Caisse de dépôt et placement

Bonus maximum pour le responsable des PCAA

Après une perte de neuf milliards, la Régie des rentes devra hausser ses cotisations en 2011

L'affaire de la CDP - commission parlementaire

Tout le monde a très bien fait son travail à la Caisse de dépôt, soutient Alban D'Amours. La seule erreur a été celle des PCAA, qui a tout de même valu une prime au responsable. Pendant ce temps, la Régie des rentes doit envisager une hausse de ses cotisations.
Robert Dutrisac - Québec -- Bien malgré lui, l'ancien président du comité de gestion des risques à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Alban D'Amours, a révélé hier devant les élus que le grand responsable de la débâcle des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA) à la Caisse a reçu le maximum en primes avant d'être mis à la porte en 2007.
Comparaissant devant la Commission des finances publiques, cet ancien président du Mouvement Desjardins a même vu dans cet exemple la preuve que la politique de rémunération de la Caisse n'a pas incité ses gestionnaires des placements à court terme à prendre trop de risques. «Est-ce que celui qui achetait le PCAA, est-ce qu'il a accru sa rémunération par l'achat de PCAA? Bien, la réponse est non, parce qu'il avait fait le plein avant même de prendre en compte le PCAA», a expliqué M. D'Amours.
Pendant quelques années, dans l'effervescence d'un marché très liquide dans lequel se sont propagés les PCAA, l'équipe du marché monétaire, dirigée par Luc Verville, qui a quitté la Caisse après la débâcle, a pu toucher le maximum en primes.
Hier, après les anciens dirigeants Fernand Perreault et Richard Guay, c'était au tour d'Alban D'Amours d'affirmer que sans les PCAA, les résultats de la Caisse ne seraient pas scrutés par une commission parlementaire extraordinaire. «J'estime que j'ai fait très bien mon travail, que les membres du conseil d'administration et du comité de gestion des risques ont fait très bien leur travail», a-t-il soutenu dans un point de presse. Le seul regret que M. D'Amours a exprimé, c'est de ne pas avoir eu «l'intuition» que la Caisse détenait une bien trop grande quantité de PCAA non bancaires, soit 40 % du marché canadien. «Mais qui, sur la planète, a eu cette intuition? Aucune banque, aucune institution», a-t-il fait valoir. Les PCAA, bancaires ou non, étaient considérés comme sûrs et ne faisaient pas partie des placements analysés par le comité de gestion des risques.
Devant les parlementaires, Alban D'Amours était appuyé par Suzanne Masson, la première vice-présidente, affaires de la société, et secrétaire de la Caisse, qui lui fournissait données et argumentaires, ce qui n'a pas manqué d'ennuyer le député de Rousseau et porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, François Legault. Le rôle du conseil d'administration de la Caisse, c'est de «challenger» la direction, a-t-il rappelé. «Si le conseil d'administration lit les notes qui ont été préparées par la direction, j'ai un malaise», s'est plaint M. Legault.
Le risque auquel était exposée la Caisse n'était pas trop élevé, l'effet de levier n'a pas été trop utilisé non plus, a assuré Alban D'Amours. Mais depuis l'automne 2008, ces stratégies, qui avaient procuré de bons rendements pendant des années, ne fonctionnent plus. «Cette tempête a perturbé l'ensemble de cette stratégie et de ce modèle d'affaires. Et j'en conviens qu'il faut le revoir», juge après coup Alban D'Amours. «Le monde a changé, le monde n'est plus le même.»
Des hausses à la RRQ
En 2008, la Régie des rentes du Québec (RRQ), un des plus importants déposants de la CDPQ, a perdu 9 milliards et sa réserve s'établit maintenant à 25,7 milliards. Le président et chef de la direction de la RRQ, André Trudeau, qui est membre du conseil de la Caisse, a révélé hier qu'il n'avait pas été informé que les PCAA, qui ont entraîné une perte de 1,2 milliard pour la RRQ, faisaient partie de son portefeuille.
André Trudeau a toutefois assuré que cette perte n'aurait pas répercussions à court terme. Mais ce n'est que partie remise; elle sera considérée lors de la consultation qui aura lieu à l'automne afin de revoir le régime des rentes, un exercice qui a cours tous les six ans. Des recommandations en émaneront, et seront suivies par un projet de loi l'an prochain. En 2011, «on peut envisager des progressions» dans les cotisations, a reconnu M. Trudeau.
En outre, des changements à l'étendue des bénéfices pourraient être considérés, comme celui de repousser l'âge minimal de la retraite de 60 à 62 ans, a indiqué M. Trudeau.
La perte de 9 milliards pourrait aussi se répercuter sur la date prévue de l'épuisement de la réserve. Selon une étude de l'Institut C. D. Howe, citée par la députée de Crémazie, Lisette Lapointe, la réserve de 25,7 milliards serait épuisée en 2037 plutôt qu'en 2052, comme le prévoyait la RRQ dans le document de consultation.


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