Libre-Opinion: M. Gérard Bouchard constate que le projet de souveraineté est dans une impasse. Il écrit: «Il n'arrive pas à franchir nettement le mur des 50 % de l'appui populaire et à s'assurer une
majorité politiquement viable. Il s'avère aussi que le projet ne parvient pas à susciter des appuis importants dans la communauté internationale.» Tout ceci le désappointe beaucoup, lui qui rêve «de voir la souveraineté du Québec, comme nation francophone d'Amérique, devant présider à sa destinée en toute maturité et en toute responsabilité, plutôt que d'en confier la gestion à un autre État qui sera toujours dominé par l'ancien colonisateur». Pourtant, le Canada, durant les 58 dernières années, a eu comme premier ministre cinq Québécois qui ont gouverné pendant 51 ans.
Que reproche-t-il au Canada, en ne voulant pas être Canadien. Après tout, le Canada est un pays dont on peut être très fier. Un pays de 31,5 millions d'habitants, membre du G8, ce qui n'est pas peu dire, un pays dont l'armée, lors de la libération de l'Europe, eut pour tâche de s'emparer de la plage Juno, une des cinq plages de débarquement, et avec les autres armées alliées, de libérer la Normandie. Par la suite, son armée fut chargée de libérer la Hollande, le Danemark et la côte jusqu'en Allemagne, alors qu'une autre division de son armée se battait en Italie et que son aviation et sa marine, marchande et de guerre, étaient aussi très présentes.
À la Première Guerre mondiale, son armée s'empara du sommet de Vimy alors que plusieurs autres avaient failli à la tâche. D'ailleurs, le maréchal Foch mit les Canadiens à la tête des armées alliées lors de la dernière poussée qui mit fin à la guerre. La France, que M. Bouchard semble tant aimer, doit plus au Canada que celui-ci ne lui en doit.
Si le Québec se séparait, son PIB serait différent de celui d'aujourd'hui car toute compagnie ayant les mots «Canada» ou «canadien» dans son nom quitterait immédiatement le Québec, ainsi que toutes celles faisant affaire avec le reste du Canada, car celui-ci refuserait d'acheter quoi que ce soit venant du Québec, même pas un litre de lait. La population tomberait à environ six millions d'habitants car les employés suivraient les employeurs.
La souveraineté serait plus facile à faire si le Québec, comme province, se classait parmi les meilleurs. Ce n'est pas le cas, le taux de chômage de la province est toujours plus élevé que celui du Canada en son entier, le Québec est une des plus pauvres provinces et ses infrastructures en témoignent. Nous avons les routes et les structures d'un pays du Tiers-Monde. Aux frontières d'une autre province ou État, on n'a pas besoin de vous annoncer que vous êtes au Québec, les routes vous le disent. Des structures comme l'échangeur Turcot, qui a toutes sortes de formes et de courbes discontinues, qu'aucune autre province n'accepterait comme produit final, la voirie l'a acheté. Il est difficile d'imaginer comment ce serait sans la péréquation de 4,23 milliards que nous recevons d'Ottawa et qui représente près de la moitié du montant remis aux provinces pauvres. Nous, les Québécois, sommes les gens les plus taxés en Amérique du Nord et, en devenant un pays, il faudrait nous taxer encore plus pour payer les fonctionnaires additionnels requis.
Professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi, M. Bouchard ne serait peut-être pas affecté immédiatement dans ses fonctions, mais à la longue il le serait comme nous tous, et son rêve tournerait au cauchemar.
À propos du projet de souveraineté
Par Roger O. Beauchemin
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