Automne ou printemps : les deux listes

Québec - prochaines élections 2007


On ne sait pas si Jean Charest affectionne le procédé, mais beaucoup de gens affirment qu'avant de prendre une décision importante, ils font la liste des arguments pour et des arguments contre le projet. Alors, des élections cet automne ou le printemps prochain? Voici à quoi les deux listes de Jean Charest pourraient ressembler.
Pour l'automne :
Boisclair n'est pas prêt : Une élection anticipée reste encore le meilleur moyen de déstabiliser un jeune chef de parti. Lucien Bouchard avait fait le coup à Jean Charest en 1998 et Jean Chrétien avait fait la même chose à Stockwell Day en 2000. André Boisclair a eu un début difficile comme chef du Parti québécois, pourquoi lui laisser la chance de se refaire une santé à l'occasion de son entrée à l'Assemblée nationale. Là où il a déjà prouvé qu'il est capable de tenir son bout.
De même, recruter une bonne équipe de candidats prend du temps, surtout quand on est dans l'Opposition. Une élection dès cet automne couperait l'herbe sous le pied du nouveau chef péquiste.
Accalmie dans les dossiers chauds : Après bien des difficultés, le gouvernement Charest a réussi à mettre derrière lui pas mal tous les dossiers chauds. On ne parle plus d'Orford, des négociations dans le secteur public, de l'équité salariale, etc...
Aussi bien en profiter pour déclencher des élections pendant que le ciel est bleu. On ne sait jamais quelle tempête peut tomber sur la tête d'un gouvernement - avec la possibilité que cela rappelle d'autres mauvais souvenirs aux électeurs. Quand on a un dossier mitigé, comme celui des libéraux, on profite des accalmies.
Situation internationale instable : Liban, Iran, Irak, Corée du Nord, il y a beaucoup d'instabilité au plan international à prévoir avec les conséquences que cela peut avoir sur l'économie québécoise. Sans tomber dans les scénarios de catastrophes et de récession planétaire, juste une bonne hausse du prix du baril de pétrole - et ses conséquences à la pompe - peut avoir des effets majeurs sur l'humeur de l'électeur moyen. Dans de telles conditions, pourquoi attendre? Mieux vaut y aller tout de suite avant que les crises qui semblent nous pendre au bout du nez n'éclatent vraiment.
Gouvernement minoritaire à Ottawa : Stephen Harper vient de passer un bien mauvais été. On ne sait jamais ce qui peut arriver à un gouvernement minoritaire, mais on sait que plus le temps passe, plus les chances d'une élection imprévue augmentent. Il ne serait pas dans l'intérêt de Jean Charest de se trouver dans une période de confusion entre les enjeux fédéraux et provinciaux. En déclenchant des élections à l'automne, on risque moins d'entretenir la confusion.
Pour le printemps :
Sondages et partielles : Les libéraux ont connu une belle remontée dans les sondages ce printemps, mais ce n'est pas encore assez pour avoir l'assurance de gagner la prochaine élection. N'oublions pas qu'avec la concentration du vote libéral dans la région de Montréal, on dit qu'il faut au moins cinq points d'avance pour que le PLQ obtienne un gouvernement majoritaire. De plus, les résultats de la partielle de Taillon - même si une partielle en été n'est pas le meilleur indicateur - n'ont pas été encourageants pour le PLQ.
Ça peut changer plus tard à l'automne, auquel cas tout pourrait basculer. Mais on n'en est pas là. Pas encore, en tout cas.
Le déséquilibre fiscal : Le meilleur argument que pourrait avoir Jean Charest en campagne électorale serait d'avoir «réglé» le dossier du déséquilibre fiscal. Mais ça va prendre du temps et le dossier ne se réglera pas avant le prochain budget fédéral, prévu pour février.
D'autre part, si Stephen Harper a pris le risque - parce que c'en est un - de négocier dans ce champ de mines, ce n'est pas pour arriver à la phase cruciale avec André Boisclair dans la chaise du Québec. Jean Charest doit lui avoir donné des assurances que la négociation se passerait avec lui plutôt qu'avec les péquistes.
L'argent : Le PLQ nage dans l'argent, le PQ a peine à joindre les deux bouts et l'ADQ est carrément dans le trou. Aussi bien profiter de cet avantage. Or, l'argent n'est pas une facteur lors d'une campagne électorale - les limites de dépenses sont tellement strictes que tous les partis seront à armes égales pour le temps de la campagne.
Si le PLQ veut dépenser pour des fins partisanes et pendant que ses adversaires n'ont pas les moyens de répondre, il pourra le faire cet automne, pas quand la campagne électorale sera déclenchée.
Le Parti : Le PLQ a un gros automne, avec des congrès régionaux un peu partout au Québec et un congrès général des membres au début du printemps. Voilà autant de manifestations qui assurent une bonne couverture du parti dans l'opinion publique et qui mobilisent les militants. Pourquoi se priver d'autant de belle publicité gratuite?


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