Au travail !

De Kyoto à Bali

Les partis de l'opposition et les groupes écologistes ont vivement dénoncé le plan de lutte aux changements climatiques présenté jeudi par le ministre fédéral de l'Environnement : «mirage», «trop peu, trop tard», «Kyoto enterré».
Ce plan est certainement trop timide. Reconnaissons toutefois qu'il constitue un virage important. Désormais, tous les partis fédéraux reconnaissent la gravité du problème et admettent que des mesures réglementaires et financières doivent être prises pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Le «cadre réglementaire» publié par John Baird ne permettra pas au Canada de respecter l'engagement qu'il a pris en signant le protocole de Kyoto en 1997. On peut le déplorer, sauf que le gouvernement aurait été irresponsable en tentant de respecter un échéancier devenu beaucoup trop court. L'un des pionniers de l'étude des changements climatiques au Québec, le biologiste Claude Villeneuve, l'a souligné : «Le Canada ne peut pas atteindre les objectifs de Kyoto dans la période de référence de Kyoto. Ceux qui vous disent le contraire sont de doux rêveurs.»
On ne doit donc pas juger le plan Baird à l'aune du calendrier de Kyoto, aujourd'hui irréaliste. Il s'agit plutôt de savoir si ce plan permet de réduire les émissions de GES le plus rapidement possible tout en préservant notre prospérité économique. Car, n'en déplaise à certains, on ne peut impunément mettre en péril cette prospérité. C'est d'elle que dépendent des millions d'emplois, c'est elle qui nous permet de financer nos programmes sociaux.
Le Plan vert des conservateurs est-il assez ambitieux? On aurait souhaité qu'il le soit davantage. On aurait voulu aussi que le gouvernement publie les études économiques qui l'ont mené à choisir cet échéancier-ci - atteinte des objectifs de Kyoto seulement en 2025 - plutôt qu'un autre. Entre la catastrophe annoncée la semaine dernière et les «coûts économiques réels mais gérables» du scénario retenu, quels étaient les scénarios intermédiaires? Quel aurait été le coût économique de viser 2015? Ou 2018?
On critique le fait que le «cadre réglementaire» fixe aux entreprises des cibles d'intensité d'émissions de GES plutôt que des cibles absolues. D'ici 2015, une entreprise devra avoir réduit de 26 % ses émissions par unité produite. Si cette entreprise produit alors davantage qu'aujourd'hui, elle pourra atteindre la cible même si ces émissions totales diminuent de moins que 26 %.
Toutefois, dépendant de leur niveau, les cibles d'intensité peuvent être un outil aussi efficace que les cibles absolues. Elles ont le grand avantage de ne pas freiner de manière excessive la croissance économique. Les cibles absolues, elles, tendent à récompenser les pays et industries qui stagnent et à pénaliser ceux qui roulent à belle vitesse, tel le Canada.
Ce qui compte en définitive, c'est le résultat. Le plan Baird propose de ramener d'ici 2020 les émissions de GES à 20 % sous leur niveau actuel. La baisse des émissions commencera - enfin! - vers 2010. Ce n'est pas rien. Mais à ce rythme, le Canada atteindra les objectifs de Kyoto 15 ans après la date prévue. Il y avait sûrement moyen de faire mieux.
Au moins, le gouvernement Harper a maintenant un plan de réduction des GES qui devrait pouvoir être mis en place rapidement. Est-ce trop demander au fédéral, aux provinces, aux entreprises, aux écolos... d'aller de l'avant? Cela fait dix ans que les «plans verts» se succèdent à Ottawa sans mener à des mesures et à des résultats concrets. Il est grand temps que cessent les palabres et qu'on se mette au travail.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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