Dans un article publié dans Le Devoir du 14 avril, Claude Montmarquette, Joseph Facal et Lise Lachapelle prétendent dégonfler certains mythes à propos de la tarification des services. Ils n'arrivent qu'à en créer de nouveaux, nettement plus vains et creux que ceux qu'ils croient dénoncer.
Ils affirment que la «culture de la gratuité» débouche sur «le gaspillage et l'irresponsabilité». Voilà une vision simpliste contredite par de nombreux faits. Les individus, par exemple, ont toujours payé leur consommation de pétrole, ce qui n'a jamais empêché le gaspillage éhonté de l'essence par la multiplication des 4X4 et autres véhicules énergivores et par une utilisation excessive et irresponsable de l'automobile.
Les études faites sur les compteurs d'eau démontrent que la consommation d'eau ne diminue en rien si les gens paient selon la quantité d'eau qu'ils utilisent. Quant au paiement à l'acte en santé, il peut avoir des conséquences nocives: des gens retardent leur visite chez le médecin lorsqu'ils ont de légers symptômes parce qu'ils ne veulent pas payer; lorsqu'ils se décident enfin à consulter, la maladie est beaucoup plus avancée et coûte beaucoup plus cher à soigner.
La tarification à l'acte, au contraire, encourage la désolidarisation et crée aussi une tout autre forme d'irresponsabilité: si on poursuit selon la logique de la tarification, l'individu riche, en santé et sans enfants n'aurait rien à payer pour la santé et l'éducation, qui sont pourtant l'affaire de tous. Est-ce vraiment ce qui est souhaitable? De plus, la tarification développe une mentalité de consommateur dans les services essentiels, selon laquelle celui qui paye davantage a droit à plus. Mais il faut surtout voir, derrière les pressions pour tarifer les services, une volonté de transformer en marchandises la totalité des services afin de préparer le public à d'éventuelles privatisations dont profiteront de très grandes entreprises mais pas la très grande majorité des citoyens. Un véritable impôt progressif sur le revenu reste un moyen beaucoup plus équitable de financer les services publics.
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Claude Vaillancourt, Montréal
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