À René-Marcel Sauvé

Tribune libre - 2007

M'étant "battu la gueule" depuis 45 ans pour l'avènement d'un État
québécois indépendant, [je ne puis que souscrire à vos propos sur
Radio-Canada->6120]. Toutefois, avant d'exiger qu'un organisme fédéral ayant
officiellement pour mandat de «contribuer à l'unité canadienne» qu'il
reconnaisse les faits, peut-être faudrait-il l'exiger du gouvernement du
Québec, dont le Premier ministre actuel faisait partie de la députation qui
a voté la Loi 99.
Il faudrait également le rappeler au parti alors au
pouvoir en décembre 2000, qui ne se fait pas fort d'employer l'expression
ni d'en expliquer la portée. Comme l'a déjà dit Jean-Claude Germain, la
devise du Québec, plutôt que «Je me souviens», a dû se transformer quelque
part en «Je m'oublie»...
Pour le moment, la nation québécoise existe
peut-être en principe et dans les rêves des Québécois français, mais pas
dans leur réalité psychologique. Beaucoup, il me semble, continuent, dans
leur inconscient, à rationaliser leur état mental de colonisés. Lorsqu'ils
sont provoqués pour la peine, ils deviennent des indépendantistes enragés
pour quelques jours. Une fois l'émotion calmée, leur existence statistique
redescend sous la barre des 50%, parfois encore plus bas. Il en est ainsi
au moins depuis Meech.
Une nation consciente d'elle-même ne change pas
d'avis sur une telle question au gré de la conjoncture électorale,
économique ou politique. Il est malheureux que nous ne comptions pas, pour
le moment, davantage de Jacques Parizeau et de Joseph-René-Marcel Sauvé.
J'en profite pour me demander à haute voix pourquoi, parmi tous nos
experts en études stratégiques, dont certains sont devenus des familiers
des entrevues radiophoniques et télévisuelles, il ne s'en trouve pas
d'autres que vous-même pour utiliser leurs connaissances et leur expertise
au service de leur nation. Dommage, car la géostratégie est probablement
la seule discipline capable de fédérer en une "masse critique" les
enseignements de l'histoire, des sciences politique et économique.
Pourquoi pas une refonte de vos deux livres en un format allégé,
économique, qu'on pourrait trouver dans toutes les coopératives des cégeps,
par exemple?

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2007

    Monsieur Raymond,
    Mon ordinateur a flanché et il m'a fallu en trouver un autre, que je devais adapter et avec lequel me familiariser avant de vous répondre.
    Les Québécois sont trop habitués à l'abstrait et aux idéologies pour envisager les problèmes de statuts d'une manière concrète,tangible, sur fond de principes universaux. Ce point de départ faussé explique leurs difficultés à gérer l'incertitude.
    Il n'existe au Québec aucune école de stratégie politique mais beaucoup d'écoles idéologiques, dans lesquelles le virtuel tient lieu d'actuel, de là les projets de pays qui ignorent le fait
    fondamental que le Québéc est État Nation et non province inféodée.
    Pour apprendre la stratégie d'État, il faut aller étudier en Angleterre, en Allemagne et en Autriche, comme je l'ai fait. Jacques Parizeau a étudié en Angleterre. Dans cette perspective très concrète, il ne s'agit pas de trouver des solutions simplistes et toutes faites mais de donner aux étudiants des instruments conceptuels e dialectiques puissants, permettant de saisir toute la complexité de la stratégie et de gérer l'incertitude.
    Comme l'affirme Sun Tzu, la connaissance des grands principes permet de trouver en toutes circonstances les solutions qui conviennent.
    Le principe n'est pas une loi rigide mais l'élément intangible du réel.
    Salutations
    JRMS