Changement de règne ?

Crise politique canadian

[La possibilité d’un renversement du gouvernement minoritaire crée une « tempête politique » au Canada, disent les commentateurs->16712]. Mais en réalité, la tempête s’appelle Stephen Harper. Réélu il y a peu de temps mais toujours minoritaire, le PM Harper est un « révolutionnaire » de droite qui veut changer les règles du jeu au niveau politique (financement des partis). Certes cette crise politique tombe mal dans le contexte des turbulences économiques. Mais peut être qu’il y a comme une opportunité …
Le projet de M. Harper s’est attiré un peu plus de 25% des votes lors des dernières élections. C’est peu, pour quelqu’un qui veut éroder la démocratie, rendre opaque les grandes décisions, éliminer ces irritants que sont les médias, le Parlement et les partis politiques qui malheureusement, parfois, posent des questions. Parallèlement, face à la crise économique, Harper lors du Sommet du G-20 et ailleurs a dit essentiellement qu’il fallait éviter tout « retour en arrière » de nature keynésienne et donc laisser la « main invisible du marché » tout régler.
Face à cela, le projet de gouvernement de coalition Libéral/NPD avec l’appui du Bloc, pourrait peut-être nous éviter le pire. Mais cette coalition a également ses points faibles. Personne ne sait ce que les Libéraux ont vraiment en tête, du moins à long terme, non seulement sur leur leadership, mais sur leurs politiques (après tout, c’est un gouvernement libéral qui a signé l’ALÉNA et aligné les politiques économiques sur celles de Washington, tout en participant à l’occupation de l’Afghanistan).
Le NPD pourrait effectivement jouer un rôle important, mais les enjeux sont risqués pour ce parti qui a connu dans les années 1970 une situation similaire. La social-démocratie actuellement, au Canada et dans le monde, a beaucoup de difficulté à trouver son espace. Sous la pression des dominants, elle tend à devenir « social-libérale », en humanisant le néolibéralisme plutôt que d’imposer un nouveau cours. Pour le Bloc, la situation est également délicate, puisqu’il s’agit d’appuyer le Parti Libéral, ce grand ennemi du nationalisme québécois. Mais comme Gilles Duceppe l’a dit, il faut mettre de côté, pour le moment, les divergences avec les autres partis pour empêcher la « révolution » Harper.
Le Parti conservateur dans les prochaines heures va organiser une grande campagne pour diaboliser la nouvelle alliance. Il va miser sur l’image négative de Stéphane Dion au Québec et dans l’ouest du pays. Il va affirmer, sans gêne, que c’est un projet anti-démocratique (alors que Harper a reçu l’appui de 25% des électeurs !). Il faudra que d’autres voix s’expriment. Pour le moment, plusieurs grands syndicats ont dit que le renversement de Harper était un pas en avant positif. La guerre de position médiatico-politique qui s’annonce sera sans doute dure et sans merci.


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