auraient mieux fait de prédire le cul de sac à l'horizon. Cela aurait eu le mérite de sensibiliser de front les deux camps et d'alimenter le débat de fond. M. Bernard Landry s'attendait à beaucoup mieux de ces deux artistes, «brillants et visionnaires», et bien au parfum des enjeux et des stratégies politiques. Ils ont choisi la critique facile, un réflexe trop commun chez certains ex-colonisés qui vivent maintenant dans un tout autre monde, et qui n'ont plus rien à cirer des valeurs qui furent à l'origine de leurs succès.
Raymond Turenne
_ Prévost


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