Un vieux débat

Rapport Montmarquette



Il ne faut jamais sous-estimer la capacité de procrastination des politiciens devant les décisions difficiles. La grande réforme tarifaire proposée dans le rapport Montmarquette ne verra pas le jour de sitôt. Elle ne fera qu'alimenter un débat dont les principales données sont connues depuis longtemps et sur lequel les gouvernements ont beaucoup de mal à bouger. On l'a vu au dernier conseil national du PQ : même Pauline Marois, pourtant favorable au dégel des drotis de scolarité, a dû battre en retraite devant son aile jeunesse, qui a réclamé que l'on gèle ces droits jusqu'à la tenue d'un sommet sur le sujet. En fait, la grande utilité du rapport Montmarquette sera de nous faire comprendre le contexte des hausses de tarifs que le gouvernement devra nécessairement décréter pour assurer le maintien des services publics et équilibrer son budget. C'est un exercice pédagogique.
Il y a déjà plusieurs années que les experts des finances publiques et les observateurs de la scène politique s'entendent pour dire que le gel des droits de scolarité, des frais de garderies ou des tarifs d'électricité a été une erreur. Le simple fait de ne pas indexer les coûts de ces services a fait que les organismes et les institutions responsables ont vu leurs ressources financières diminuer d'année en année. Il leur a fallu couper dans la qualité et quémander une plus grande participation financière du gouvernement, donc des contribuables. La pression sur les finances publiques a fait qu'on a procédé à des hausses de tarifs, mais à petits pas, et de façon un peu hypocrite, notamment dans le cas de l'électricité.
Le mérite du rapport Montmarquette est de nous démontrer que les tarifs payés par les Québécois sont beaucoup moins chers qu'ailleurs, et qu'ils sont parfois cause de gaspillage. Il montre également que les tarifs à rabais accordés par exemple au niveau universitaire sont une source d'iniquité : les enfants des classes favorisées sont plus nombreux à en profiter puisqu'ils ont plus de chance de faire des études post-secondaires.
Les Québécois se sont longtemps consolés devant leurs impôts élevés, en se laissant dire qu'ils payaient leurs services publics moins cher que dans les autres provinces. Mais depuis que le gouvernement Charest a baissé les impôts pour nous rapprocher de la moyenne canadienne, il a besoin de revenus et se sent autorisé à ramener nos tarifs plus près de cette même moyenne canadienne. C'est le changement auquel nous convient Claude Montmarquette, Joseph Facal et Lise Lachapelle. Il est malheureux, compte tenu de la difficulté d'un tel exercice, que les auteurs du rapport n'aient consulté que des gens favorables à leur thèse, soit la ministre des Finances, ses fonctionnaires et ceux des Transports, le maire de Laval et la directrice par intérim de l'Union des municipalités.
Interrogé hier à ce sujet, M. Montmarquette a soutenu qu'il avait reçu beaucoup de communications de l'extérieur et promis d'en fournir la liste. En fin d'après-midi, les fonctionnaires ont dû reconnaître qu'une telle liste n'existait pas. C'est dommage. On veut bien croire que l'opinion du maire de Laval est importante, mais le rapport Montmarquette aurait gagné en crédibilité si ses auteurs, plus associés aux lucides qu'aux solidaires, avaient pris la peine d'analyser froidement les objections que les politiciens ne tarderont pas à recevoir dans le débat sur la tarification.
On peut déjà prédire un accueil plutôt froid à ce rapport du côté du PQ et de la social-démocratie. Au fond, c'est dans le camp de l'ADQ que la balle a été lancée. Le silence observé hier par ses ténors était révélateur des risques politiques d'un appui à Montmarquette. C'est à suivre.
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