Bonne fête, Sheilanada!

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Lue ce matin dans le Journal de Montréal, l'impayable Sheila Copps : «Entre ces wek-ends de la Saint-Jean-Baptiste et du premier juillet, conjugués avec la reconnaissance de la journée du multiculturalisme canadien... »

Nous y voilà ! Quelle plus belle façon pourrait trouver l'ancienne vice-première ministre de Jean Chrétien que de refuser aux Québécois le droit de célébrer une Fête nationale en renonçant à la sienne propre, celle du Canada ? C'est la journée du «multiculturalisme canadien» qui est importante, même si personne ne la célèbre vraiment, sinon les chefs de gouvernement pour l'assortir d'une déclaration solennelle.

«Le Canada est une nation d'immigrants», dit Stephen Harper. Les États-Unis aussi. Mais là-bas, le 4 juillet, c'est Independence Day et, comme le rappelle chaque année le président, des milliers de gens y viennent du monde entier pour y vivre leur American dream.

Le «rêve canadien» ? On n'en parle pas de peur de froisser l'une ou l'autre des 200 communautés ethniques qui ne se sentent pas du tout «canadiennes». La preuve ? Au recensement de Statistique Canada, en 2001, 62 % des répondants - presque deux sur trois ! - se sont déclarés «d'autres origines que Canadien», ce qui veut dire qu'après deux ou trois générations, ou avec un parent canadien et l'autre «ethnique», on adopte l'ethnie plutôt que l'appartenance au Canada.

Ce doit être pour cela que les leaders fédéralistes sont tellement enragés contre la notion de «nation québécoise». Tout d'un coup qu'elle leur ferait honte parce qu'elle serait authentique celle-là alors qu'ils sont incapables de s'en façonner une!

La journée du «multiculturalisme», même canadien, n'a aucune commune mesure, ni aucun rapport, avec ce que les Québécois célèbrent le 24 juin, et les Canadiens le 1er juillet. Mais il est vrai que ni l'un ni l'autre des deux pays, contrairement aux États-Unis, n'a d'indépendance à célébrer. Le 1er juillet 1867, le Canada est devenu un dominion de la Couronne britannique et ce n'est que le 27 octobre 1982 que l'anniversaire de la Confédération, qui jusque-là s'appelait «fête du Dominion», devint officiellement la «Fête du Canada». Faut-il rappeler que, jusqu'à cette année-là, le Canada n'avait même pas le pouvoir de modifier sa propre Constitution...
Une dernière indication que le Canada a peur de ce qu'il est : demain soir, dans le Vieux-Port de Montréal, Gregory Charles dirigera un concert qui, selon le programme officiel du Comité des célébrations du Canada, offrira des «rythmes afro-arabo-latino-antillo-canadiens...» Et les Québécois dans tout ça, mon cher Gregory ?


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