Avortement - Une logique soviétique

Avortement (C-484; Q-34)

Il arrive souvent que la technocratie défie la logique. Le dernier exemple en lice est cette décision du ministère de la Santé d'obliger les cliniques d'avortement privées à se transformer en véritables salles d'opération entièrement stériles au lieu des actuelles salles d'interventions plus conviviales, sous prétexte de l'entrée en vigueur, en juin dernier, de la loi 34. À cause de ces exigences jugées excessives dans le cas des interruptions de grossesse, des cliniques aussi respectables que l'Alternative annoncent qu'elles fermeront leurs portes bientôt.
À l'heure actuelle, les cliniques d'avortement du réseau privé effectuent 5000 interventions par année, soit 18 % de toutes les interventions. À elle seule, l'Alternative reçoit plus de 1000 femmes, qui devront dorénavant aller ailleurs. Et elle n'est pas la seule qui menace de fermer. Or, comme le même ministère fixe des quotas annuels d'interventions à chaque clinique (autre bêtise soviétique que ces quotas budgétaires qui ne respectent pas les besoins!), comme les hôpitaux et les CLSC sont toujours aussi débordés, et que le temps d'attente est de plus en plus long, la nouvelle norme a toutes les allures d'une intrusion directe dans la vie des femmes.
Rappelons qu'à l'origine, la loi 34 avait pour but d'encadrer les cliniques à la suite de la décision du gouvernement Charest d'accorder davantage de place au privé en santé. Certains événements, dont le décès d'une femme d'affaires connue lors d'une intervention de chirurgie plastique, avaient conduit Québec à étendre l'imposition de nouvelles normes à toutes les cliniques existantes. Le problème, c'est qu'en matière d'avortement, ces normes seraient désormais beaucoup plus restrictives pour les cliniques privées que pour les CLSC, et même que pour les hôpitaux. On aurait voulu réduire l'accès à ce service qu'on ne s'y serait pas pris autrement!
Lors de sa présentation, le projet de loi 34 avait suscité bien des objections parce qu'il était perçu comme un moyen de favoriser le privé au détriment du secteur public. Or, dans le cas de l'avortement, c'est grâce à l'entêtement du mouvement féministe et de quelques médecins de pratique privée, comme le Dr Morgentaler, si les femmes ont eu accès à l'avortement, les gouvernements y étant farouchement opposés. Si les nouvelles mesures adoptées par le ministère de la Santé ont aujourd'hui pour conséquence de réduire le nombre de cliniques d'avortement privées, Québec a l'obligation politique de combler le déficit créé par son intervention en ouvrant autant de places rapidement dans le secteur public. Comme il en est incapable, il doit revenir sur sa décision et faire savoir aux cliniques qui ont toujours rempli leur mission de façon sûre et conviviale pour les femmes qu'elles peuvent continuer d'offrir leurs services en toute quiétude.


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