À propos de la Confédération et de certains de ses adeptes

Tribune libre - 2007

Tous ces observateurs politiques, tous ces faiseurs de manchettes, tous ces
prestidigitateurs de l'actualité politique et de l'opinion publique, tous
ces travailleurs acharnés à répandre la Gesca-Béatitude et la
Radio-Cadenas-Hébétude canadienne et fédéraliste (oui, bien-sûr, il va de
soi que nous "paranoïyons"!) semblent avoir cette faculté naturelle à se
faire les promoteurs, auprès des Québécois, de l'identité canadienne et du
fédéralisme, souvent au détriment de l'identité québécoise et du sentiment
profond qu'ont les Québécois à considérer le Québec comme leur pays, ce qui
doit sans doute plaire à leurs maîtres. Ils me font penser à ces bêtes
savantes, que tout cirque qui se respecte se doit de posséder, ces bêtes
bien entrainées, qui, prestation après prestation, font le même petit
numéro pour impressionner et charmer leur auditoire, au grand plaisir de
leurs maîtres.
Ils sont de la même lignée que celle de sir Georges-Etienne
Cartier, ce père de la Confédération, dont se réclament à l'occasion,
depuis 1867, certains politiciens québécois, qui sont souvent perçus par une
partie non-négligeable de la population québécoise comme des traîtes à la
nation. Ils apparaissent fondamentalement, de façon aussi servile et
intense, dévoués à leurs maîtres et à leurs oeuvres. Ils sont, pour les uns, au service de la Gesca-Béatitude et de la Radio-Cadenas-Hébétude autant
que, pour l'autre, Cartier pouvait l'être à "l'Anglitude", c'est à dire à
cette attitude effrénée à vouloir servir les Anglais, la monarchie et la
Grande-Bretagne et à s'identifier à ce qu'ils sont.
Ils ont deux choses en
commun: l'honorabilité et les honneurs que leur rapporte ou leur a
rapportés le fait d'être ou d'avoir été du côté du plus fort. Un jour,
cependant, les choses pourraient bien changer! Et ils le savent très bien,
car malgré leur assurance, ils conservent secrètement une certaine crainte
qu'ils se réservent pour eux-mêmes et qu'on peut facilement identifier
comme étant celle de la République du Québec. N'ayez crainte, à ce
moment-là, ils sauront bien se convertir car, comme le voilier qui cherche
le vent, ils vont toujours où leurs intérêts peuvent être servis! Et nous
les accueillerons alors comme des frères égarés qui rentrent au bercail!
Mais ni eux ni nous n'oublierons leur passé, qu'ils devront assumer de leur
vivant et même au délà par l'histoire: Ce sera le seul prix qu'ils auront à
payer pour avoir tenté, inconsciemment ou non, de diminuer leur peuple et
nation et pour les avoir mis en péril!

Concernant Georges-Etienne
Cartier, voici ce que cet icône de la nouvelle religion qu'est devenue la
confédération canadienne, le 29 octobre 1864, lors d'un banquet donné en
leur honneur par la ville de Montréal, déclarait, entre autres choses, aux
délégués des Conférences de Charlottetown (septembre 1864) et de
Québec (octobre 1864) venus visiter la ville: - "... En ce moment, nous
travaillons à notre tour à fonder une grande confédération (il venait de
rappeler la fondation de la république américaine), mais notre objet n'est
point de le faire par la création d'institutions démocratiques; non, c'est
plutôt d'aider l'élément monarchique à prendre parmi nous de plus
profondes racines..." / - "...J'ai déclaré être d'avis que cette
confédération ne devrait pas se réaliser, si elle devait faire disparaître
ou seulement affaiblir le lien qui nous attache à la Grande-Bretagne. Je
suis pour la confédération, parce que je pense que l'établissement d'un
gouvernement général donnerait plus de force encore à ce lien qui nous est
cher à tous. Et je pense que chacun de nous est d'avis que la nouvelle
forme de gouvernement doit être propre à accroître l'influence et le
prestige des principes monarchiques dans notre système politique pour avoir
chance de succès..." (Cf.:Histoire du Canada par les textes,
Fides (1963), tome deux, de Michel Brunet, pages 16 et 17).

Pour
sa part, voici comment George Brown, cet immigrant écossais, d'abord venu
aux Etats-Unis en 1837, puis au Canada en 1843, plus précisement à Toronto,
fondateur en 1844 du journal "The Globe", personnage qui fut, selon mon
humble avis, le véritable instigateur du projet de la Confédération, dans le
but de réformer l'Acte d'Union de 1840 afin de donner au Haut-Canada une
représentation proportionnelle à sa population désormais supérieure à celle
du Bas-Canada mais qui, auparavant, durant plus de trente ans, avait
néammoins pu bénificier d'une représentation égale à celle du Bas-Canada
malgré une population à ce moment-là de beaucoup inférieure à la population
de celui-ci, personnage avec lequel Cartier, Macdonald et Galt firent
alliance pour réaliser le projet de la Confédération, s'exprimait le
premier juillet 1867, dans son journal "The Globe", pour saluer l'entrée
en vigueur de ladite Confédération: "Nous saluons la naissance d'une
nouvelle nation. Une Amérique anglaise unie, forte de quatre millions
d'habitants prend place aujourd'hui parmi les grandes nations du monde."
(Cf.: Histoire populaire du Québec, de Jacques Lacoursière, tome trois,
Edition du Club Québec Loisir Inc, 1977, avec autorisation des éditions du
Septentrion, page 191)


Ce que déclarait ce jour-là George
Brown, les francophones du Bas-Canada et des colonies anglaises d'Amérique
du Nord, l'avaient déjà compris et suspecté dès 1865. À preuve ce que
rapportait le journal libéral "Le Pays" (surprenant, n'est-ce pas, monsieur
Pratte?!) de la séance parlementaire du 10 mars 1865, au cours de laquelle
62 députés avaient voté pour et 37 contre l'adoption des résolutions de la
Conférence de Québec, c'est à dire pour et contre la Confédération: "Cette
séance parlementaire restera profondément marquée dans les annales du
Canada et surtout dans l'histoire de la nationalité francaise sur cette
partie du continent américain.... À la clôture, les députés composant la
glorieuse majorité, suivant le rapport, auraient chanté en choeur le "God
save the Queen". Après une séance où l'on venait de créer une nouvelle
nationalité et de sacrifier la nôtre, nous comprenons qu'il était de toute
convenance d'entonner l'hymne national anglais." (Cf.: Histoire populaire
du Québec, de Jacques Lacoursière, tome trois, pages 149-150).
Cette
confédération perfide nous fut ainsi imposée, sans consultation populaire
auprès de l'électorat francophone tant du Bas-Canada que d'ailleurs dans
les colonies anglaises d'Amérique du Nord, par 35 délégués, dont seulement
4 francophones, savoir Cartier, Hector Langevin, Jean-Charles Chapais et
sir Étienne Taché.

Pour couronner cette belle épopée
démocratique, dont semblent si fiers les prétendus démocrates qui s'en
prennent à la qualité démocratique de la démarche prônée par les partisans
de l'indépendance du Québec, voyons jusqu'où pouvait aller
l'aplat-ventrisme de Georges-Etienne Cartier face à ses maîtres alors que,
le 23 décembre 1869, à l'occasion d'un banquet offert en son honneur et
celui d'Hector Langevin par les négociants de Québec, il s'adressait ainsi
à son auditoire: "Nous ne sommes plus des Francais ici, mais bien des
citoyens anglais parlant francais. Qu'est-ce qui nous a conservés sujets
anglais? C'est cet esprit commercial qui a suivi l'armée anglaise et
multiplié les liens entre nous et l'Angleterre." (Histoire populaire
du Québec, de Jacques Lacoursière, tome trois, page 252).
Tellement fier de
servir ses maîtres qu'il n'avait aucune honte à s'afficher sans vergogne
comme un collaborateur qui brassait des affaires avec le conquérant
anglais. Tellement idôlatre et courtisan qu'il n'hésita pas à nommer du nom
de Victoria, celui même que portait alors la détentrice de la couronne
britannique, le pont qu'il avait fait construire afin que la ligne de
chemin de fer du Grand Tronc, dont il avait été l'avocat, puisse relier
Montréal à Portland, qu'il avait d'ailleurs inaugurée le 28 août 1859, non
pas en présence de la reine Victoria elle-même (quel malheur!), mais avec
son jeune fils, le prince Albert Édouard, alors âgé de 18 ans, qu'elle
avait délégué pour l'y remplacer; cette reine Victoria dont il avait
affligé du nom la troisième de ses filles, mais soulignons à sa décharge
qu'il avait donné le nom de Joséphine à sa première fille (c'était sans
doute à l'époque où il avait encore des remords!).

Évidemment,
Cartier, pour ses bons services, fut récompensé par ses maîtres, qui lui
décernèrent, le premier juillet 1867, par l'intermédiaire de lord Monk,
alors gouverneur-général, le titre de Compagnon de l'Ordre du Bain, ce qui
lui permettait d'ajouter à son nom les lettres "C.B.". Par contre, le même
jour, John A. Macdonald se vit conférer le titre de Chevalier de L'Ordre du
Bain, ce qui lui permettait d'ajouter à son nom les lettres "K.C.B." et
surtout de jouir automatiquement au surplus du titre de "Sir". Cartier en
resta amer. Tant et si bien qu'à l'occasion d'un voyage à Londres, Charles
Tupper attira l'attention du duc de Buckingham sur ce grave et sérieux
problème, de sorte que ce dernier intercéda à ce sujet auprès de la reine
Victoria, qui, en l'absence de vacance chez les Chevaliers de l'Ordre du
Bain, lui conféra le titre de "Baronnet". C'est ainsi qu'il put lui-même
avoir droit, comme Macdonald, au titre de "Sir", auquel donnait également
droit automatiquement le titre de Baronnet.
Avouons que ce titre de
"Baronnet" lui va bien: il y a dans cette appellation quelque chose juste
d'assez grotesque et ridicule qui sied bien à ce maître de la servilité, à
ce père de la collaboration! Ainsi vont les vicissitudes de la vie. Même
les plus grands parmi les hommes n'y échappent point, mais leurs malheurs
sont cependant proportionnels à leur grandeur!
Néammoins Cartier est mort
heureux puisqu'il est décédé le 20 mai 1873 dans son appartement londonien!
Quel paradoxe pour cet ancien patriote qui participa le 22 novembre 1837 à
la bataile Saint-Denis, avant de s'exiler aux Etats-Unis, dans l'état du
Maine, pour ensuite quémander son pardon en affichant sa loyauté à la
couronne britannique dans une lettre adressée en 1838 au secrétaire de
lord Durham, avant quelques mois plus tard de rentrer à Montréal pour
continuer à y exercer sa profession. (Sources: Histoire populaire du Québec,
de Jacques Lacoursière, tome tois, pages 192, 208 et 209,+ Site internet de
Parc Canada)
Tirez-en vos propres conclusions! En ce qui me concerne, il y a
longtemps que j'en ai tiré les miennes!

C'est de tout cela sans
doute, quelques jours avant les fêtes en 2007 de la Confédération, [le 27
juin 2007, dans son éditorial->7440], que monsieur Pratte aurait souhaité que
nous les Québécois soyons si fiers! Fiers de cette idendité de dominés, de
colonisés, de collaborateurs et de vendus!?
Trop peu pour moi et l'ensemble
des Québécois francophones. Nous laissons cela à ceux qui en ont le coeur
et l'ambition!

Gaston Boivin, Baie-Comeau


-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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