IDÉES

Un tournant pour la Palestine et Israël

Le gouvernement israélien a visiblement commis une erreur tactique avec les nouvelles mesures contrôlant l’accès aux lieux saints

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Ce n'est pas la première erreur d'Israël






Dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, j’observe à Jérusalem et à Ramallah les affrontements qui n’ont cessé depuis vendredi et qui ont fait plus de 450 blessés du côté palestinien, de même que six morts, dont trois tués israéliens. La plupart des blessés sont de Jérusalem et de Ramallah (au nord de la ville), dont une quarantaine ont été atteints par balle. Dans ces deux villes et dans d’autres endroits en Palestine, entre 75 000 et 150 000 personnes ont été présentes. Dans la vieille ville de Jérusalem et notamment autour de l’esplanade des Mosquées (Haram al-Sharif), des dizaines de milliers de Palestiniens se retrouvent jour et nuit pour manifester et prier. Cette esplanade constitue l’un des plus importants lieux saints pour les musulmans dans le monde, ainsi que le joyau architectural de la vieille ville de Jérusalem. Depuis l’occupation israélienne de 1967, malgré les résolutions de l’ONU, Israël a refusé d’évacuer Jérusalem-Est, où résident plus de 300 000 Palestiniens, et l’a déclaré « capitale éternelle et indivisible d’Israël ».


 

Entre-temps, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a suspendu les relations avec l’État israélien. Il demande la levée des nouvelles mesures de sécurité et des restrictions limitant l’entrée des Palestiniens. Jusqu'à mardi, malgré l’opinion des responsables des services de sécurité israéliens qui pensent que cela a été une erreur, le cabinet du premier ministre Nétanyahou avait décidé de les garder en place.


 

Le gel des relations avec Israël remet en question la coopération établie dans le domaine sécuritaire, ce qui obligeait les forces de sécurité palestiniennes à policer les territoires et à empêcher les actes de résistance. Actuellement, plus de la moitié des employés de l’État palestinien sont des policiers (plus de 83 000). Plus de 30 % de l’aide consacrée aux Palestiniens par les États-Unis et ses alliés est destinée aux « services de sécurité », dont les budgets dépassent tout ce qui est dépensé pour la santé, l’éducation et la protection sociale. Selon plusieurs sondages récents, de 60 à 80 % de la population palestinienne est opposée à cette collaboration avec les forces de sécurité israéliennes.


 

La tension monte


 

Pour la population palestinienne, la raison invoquée par le gouvernement israélien pour imposer de nouvelles restrictions, à savoir l’incident armé le 14 juillet dernier (des policiers israéliens et des combattants palestiniens ont été tués sur l’esplanade), s’inscrivent dans une longue série de mesures par lesquelles l’État israélien tente d’affirmer sa souveraineté sur Haram al-Sharif, ce qui est une violation des accords passés il y a plusieurs années avec les autorités religieuses palestiniennes et le gouvernement jordanien. Déjà en 2000, une rupture avait été effectuée lorsqu’Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, avait envahi l’esplanade avec plus de 3000 soldats. La stratégie perpétuée jusqu’à aujourd’hui est d’imposer un « partage » du lieu saint avec les Israéliens, notamment les secteurs ultrareligieux qui demandent le « droit » de prier sur ces mêmes lieux. Des travaux israéliens autour et en dessous de l’esplanade imposés par le gouvernement israélien à des « fins archéologiques » inquiètent également les Palestiniens. L’enjeu en fait dépasse les questions religieuses et devient un point de fixation sur cette occupation qui continue depuis 1967 et dont les conséquences sont désastreuses pour les Palestiniens.


 

Jusqu’à l’occupation de 1967, Jérusalem-Est, où se trouve également la vieille ville, était le centre politique, culturel et économique de la Cisjordanie. En annexant illégalement la ville, l’État israélien y a imposé un état d’exception permanent. Les habitants palestiniens n’ont aucune nationalité, ni israélienne ni palestinienne. Ils ont des permis de résidence qui peuvent être révoqués selon des conditions établies arbitrairement. Ils ont accès à des services municipaux en dessous de ce qui est offert à Jérusalem-Ouest. Seulement au mois de juin dernier, plus de 125 Palestiniens de Jérusalem ont été appréhendés par la police, dont plusieurs sont placés en détention administrative (sans accusation ni procès). Les conditions de détention incluent des méthodes psychologiques et physiques très dures et des formes de torture et de mauvais traitements.


 

Sur le plan économique, l’occupation de Jérusalem-Est a des conséquences très négatives pour la population palestinienne. Le secteur touristique, traditionnel poumon économique, a diminué considérablement au profit des établissements de la partie ouest de la ville. […]


 

Depuis l’érection du mur qui sépare Jérusalem-Est de la Cisjordanie et restreint l’accès aux Palestiniens des territoires occupés, les activités commerciales et industrielles ont fortement diminué, d’autant plus que la taxation israélienne frappe durement les commerçants palestiniens, surtout dans les petits établissements. Aujourd’hui, à Jérusalem, le chômage frappe les jeunes, y compris les jeunes diplômés, qu’on retrouve en grand nombre dans les restaurants comme serveurs ou dans la rue comme chauffeurs de taxi. Selon des estimations récentes, 81 % des résidents de Jérusalem-Est vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 28 % des citoyens israéliens).


 
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