Coalition pour une liberté restreinte

Tribune libre - 2007

Le 15 septembre, Vigile reproduit un article, publié dans Canoë le 12
courant, où la [Coalition pour la Liberté en Éducation->8892] accole deux
assertions pour le moins contradictoires en contexte québécois.
La première: «Quand un établissement scolaire a une majorité d'enfants
d'une même religion, nous voulons que l'école puisse organiser un cours
supervisé par des autorités compétentes dans la religion en question». Au
Québec, du moins dans le réseau public, une majorité d'enfants d'une même
religion, cela désigne à toutes fins utiles des catholiques ou des
protestants, bien qu'il existe plusieurs dénominations protestantes. Vous
en connaissez beaucoup, vous, des écoles publiques qui comptent une
majorité d'élèves musulmans, bouddhistes ou d'une autre religion?
La deuxième: «Chaque enfant doit d'abord s'identifier à une religion et
apprendre à la connaître avant d'apprendre à connaître toutes les
religions». Alors, si cette seconde assertion traduit vraiment la pensée
de la coalition, comment la concilier avec la première qui, de toute
évidence, ne peut s'appliquer qu'aux seuls enfants chrétiens? Mauvais
raisonnement ou simplement tactique faussement oecuménique pour donner
bonne bouche? On se rappelle à quoi a pu servir, par exemple, ce bijou
fédéral: «... là où le nombre le justifie».
Évidemment, dans n'importe quel domaine touchant la sphère publique, la
rectitude politique apparente incite à émailler le discours d'intentions en
principe universalistes lorsqu'on veut promouvoir les intérêts d'un groupe
particulier.
Sur le plan personnel, je n'ai rien contre l'enseignement d'une religion
quelconque, au contraire, mais hors de l'école, et je n'aime pas les
tentatives hypocrites de re-catholiciser le système d'enseignement.
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 septembre 2007

    Quand vos arguments se retournent contre vous!
    Avant de démonter votre argument principal sous-jacent, examinons certaines assertions de votre texte.
    Premièrement, le terme « là où le nombre le justifie » ne signifie pas un nombre d’étudiants en fonction d’une école dans sa totalité, et encore moins d’une commission scolaire, mais plutôt un nombre d’étudiants en fonction d’une seule classe rentable administrativement. En effet, cette « définition » est directement issue du principe de rentabilité administrative d’une classe dans une école donnée. En tant qu’enseignant depuis 1996, et coordonnateur de département, j’ai œuvré dans plusieurs commissions scolaires et j’ai assisté à beaucoup de réalités pécuniaires différentes. J’ai aussi maints amis enseignants disséminés sur tout le territoire de la province qui confirment d’emblée mes observations.
    Il est nécessaire pour tous contribuables, de savoir qu’une classe rentable moyenne au Québec (3e cycle primaire et plus), est constituée de 17 étudiants. C’est-à-dire qu’avec ce nombre, la direction n’a pas à piger dans d’autres budgets pour rentabiliser cette classe peu nombreuse*. Dans certaines commissions scolaires, par exemple Beauce-Etchemin, il a existé une classe de 9 élèves en 2006-2007, et cela sans que l’école en question éprouve de problème financier (le pourcentage de la ponction administrative varie de 15 % à 28 %, selon les écoles). Cela ne veut pas dire que toutes les classes doivent être peu populeuses à ce point, cela veut simplement dire qu’il y a largement de la place pour des accommodements administratifs raisonnables, comme cela se fait régulièrement au Québec depuis des décennies. Par ailleurs, j’ai assisté à un autre extrême dans une autre commission scolaire, immédiatement à l'ouest de Québec, (vu le ratio très élevé de cadres, versus le nombre de professeurs et d’étudiants), où le seuil de rentabilité était beaucoup plus élevé que la moyenne provinciale de 17 étudiants par classe, soit environ de 21 étudiants.

    Donc, à partir du moment où on peut combler une seule classe rentable, la condition écrite, « là où le nombre le justifie » est totalement satisfaite. D’ailleurs, en Belgique, c’est ce principe qui est appliqué dans les écoles publiques. Les communautés religieuses peuvent, gratuitement, y utiliser un temps hebdomadaire pour présenter leur programme… et très souvent dans des classes de moins de 9 étudiants (surtout sikh et islamique). Donc, l’argument que vous utilisez qui consiste à affirmer que seuls les catholiques et les protestants sont privilégiés dans un tel cas, est strictement faux!

    Votre deuxième argument est basé sur le premier. Je vous cite : « … comment concilier la deuxième assertion de la coalition avec la première qui, de toute évidence, ne peut s’appliquer qu’aux seuls enfants chrétiens? Mauvais raisonnement ou simplement tactique faussement œcuménique pour donner bonne bouche?» (Chaque enfant doit d’abord s’identifier à une religion et apprendre à la connaître avant d’apprendre à connaître toutes les religions!)

    Étant donné que le premier argument est faux, et trop souvent basé sur une généralisation véhiculée par quelques laïcistes et certains médias peu scrupuleux de la qualité de l’information qu’ils transmettent, il en découle indubitablement que votre deuxième argument s’effondre, puisqu’il repose entièrement, selon votre propre texte, sur le premier argument.

    Maintenant, je crois que nous nous comprenons suffisamment bien pour avouer que votre argument principal, qui est sous-jacent à vos deux assertions, ne repose pas sur ce que vous dénoncez comme étant un sophisme de la coalition, mais plutôt sur le fait que vous désirez simplement abolir la LIBERTÉ DE CONSCIENCE… Liberté de conscience qui, je le souligne, est garantie par toutes les Chartes des pays occidentaux et de l’O.N.U.

    Vous réclamez la laïcisation mur à mur, pour supposément respecter la liberté de quelques minorités (qui ne réclament rien de tel, soit dit en passant), mais en ce faisant vous condamnez à la non-liberté 83 % de la population (qui paie aussi taxes et impôts) en enlevant à cette vaste majorité la liberté de choix. Vous refusez d’admettre publiquement qu’aucune de vos libertés n’est brimée, en tant que laïcistes, lorsque des groupes religieux suivent leurs propres formations religieuses dans leurs propres classes indépendamment de vos enfants. Vous savez hors de tout doute qu’aucune de vos libertés n’est brimée lorsqu’un groupe culturel ou religieux a un enseignement particulier touchant leur culture dans leur classe. Il ne s’agit nullement ici de re-catholiser les C.S. ou le système d’enseignement, et vous le savez pertinemment! Je n’imagine pas un seul instant que vous ignoriez qu’avec une liberté de choix de cours, vous puissiez participer à ceux qui vous satisfont dans vos croyances. Dans votre grande pureté laïciste, pour ne pas dire votre intégrisme — qui s’apparente plus à un néo-eugénisme social — vous vous placez au dessus de la volonté de la majorité en prétextant servir la liberté dont vous détruisez l’essence même.

    Je ne peux concevoir qu’un homme, qui sait manier la logique, puisse ne pas voir l’énorme sophisme, l’énorme injustice dont est victime une vaste majorité de la population! Je ne peux concevoir qu’un véritable démocrate soit contre le principe de « cours à la carte », comme cela se fait dans de multiples pays (et comme cela se faisait au Québec que je connaissais, le Québec d’avant la réforme Marois). Je ne peux croire que vous n’adhériez pas au principe de la liberté fondamentale de conscience pour la majorité puisque c’est de cette liberté de conscience que vous tirez vos arguments pour des minorités qui, de surcroit, n’exigent rien de ce que vous proposez. Bref! Je ne peux envisager un seul instant que des gens intelligents utilisent les mêmes sophismes que ceux qu’ils dénoncent et attribuent faussement aux personnes croyantes.

    Je déclare donc qu’en imposant qu’un seul choix de cours, cours qui propose de modifier un ou des choix de conscience, (contrairement, par exemple, aux mathématiques qui sont un langage universel) soit Éthique et culture religieuse, que l’on viole mes droits constitutionnels et onusiens, en vertu de ma liberté de conscience.
    Christian Duchesne
    C.P. 81303
    Succ. Loretteville
    Québec (Québec)
    G2B 3W7
    christianami@videotron.ca
    *À moins que ce ne soit une classe E.D.A., (classe d’élèves en difficultés d’apprentissage)

  • Archives de Vigile Répondre

    18 septembre 2007

    Petite correction.
    J'ai attribué à M. Poulin (que je ne connais pas) des propos de M. Jean-René Philibert (que je ne connais pas plus). C'est une erreur de ma part.
    C'est bien M. Jean-René Philibert qui aurait dit « Quand un établissement scolaire a une majorité d’enfants d’une même religion, nous voulons que l’école puisse organiser un cours supervisé par des autorités compétentes dans la religion en question » et c'est bien les extrapolations osées de M. Poulin que je critiquais.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 septembre 2007

    M. Poulin, vous dites: "Mauvais raisonnement ou simplement tactique faussement oecuménique pour donner bonne bouche...., et je n’aime pas les tentatives hypocrites de re-catholiciser le système d’enseignement."
    Que faites-vous des tentatives hypocrites de laïciser et athéiser les Québecois? Que certains fonctionnaires ont imposés leur idéologies à l'ensemble des contribuables? Au nom de quel groupe parlez-vous? De quelle courant de pensée faites-vous parti? En plus, vous avouez qu'on a décatholisé notre système d'enseignements, mais pourquoi avoir fait celà et au profit de qui? Qui a voulu la décatholisation de nos institutions, qui sont-ils et comment celà a pu être fait? Est-ce une minorité de personne qui agit au détriment de la majorité?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 septembre 2007

    Quelques éléments de réponse rapides :
    1) Admettons que M. Poulin ait bien dit
    « Quand un établissement scolaire a une majorité d’enfants d’une même religion, nous voulons que l’école puisse organiser un cours supervisé par des autorités compétentes dans la religion en question »
    Ce qui n'est pas évident quand on lit ce que cette Coalition a déjà écrit et comment leur propos sont parfois déformés, voir :
    http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2007/09/lcole-et-la-1-re-runion-de-la.html
    a) Il peut s'agir d'un lapsus, ça ne change rien à ce qui est écrit par ailleurs : la liberté de choix en matière religieuse doit primer. J'ajoute que pour moi le programme d'éthique et de culture religieuse est un programme religieux (relativiste) qui doit plaire à la plupart des adultes agnostiques ou athées.
    b) «cela désigne à toutes fins utiles des catholiques ou des protestants, bien qu’il existe plusieurs dénominations protestantes. »
    Même si on admet que M. Poulin a dit ce que rapporte le journaliste, ceci est faux : il existe des écoles juives, il peut en exister des musulmanes, des orthodoxes (arméniennes), etc.
    2) Le reste de l'intervention qui est bâti sur une prétendue contradiction entre la première assertion et « « Chaque enfant doit d’abord s’identifier à une religion et apprendre à la connaître avant d’apprendre à connaître toutes les religions » est vaseuse et sans aucun fondement :
    a) Puisque « Alors, si cette seconde assertion traduit vraiment la pensée de la coalition, comment la concilier avec la première qui, de toute évidence, ne peut s’appliquer qu’aux seuls enfants chrétiens ? » est manifestement faux (juifs, musulmans, orthodoxes arméniens ou grecs, etc.).
    b) la seule condition REÉLLEMENT mentionnée par écrit par cette coalition (voir pointeur précédent) est celle du nombre qui justifierait la mise en place d'un cours séparé, sans spécifié ce nombre. C'est un argument d'ordre pratique déjà utilisé dans d'autres domaines juridiques comme le droit linguistique par exemple. Il y a des limites financières et d'espace (combien de classes?) à tout accommodement et à tout choix (toutes les écoles n'offrent pas les toutes les mêmes options scolaires par exemple). La Coalition ne précise par ce nombre, le gouvernement ne devrait d'ailleurs pas le faire non plus et il devrait appliquer le principe de subsidiarité : le laisser aux commissions scolaires ou les écoles, enfin certainement ni le gouvernement ni les commissions scolaires pour les écoles qu'on prétend privées aujourd'hui.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2007

    Je voudrais remercier encore une fois Vigile pour son ouverture au "vrai débat", et sincèrement, ce ne sont pas là de basses flatteries.
    On a désespérément besoin de se parler pour le vrai et de se dire les "vraies affaires". Et les « commissions sur les accommodements », raisonnables ou pas, ressemblent de plus en plus à des soliloques d’une caste qui ne tolère pas que le peuple ait des réticences…
    Ceci dit, je ne vise pas à écorcher MM Poulin et Bergeron par une certaine dissension ici. Je les remercie de prendre le temps de faire connaître leur position et apprécie qu’ils continuent de le faire.
    Je pense que les mots "religion" et "laïcité", au centre du débat, peuvent porter eux-mêmes au dérapage, de même que des expressions telle que "sectes" ou "ministres habilités".
    Je suis protestant (francophone, ça existe...) et une des bases du protestantisme est la liberté personnelle et la responsabilité individuelle du croyant vis à vis sa foi, sa pratique et ...Dieu (...j'ose écrire ce mot qui en irrite plus d'un et ne renvoie qu'à une illusion psychotique pour bien d'autres, ...dont je fus allégrement à une certaine époque).
    Bref, ...les "ministres habilités" peuvent aller se rhabiller ! Chacun est responsable de discerner le vrai du faux et responsable des actions qu'il posera en conséquences. Et je ne suis JAMAIS rassuré quand un "guru" dicte au peuple ce qu'est la "bonne religion". Qu'il soit habillé en Cardinal, en sarreau blanc avec un « pompon » extra-terrestre ou ...en fonctionnaire du MEQ!
    Le fameux "programme neutre", en version préliminaire toutefois, sur la culture religieuse a un effet clair : relativiser, voire marginaliser toute foi religieuse, en particulier la plus répandue ici (le christianisme…). Dans la mesure où on met sur un pied d'égalité, « a priori », n’importe quel dogme, superstition ou mythe, on assimile tout cela à de la bouillie pour les chats et le "bon prof" devient LE GURU qui va permettre aux jeunes du primaires de se « démêler », …de développer la bonne attitude (...méfiance (?), irritation, mépris) vis à vis les croyances qu'on voudrait leur inculquer, …à la maison ou ailleurs.
    Parce qu'en bout de ligne, le seul message émis dans un tel cadre c'est que, prenant un recul marqué (analyse critique) vis à vis toutes formes de croyances en les assimilant automatiquement l'une à l'autre (sous le prétexte du "respect de toutes les croyances"), personne n'en a besoin EN RÉALITÉ. Ni d’une, ni de l’autre… Les invraisemblances de l’une sont donc celles de toutes les autres, …de toute évidence !
    Je ne blâme personne qui a cette conviction ET l'enseigne ... en autant qu'il reconnaissance lui-même que c'est une conviction, ...donc une croyance personnelle. Mais faire passer ça pour une évidence indiscutable, …no way!
    En anthropologie et en sciences sociales il y a un débat qui fait rage depuis assez longtemps sur ce qu'est réellement une « religion ». Plusieurs acceptent ou considèrent la notion que plusieurs systèmes idéologiques qui circulent dans des sociétés comme la nôtre sont en fait des "religions fonctionnelles", entre autres parce qu'elles proposent une vision du monde, un système de valeurs et des arguments, pas tous évidents ou vérifiables par le commun des mortels, pour appuyer ces derniers. Des actions qui étaient motivées autrefois par une "religion" dans le passé sont maintenant motivées par d’autres corpus de "convictions" qui finalement ...sont une religion ou en font office. ...ce fameux "ciment" qui lie les composantes d'une société et lui permet de fonctionner en synergie et/ou de prendre une direction.
    Maintenant, si le programme de « culture des religions » du MEQ était optionnel et monté pour se donner en 1 ou 2 années scolaires, je crois que je serais le premier à le recommander aux parents au moment qu’ils jugeraient opportun, fin du primaire ou quelque part au secondaire. Mais asséner pendant 8 ans ou plus (5 ans au secondaire et 3 ans au primaire) une « vision du monde » à laquelle nul ne peut se dérober, au mépris de la volonté parentale, …ça ne relève pas de la culture mais de l’endoctrinement.
    J’aurais une autre solution à proposer : la possibilité que les parents puissent soustraire leur enfant à ce cours … Étude supplémentaire, sport, n’importe quoi pour compenser.
    Et ce, même si aucun « ministre habilité » ne met jamais les pieds dans des locaux « publics », durant les heures de classe ou ailleurs. Pourquoi négocier là-dessus. La question n’est pas de permettre le prosélytisme (compétitif d’ailleurs) dans des institutions publiques. Sans intérêt d’après moi… Il s’agit plutôt d’empêcher l’État d’imposer une « religion fonctionnelle », qui discrédite et remplace toute autre. Sinon comment avoir du respect envers les convictions religieuses des citoyens et envers le principe de la liberté de conscience.
    …quand une psychologue, consultante sur le dossier du nouveau cours de culture des religions, avoue en plein reportage de Second Regard que les convictions des parents seront bafouées ouvertement dans les salles de classes si elles sont contraires aux « valeurs » promues par le nouveau programme... Quel sort réserve-t-on à l’enfant qui va se faire humilier de pareille sorte, lui et ses parents d’ailleurs, devant ses compagnons un bon matin d’automne…! Est-ce ça la pluralité?!
    C’est dans ce contexte que je rejette totalement l’émoi outré d’un Leroux (Ph. D. Philo, consultant du MEQ sur le nouveau programme et ex-animateur du FM de la SRC…) face aux accusations de « totalitarisme religieux » portés par certains représentants de la coalition CLE (coalition pour la liberté en éducation) envers le MEQ. Il s’agit bien de totalitarisme idéologique et religieux en ce qui me concerne. On ne donne aucune marge de manœuvre aux parents pour qu’ils puissent garder leur crédibilité, leur capacité réelle de transmettre leurs valeurs à leur enfant. Leur discours devra se ranger dans le discours « autorisé » sur les religions ou être attaqué énergiquement. Et le champ de bataille serait l’esprit d’un enfant OBLIGÉ de se présenter à ces séances régulières d’endoctrinement en « prime time », à même les moyens et les deniers des citoyens qui ne peuvent dire un mot sur ce qu’on en fait.
    Il ne leur restera plus qu’une porte de sortie, comme du bétail mené à l’abattoir : admettre qu’en définitive les « croyances religieuses », ça ne vaut pas cher la livre et que les « éclairages » fournies généreusement par une élite « désintéressée », agnostique ou autre, doivent être considérés comme …dogme de foi ! Après avoir mis en pièces les vieilles religions, cette belle machine de « conditionnement » pourrait servir à bien d’autres fins me semble-t-il… Pourquoi laisser un si beau système prendre la poussière…? Conditionnons la société de demain, joyeusement !
    Ici, soyons clair ! Le parent athée a le DROIT d’empêcher qu’on christianise ou islamise son enfant de force. Et il faut se battre pour ce droit. De même, le parent catholique a le droit qu’on use d’un respect « effectif et véritable » pour ses convictions, celles qu’il veut transmettre à SES ENFANTS. Et nous sommes tous d’accord, l’adolescence viendra, puis l’âge adulte et « l’offre de valeurs » naturelle présente dans la société démocratique (…espérons qu’elle le reste) permettra à cet enfant devenu grand de faire ses choix, toutes choses considérées, d’une façon LIBRE, PERSONNELLE et RESPONSABLE !
    Le Québec, DEPUIS SES ORIGINES COMME NOUVELLE-FRANCE, n’a jamais été le territoire d’une pensée unique, que ce soit au niveau religieux ou autre. Bien qu’une époque « récente » (le début du 20ième siècle) ait donné au clergé catholique une influence démesurée sur ses « ouailles », celle-ci était librement consentie en fait … que ce soit par l’immobilisme ou la conviction. D’autre part, il y avait déjà des communautés protestantes (…ne pas oublier les huguenots dès 1600), juives puis musulmanes ou même agnostiques et athées. Des individus ont migré librement d’une communauté à l’autre de par les lois et les droits que leur donnait cette société québécoise, et il faut que cette liberté demeure. Les lois de la société devraient viser à statuer sur les comportements, non sur les croyances. Si une seule vision du monde est possible au Québec ou en Occident, en quoi serions-nous différents de ces dictatures « religieuses » que nous redoutons de ce fait?
    Si la laïcité n’est en fait qu’une religion qu’on impose, que gagnons-nous ? Est-ce en fait un « matérialisme d’État », un « athéisme obligatoire » ou une dictature « Postmoderne »?! Quand un journaliste, que je considère des plus crédibles justement, ne peut s’empêcher de dire qu’en bout de ligne les religions ne sont que des « mythes, des illusions » et que bien qu’on ne puisse empêcher quiconque de prétendre que « Patof a crée le monde », …même celui-là doit reconnaître que c’est de la foutaise, ….que reste-t-il à la liberté de conscience ?
    Que reste-t-il à la liberté tout court ?
    Vous avez bien raison de craindre les « sectes »… Mais j’ai bien peur qu’il y en ait une qui soit en train de prendre le pouvoir…

  • Raymond Poulin Répondre

    16 septembre 2007

    Cher monsieur Bergeron,
    Votre proposition pose des balises qui évitent tout dérapage. Cela me paraît une solution de bon sens et assez facilement applicable. Ce qui, depuis quelques années, m'avait incité à me méfier de l'usage des lieux usuels d'enseignement pour une telle fin avait été le comportement plutôt erratique d'un "groupe biblique" autorisé dans un cégep et qui, sous couvert d'oecuménisme, distribuait à gauche et à droite des cédéroms portant un message général sur la spiritualité, mais renvoyait à un site qui ne s'identifiait pas selon ce qu'il était vraisemblablement: celui d'une secte, ce qui m'avait été confirmé par la suite. Sur le plan personnel, je suis entièrement d'accord: la neutralité des institutions publiques ne doit pas dégénérer en une profession de non-croyance et encore moins en négation de toute spiritualité.
    Raymond Poulin

  • Jacques Bergeron Répondre

    16 septembre 2007

    Ce serait une erreur, et une solution arbitraire, de permettre que l'enseignement religieux soit permis là où il y un nombre d'enfants suffisant pour y enseigner dans la religion de cette majorité.Qui déciderait qu'il y a un nombre suffisant pour assurer l'enseignement de telle religion dans l'école «x»? Il serait souhaitable que cette proposition soit évitée!. Quant à moi, l'école doit «demeurer laïque»,mais devrait permettre que l'enseignement de toutes les religions soient permis après les heures de cours, cet enseignement devant être donné par les ministres du culte en question ou par quelqu'un possédant la formation nécessaire à cet enseignement, formation devant être reconnue par l'État afin d'éviter les dérives associées à celles et ceux qui prétendent posséder les qualités et les qualifications à l'enseignement d'une religion. Comme je me suis permis de le suggérer dans un mémoire soumis à la commission siégeant sur l'avenir du Québec à Montréal,(février 1995) des locaux devraient être mis «gratuitement» à la disposition des gens assurant l'enseignement religieux des différentes religions à partir d'ententes à être définies!
    À moins de croire que le Québec est un pays sans «Dieu»,on se doit d'ouvrir nos écoles à l'intention des enfants des parents qui croient que leurs enfants devraient pouvoir étudier et apprendre leur religion.Cette solution ne m'apparaît pas incompatible avec l'école «laïque» que nous nous sommes donnée depuis plusieurs années.Elle ne risque pas non plus de blesser les tenants de cette école , puisqu'elle n'oblige personne à suivre des cours de religion.Elle ne fait que respecter la «liberté» des individus désireux que leurs enfants suivent des cours de religion, en mettant des locaux à leur disposition, locaux libres de toute façon après les heures de cours.Il me semble que cette solution ne blesse personne,et peut répondre aux besoins d'une société «laïque».À moins que l'on «veuille interdire» à nos concitoyens le droit de croire en Dieu,et de connaître les fondements et l'Histoire des religions qu'ils pratiquent, et veulent voir leurs enfants pratiquer, en attendant qu'ils aient l'âge de choisir en toute liberté s'ils veulent vraiment pratiquer une religion?