Quand la rectitude devient censure

De la résistance à l’indépendance

Chronique de Louis Lapointe

J’ouvre rarement la télévision sur l’heure du midi. J’y ai vu aujourd'hui, à RDI, un spectacle désolant animé par Simon Durivage, pendant lequel l’ineffable Lisa Frulla et la pasionaria de l’ADQ, Marie Grégoire, faisaient le procès de Gilles Duceppe parce qu’il avait osé dire que les indépendantistes du Bloc québécois étaient des résistants. En se qualifiant ainsi, les indépendantistes induiraient que les fédéralistes sont des nazis.
Si on suit cette logique, le corollaire de cette affirmation ferait probablement de ces deux ex des collabos, puisqu’elles ont volontairement adopté le credo fédéraliste de ceux que Gilles Duceppe accuserait indirectement d’être des nazis en prétendant que les membres du Bloc sont des résistants. Beau procès d'intentions!
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Reprocher à un chef de parti d’utiliser le mot « résistant », comme l'a fait Lawrence Cannon, un ministre qui a déjà dit que l'indépendance que propose le Bloc Québécois était la plus grande menace à la sécurité du Canada, m’a aussitôt fait penser à ce film de François Truffaut, « Fahrenheit 451 », dans lequel la police brûlait tous les livres, comme ce fût le cas en Allemagne nazie où, parce que certaines idées étaient proscrites, on voulait, de cette façon, les effacer de la mémoire collective.
Le mot résistant n'y était pas bien vu non plus, puisque les nazis, comme nos conquérants, se percevaient comme des libérateurs. Une idée que le régime conservateur de Stephen Harper a essayé de propager à Québec à l'occasion des fêtes du 400e de la fondation du «Canada».
Comme les nazis en Europe, les conservateurs ont tenté de réécrire l'Histoire en prétendant que Samuel de Champlain avait été le premier gouverneur général du Canada et que les Anglais nous avaient libérés des Français en 1760.
Le mot résistant réfère à une autre vision du Canada que partagent tous les indépendantistes québécois. À moins de méconnaître volontairement son histoire, tout le monde sait que la Nouvelle-France a été conquise par les Anglais et que le Québec est en perpétuel état de résistance depuis qu’il a été envahi en 1760, comme la France l’a été par les nazis en 1940.
À l'image de la France, nos patriotes ont été exécutés par l'occupant afin de nous dissuader d'exercer toute forme de résistance. Un monument nous le rappelle au Pied-du-courant.
Bien sûr, les conservateurs ne sont pas des nazis, mais en quoi cela empêche-t-il le mouvement souverainiste de se qualifier de résistant?
Pendant que la Chine interdit le mot « démocratie » sur Google et les moteurs de recherche chinois, le Parti conservateur canadien, avec la collaboration de fédéralistes de tout acabit, reproche aux indépendantistes québécois d’utiliser le mot « résistant ».
Comment appelle-t-on un gouvernement dont les ministres prétendent que des députés démocratiquement élus coûteraient trop cher comme l'a fait Michael Fortier aux dernières élections fédérales? Il n'y a que dans les états totalitaires où la démocratie coûte trop cher!
Si les conservateurs ont déjà prouvé par le passé qu’ils pouvaient avoir un comportement tout aussi antidémocratique que celui de leurs prédécesseurs, leur dernière sortie contre Gilles Duceppe, en raison du fait qu’il a utilisé le mot « résistant », relève cette fois-ci de la censure, la même qui a existé au Québec après la conquête, de 1760 à 1960.
S’il a fallu une révolution tranquille pour se débarrasser du régime de Duplessis, que faudra-t-il pour nous libérer de la censure que veulent à nouveau nous imposer nos adversaires fédéralistes?
La libération!
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Billet précédent: Le paradoxe de Bellemare

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2010

    « Ce ne sont pas ceux qui infligent le plus de souffrances qui triomphent, mais ceux qui en endurent le plus. » – Terence McSwiney, mort des suites d’une grève de la faim en 1920, durant la guerre d’indépendance en Irlande.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2010

    Vous allez peut-être pas me croire mais j’en suis habitué, puisque je me bats depuis des années, ne serait-ce que pour être entendu.
    Les québécois seront toujours différents de nature ou quant à leurs valeurs. Ils ont accès aux dernières technologies (satellites + informatique).
    Ce sont elles qui leur permettront de tout réaliser ce qu’ils désirent La peur aura quitté les esprits et tout, ou presque, leurs sera permis.
    Imaginer seulement pouvoir couper certains coûts par 3 ou 4, favoriser l’amélioration des connaissances dans maints secteurs ou pouvoir localiser tout point d’observation comprenant de multiples variables chacune à l’intérieur de certaines limites.

    2010-03-24 Michel Thibault

  • Archives de Vigile Répondre

    23 mars 2010

    Le «mouvement de résistance indépendantiste québécois» doit gagner en vigueur et s'amplifier. Si le mot résistance fait peur au fédéralistes canadiens, tant pis pour eux. S'ils ont peur de leur ombre ce ne sont pas nos problèmes.
    Vive la résistance québécoise!
    Jacques L. (Trois-Rivières)