L'indépendance

Par césarienne...

Projet d'Indépendance - un état des lieux automne 2011

Madame Hébert,
Je ne prétendrai pas répondre à votre question parce que je marche dans le noir au moins autant que vous.
Indépendamment (sans jeu de mots) de l’objectif final que nous visons tous et, avant tout, compte tenu du gouvernement catastrophique dont nous sommes affligés depuis huit ans, il va de soi que, toutes choses égales par ailleurs (et seulement à cette condition), s’il fallait qu’ait lieu une élection au Québec dans les prochains mois, même les chats et les poteaux de téléphone auraient intérêt à ne pas réélire le Voldemort actuellement au pouvoir. Ne disposant pas de la baguette magique nécessaire, la seule alternative demeurerait le Parti québécois, à moins de vouloir remettre ça avec les CAQueteurs de Legault-Sirois, autre avatar de l’oligarchie nord-américaine aussi dangereux que le Parti dit libéral. Non que le PQ serait nécessairement beaucoup mieux, mais, entre trois maux, il faut choisir le moindre. La politique du pire n’a jamais été une stratégie payante, nulle part, seulement une fuite en avant, même lorsqu’on est un indépendantiste tombé dans la marmite lorsqu’il était petit.
Je suis même prêt à concéder que, après tout, peut-être (en violentant beaucoup ma nature critique) le PQ et son chef disposent-ils d’une stratégie géniale dont ils taisent le secret, même si me trottent dans la tête des paroles entendues ailleurs : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». C’est vous dire que mon vote serait celui de la résignation à une fatalité que j’espère, de tout mon coeur, temporaire. S’il fallait que, une fois au pouvoir (avènement sur lequel je ne suis pas sûr que « Nick the Greek would put an odd »), le PQ soit ce qu’il paraît bien être présentement aux yeux de beaucoup, il faudrait alors, de toute urgence, jeter les tabous aux orties et en appeler à un gouvernement de salut public, peut-être même formé, ce que je ne souhaite pas, par la rue : il y a un palier en-deçà duquel nous ne pouvons nous permettre, en tant que nation, de descendre, sauf à accepter notre défaite automatique et définitive à moyen terme. Et pourtant, je n’ai aucune disposition au catastrophisme, sauf pendant une dizaine de minutes chaque matin ; ça disparaît après une bonne douche.
Ma seule inquiétude, c’est de ne pas être certain que les Québécois puissent encore, collectivement, se rendre compte qu’ils dansent sur un volcan et agissent alors en conséquence. Je ne les condamne pas : lorsque je réalise la cacophonie qui sévit actuellement, et depuis des années, même entre les patriotes les plus ardents (et volubiles) qu’on peut lire dans Vigile ou entendre ailleurs, je commence à comprendre le citoyen moyen de voter parfois avec ses pieds. Pourquoi accorderait-il sa confiance à des troupes où presque chacun, lorsqu’il ne s’écrase pas devant la technocratie péquiste, concocte sa petite recette magique exclusive pour assurer, jure-t-il et, encore pire, croit-il, des lendemains qui chantent ? Je sais : presque tout ce monde appelle sincèrement à l’union des indépendantistes, mais à la condition que cela se fasse selon son plan. Tant que nous en resterons là, cette union demeurera un foetus en très grand danger de ne pas naître à moins d’une césarienne.


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