Ce n’est pas parce que 94 % des Québécois sont en désaccord avec ses propos sur l’avortement que Mgr Ouellet n’a pas le droit d’y croire, de s’exprimer et de se défendre.
La déclaration du 16 mai du Mgr était limpide :
« Prendre la vie de quelqu’un d’autre, c’est toujours un crime moralement. Et c’est un être humain qui est dans le sein maternel. »
Mais voilà, dans sa clarification de ce mercredi, il dit avoir été « très désolé que [ses] propos, déformés ou cités hors contexte » aient pu choquer quelqu’un.
Comme Saint-Pierre affirmant, il y a quelque 2 000 ans, n’avoir jamais rencontré Jésus, Mgr Ouellet recule sur trois points essentiels.
1) Il y a un crime, mais il n’y a pas de criminel
« Je n’ai dit nulle pas que je condamnais la femme qui avait eu recours à l’avortement. [...] Je n’ai déclaré aucune femme criminelle parce qu’elle avait subi un avortement. »
Bref, selon Mgr, un avortement, même en cas de viol, est un «crime moral» qui fait une «victime»: un «être humain». Mais la personne qui décide de ce crime, et qui fait cette victime, ne doit ni être «condamnée» ni être considérée comme «criminelle», même moralement. Hum… On s’éloigne de la clarté du droit canonique !
2) Personne ne peut dire si un avortement est approprié
De même, nous avions compris de sa position précédente que l’avortement, quel qu’il soit, est un «crime moral». Il ne faut donc jamais prendre la décision d’y avoir recours. L’objectif même de sa déclaration était de montrer qu’il n’y a pas d’exception à cette règle. Le viol a déjà fait une victime, a-t-il expliqué, il ne faut pas en faire une seconde : le foetus. Il n’était pas seul dans son camp: le Pape, le Vatican étaient derrière lui.
Mais ce mercredi, sa lecture de la réalité a changé. Il n’y a plus une seule personne sur la planète qui puisse juger de la moralité d’un avortement — quel qu’il soit.
«Je sais très bien que la responsabilité ultime de cette décision morale relève de la conscience personnelle qui agit en fonction de divers facteurs, dont l’intention de la personne et les circonstances. Dieu seul est juge de la conscience de chacun et chacune parce que Lui seul peut mesurer tous les éléments de chaque cas.»
C’est fâcheux, car Dieu ne répond pas aux appels et ne peux donner, a priori, une indication claire sur l’opportunité de tel ou tel avortement. Mais le représentant de Dieu sur terre, un certain Benoît, semble avoir une idée claire. D’ailleurs, Mgr, avez vous vérifié avec lui ?
3) 18 000 avortements par an, ça va; 26 000, c’est trop !
Nous pensions avoir compris — car on essaie vraiment de suivre, il ne faut pas croire qu’on soit distrait — que chaque vie était sacrée et que donc chaque avortement était condamnable.
Mais voilà que le Mgr nous apprend que son malaise tient au nombre, «beaucoup trop élevé» d’avortements pratiqués au Québec. Et il donne même un point de comparaison. Écoutons-le:
«Avec une population de 10 millions d’habitants, il y a eu 18 000 avortements en Belgique en 2007, mais 26 546 au Québec pour la même période. C’est pratiquement 10 000 avortements de plus pour une population de 8 millions d’habitants. C’est beaucoup trop et il y a trop d’avortements au pays.»
Déclaration capitale. Vous savez, chers internautes, que j’aime la précision. J’ai donc calculé précisément, pour l’année 2007, le nombre d’avortements par personne en Belgique: 0,00169. Appliqué au Québec, cela nous donnait droit, cette année là, à 13 022 avortements. Donc oui, nous en avons 13 000 de trop. Il faudra évidemment refaire le calcul chaque année, en tirer une tendance, pour faire une prévision, pour ainsi connaître, à l’avance, le niveau acceptable.
Mais nous sommes désormais la seule nation au monde à connaître le quota d’avortement autorisé par son chef de l’Église catholique.
Merci Mgr !
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