Tout est affaire de bon sens et de dialogue
4 décembre 2009
Monsieur Larose,
Si nous détruisons nos clochers, c’est parce que nous ne participons plus à nos pratiques religieuses comme nous le faisions autrefois et que nos diocèses sont pour la plupart en faillite technique. Par ailleurs, certaines communautés se sont battues pour conserver leur église par respect pour leur histoire et leur patrimoine tout autant que dans le but de les utiliser ne serait-ce que pour célébrer mariages, baptêmes, funérailles et grandes fêtes de l’année liturgique auxquelles ils veulent encore participer.
Il est vrai que les temps changent, mais « rester sur le plancher des vaches » ne signifie sûrement pas que nous devions interdire à autrui le droit bien légitime d’ériger ses propres lieux de cultes, qu’il s’agisse de mosquées ou de temples. À ville LaSalle, les sikhs ont construit un magnifique temple qui, loin d’être étranger à la culture locale, constitue au contraire une preuve d’intégration et un apport à notre culture. Comme pour les mosquées, contrairement à nous avec nos églises, les gens s’y rassemblent en grand nombre. De plus, ni les musulmans ni les hindous ni les individus appartenant aux différents cultes pratiqués au Québec ne sont des invités. Ils vivent ici et participent à notre vie collective en tant que citoyens québécois. La tolérance n’a rien à y voir, il s’agit plutôt d’une question de respect.
Les minarets ne servent pas à marquer le territoire de l’Islamisme. Que des islamistes s’en servent à cette fin et en détournent le sens premier est une chose, mais la réalité historique nous apprend qu’il n'est pas une obligation coranique. Ils s’inscrivent plutôt, comme pour nos clochers, dans une tradition architecturale pour appeler les fidèles à la prière par la voix d’un muezzin, ou crieur. Le plus ancien minaret se trouve en Afrique du Nord à Al-Qayrawan en Tunisie, il fut construit entre 724 et 727. Le minaret, comme pour nos églises, n’occupe pas un espace privé, mais un espace public et, tout comme nos clochers et les coupoles des temples, indique la présence d’une communauté musulmane.
Personne, que je sache, n’a demandé que soient érigés des minarets au Québec, encore moins qu’y soient assignés des muezzins. En France, la majorité des communautés musulmanes ne désirent pas qu’en soient érigés et ne voit pas l’utilité que pourrait avoir les appels à la prière de leur sommet. Il n’y a dans tout ça rien de gauchiste ni d’élitiste, encore moins qui aille à voir « à cirer » du peuple et de son identité. Ce n’est pas être bien pensant que de respecter nos concitoyens, cultures et religions comprises. Surtout, ça n’enlève rien aux nôtres, ça ne peut au contraire que les enrichir.
Entre une éolienne dans votre cour et un temple, une église ou une mosquée dans un quartier, il y a une différence incommensurable, à moins que vous ne soyez un quartier à vous seul.
Claude G. Thompson