Ce texte fait suite à l'opinion publiée par Victor-Lévy Beaulieu dans le Devoir du 14 mai 2011 intitulé ["Ces névrosés que nous sommes"->38138] et aux commentaires des lecteurs publiés sur le site du Devoir.
Victor-Lévy est l'un des plus grands écrivains non seulement du Québec mais de l'ensemble de la francophonie. Son point de vue sur l'élection du 2 mai est celui d'un intellectuel hénaurme.
Quand le citoyen VLB passe à l'action politique, il rejoint notre vulnérabilité et ses échecs ou succès n'ont rien à voir avec la crédibilité de son oeuvre et du libre dialogue qu'il entretient avec la société québécoise. Son texte de samedi fait partie de ce dialogue.
Que serions nous dans le monde si nous n'existions pas dans la littérature ? Aucune société ne peut exister sans être dérangée par ses intellectuels. Avant de bondir sur l'auteur, comme s'ils étaient personnellement injuriés, certains lecteurs devraient prendre un peu de recul face à un texte aussi important et que les historiens citeront encore dans un siècle. Car s'il est une chose dont nous avons besoin ces jours-ci c'est d'arriver à réfléchir ensemble sur ce qui nous est arrivé.
Le texte de VLB, comme plusieurs textes publiés sur la tribune de Vigile, est une contribution essentielle au travail de réflexion que nous devons faire pour nous relever. Il faut prendre de la distance pour réfléchir en particulier à ce que nous dit VLB dont l'intérêt est supérieur à ce qui a été écrit ou dit durant l'ensemble de la campagne électorale. Le miroir de la névrose collective qu'il nous présente est une tentative audacieuse et provocante (on a affaire à un écrivain) d'analyser le mécanisme psychique qui a conduit une masse d'électeurs à voter d'une façon aberrante.
Comment reprocher à VLB, comme à beaucoup de monde, d'être abasourdi devant des vagues de gens qui donnent leur vote à des inconnus qu'ils n'ont jamais vus, jamais entendus et qui ne parlent même pas leur langue de les représenter ? Il faut quand même le faire ! Il y a bien peu d'exemples aussi incroyables dans l'histoire du libre exercice de la démocratie.
Ceux qui prétendent a posteriori démontrer la sagesse de ces gestes doivent aussi accorder aux autres le droit de douter, de poser des questions et d'explorer des hypothèses. À moins d'interdire la pensée et les intellectuels comme dans certains pays totalitaires où le gens votent aussi en vagues.
Il nous aussi faut comprendre et expliquer ce qui s'est passé, parce que quand le peuple trahit les plus fidèles, les plus engagés et les plus honnêtes de ses leaders sous des prétextes volatiles d'envie de changement ou d'autres humeurs, il y a un risque que les leaders perdent à leur tour confiance dans le peuple.
Qu'on l'admette ou non, s'abandonner à une vague, c'est s'étourdir et donner congé à sa raison individuelle. Faire taire les intellectuels n'y changera rien. Des Syriens donnent leur vie ces jours-ci pour acquérir le droit de voter avec lequel nous nous divertissons avec une légèreté insoutenable.
Tir groupé contre l'auteur québécois
À la défense de Victor-Lévy Beaulieu
Ces névrosés que nous sommes
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2011Bonjour M.Tétreault,
Je suis une fan finie de M.Beaulieu. J'ai suivi ces téléromans avec bonheur. Comme on dit, ça travaille les méninges pour comprendre vers où il veut nous amener.
Quand le message déplaît, on se défoule en tirant sur le messager. Ca change rien si on n'accepte pas d'aller voir avant tout au-dedans pourquoi le message nous dérange.
Lise Pelletier
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2011Bravo M. McNichols Tétreault!
Présentement, je ressens un grand malaise d'être Québécois.
La dérive actuelle du Québec n'est pas loin de la dérive d'Haïti qui n'en finit plus de finir.
Mais ici, elle est surtout blanche. Nègre blanc, qu'est-ce que tu fous dans ce monde?
Race de monde qui n'hésiterait pas à brûler les intellectuels sur les abatis de nos ancêtres.
Longue vie à VLB et à son oeuvre.
Saint-Irénée