Chronique du dimanche - Pierre-Luc Bégin

De la résistance

Projet d'Indépendance - un état des lieux automne 2011


Fréquemment, les fédéralistes purs et durs nous accusent de galvauder le terme de « résistance » pour nommer notre lutte. Dans la tête de ces gens, plus souvent qu’autrement repus de pouvoir ou d’argent sale (sinon imbibés de naïveté), il est impensable que les Québécois doivent résister à quoi que ce soit. Ne vivons-nous pas dans « le plusse meilleur pays du monde »?, osent-ils nous dire… Des farceurs, comme disait Michel Chartrand.
Or, il me semble que plus que jamais le Québec est entré dans une phase de résistance. Le Québec libre subit de tels assauts que seule sa capacité de résistance lui permettra d’assurer la survie puis le développement de notre nation. D’abord résister, donc, ensuite s’organiser et finalement passer à l’offensive pour construire une société libre et indépendante. Pas un paradis terrestre, mais un pays qui nous ressemble et qui nous appartient. « Mais résistez à quoi? », disent ces fédéralistes englués dans la pensée courte ou tout simplement collabos de bas étage…
Résister à l’anglicisation de plus en plus marquée de notre métropole et donc du Québec, une tendance confirmée même par les spécialistes les plus jovialistes. La situation est grave, il faut agir prestement.
Résister à la perte de pouvoir politique du Québec, alors que le gouvernement d’Ottawa agit plus que jamais de manière unilatérale et centralisatrice. Il peut se faire élire et gouverner sans les voix du Québec, pourquoi alors s’en soucier? Avec le déclin continu du poids démographique du Québec au sein du Canada, notre marginalisation est depuis longtemps amorcée et elle entre dans une phase critique.
Résister au vol de nos ressources naturelles, pillées par des compagnies privées essentiellement étrangères, et ce, avec la collaboration active d’un gouvernement qui n’a cure des intérêts du peuple québécois, le véritable propriétaire de ce pays.
Résister à la corruption et au détournement de nos impôts à l’heure où le Parti libéral ressemble plus que jamais à une association de malfaiteurs qui a fait main basse sur notre État pour favoriser la famille libérale.
Résister au cynisme de ceux qui, pour favoriser le statu quo, disent que tout sera toujours pourri, que rien ne peut changer, qu’il faudrait donc accepter que c’est ça, la politique. Non!
Résister aux médias-menteurs qui forment et désinforment les citoyens, des médias au service des corporations et des États qui les financent. Et qui finance, bien sûr, contrôle : il faut vraiment être bête comme un âne pour croire à l’objectivité journalistique.
Résister au confort et à l’indifférence, à la démission et à l’écrasement. Donc s’engager tout entier malgré ceux qui pensent qu’une lutte politique pour la libération nationale est chose facile, un loisir que l’on peut abandonner à la moindre difficulté.
Résister au rouleau compresseur de la culture anglo-saxonne qui a réussi à faire croire à beaucoup de nos compatriotes que la culture québécoise est ringarde et folklorique.
Résister à un gouvernement canadian monarchiste plus que jamais et qui nous impose le culte de la personnalité de Sa Majesté la Reine d’Angleterre, une ordure qui jamais ne s’excusera des atrocités commises par sa couronne ici, en Irlande, en Afrique, en Asie, partout.
Résister à ceux parmi les indépendantistes qui croient qu’en devenant plus fédéralistes… les fédéralistes vont devenir plus indépendantistes! Non, mais!
J’en passe, et des meilleurs.
Oui, les Québécois désireux d’un Québec libre sont à l’ère de la résistance. Aucun mot ne me paraît plus juste. Résister maintenant pour vaincre demain. Nous n’avons même pas le choix. En effet, face à la résistance, qu’y a-t-il d’autre? La reddition? C’est non. Jamais! Et ne rien faire, accepter le statu quo, c’est aussi se rendre, c’est aussi se mettre à genoux.
À la face de l’Histoire, dans cinquante ou cent ans, on reconnaîtra ceux qui ont accepté la reddition et ceux qui ont préféré résister et se battre. Chacun sera responsable de ce que sera devenu le Québec. Personnellement. Aurons-nous remporté la bataille? Je l’ignore, mais j’ai confiance et je sais une chose : moi, je vais me battre. Mes descendants n’auront pas à rougir de mon abandon. Il n’arrivera jamais.
Manichéisme, vous dites? Faites-moi rire… Entre vivre debout et vivre à genoux, quelle est la « troisième voie », Monsieur Legault?… On ne tient pas longtemps prostrés, la tête entre les jambes et le dos courbé. Soit on relève la tête, soit on s’écrase.
Levez la tête, mes frères, mes sœurs.


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