Lettre ouverte au Parti Québécois

Ou l'art consumé de se tirer dans le pied

Tribune libre

Aux instances du parti,

Je suis avec attention la course à la chefferie du parti depuis les annonces des premiers candidats qui se sont présentés pour assumer la très haute, noble, patriotique et essentielle fonction de chef.

Ce que j’entends et surtout ce que j’ai entendu et lu depuis quelques semaines me laisse songeur au point de me demander pourquoi je continuerais à appuyer un parti qui s’autosabote et nous fait la démonstration d’une organisation qui souffre d’un manque flagrant de maturité et de perspective historique; comme si aucune leçon n’avait été tirée des événements qui ont parsemé les cinquante derrières années de son existence.

Quel incroyable spectacle rappelant les tiraillages de cours d’école primaire que l’attitude des prétendants à la chefferie Martine Ouellet et Pierre Céré, qui déclarent haut et fort que Pierre Karl Péladeau ne saurait continuer d’avoir la mainmise sur un empire médiatique et aspirer à la chefferie du Parti québécois. Que dire de M. Céré qui ajoute l’insulte à la bêtise en le soupçonnant de vouloir acheter le PQ tout en demeurant en position de contrôle dans l’empire Québecor.

M. 1% prétend que : […“ M. Péladeau ne peut pas continuer comme ça. Est-ce que “Citizen Péladeau” est en train de se payer un parti politique ? ”…] et ce, en marge du Conseil national péquiste qui se déroulait à Laval en fin de semaine. Aspirer à la position de chef du parti québécois et traiter ainsi un concurrent… c’est de l’imbécillité pure et simple. M. Céré gagne effectivement à être connu. Il n’a plus à nous promettre des surprises durant la campagne à la chefferie; il nous a déjà fait la démonstration de quel esprit d’équipe il sait faire montre et surtout comment il va rendre la vie facile aux ennemis de son parti avec de telles déclarations.

Martine Ouellet tente de brouiller les cartes par des arguments fallacieux voulant que M. Péladeau se soit engagé à mettre ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard s’il est sacré chef. Pourquoi alors ne devrait-il pas attendre jusque-là, sinon pour qu’un tel argument permette à Mme Ouellet de tirer dans son propre camp et discréditer son confrère et concurrent député ? Une autre belle façon d’alimenter le cynisme de ses adversaires politiques.

Se comparer et prétendre que : […«Je pense que comme candidat aussi, il a une décision à prendre..»] sous prétexte qu’elle-même a dû rompre son lien d’emploi avec Hydro-Québec lorsqu’elle est devenue ministre en 2012 est fallacieux et mensonger. C’est petit et réducteur et ça n’annonce rien de bon quant à l’éthique et au respect des faits dont nous sommes en droit de nous attendre de la part de quelqu’un qui aspire à la fonction qu’elle convoite.

Et que dire de Pierre Dubuc, un partisan de Martine Ouellet qui, dans un pamphlet de 150 pages vomit littéralement mensonges par-dessus mensonges, demi-vérités sur demi-vérités, propos réducteurs et analyses tronquées, sous-entendus méprisables et affirmations gratuites qui déforment les fais et transpirent la haine et le désir de vengeance. Avec un pareil allié, comment ne pas se tirer dans le pied et surtout, compter dans son propre filet et nourrir les adversaires du PQ. Autant leur crier d’emblée : « Profitez-en, c’est gratis !»

Plus prudent, Bernard Drainville, s’est démarqué en affirmant que Pierre Karl Péladeau représente la nouveauté et la célébrité, tout en continuant de penser que ce sont les idées qui feront la différence. Ce qui est tout à fait vrai, mais qui ne nous en dit pas davantage sur les idées que véhiculent les prétendants à la couronne. Des affirmations, des prises de position, de grandes lignes facilement malléables pour leur faire dire ce qu’on veut au besoin, mais pas de véritable contenu jusqu’à présent.

Quant à Alexandre Cloutier, il s’en est pris directement au magnat de la presse et des télécommunications en disant vouloir défendre l’héritage de René Lévesque tout en soulignant que ses prises de position passées concernant les syndicats heurtaient de front l’héritage du PQ. Malgré qu’il admette qu’il a reçu un début de réponse et qu’il y a une réflexion de sa part, il n’a pas voulu dire si lui-même en était satisfait, suivi en cela par Bernard Drainville et Martine Ouellet.

Très édifiant, alors que nous nous attendons à un débat d’idées accompagné d’échanges courtois qui permettent ledit débat. Pas à des invectives ou à des sous-entendus malveillants qui ne peuvent nourrir que la haine et le mépris. Nous nous attendons à de la maturité et à des colloques respectueux, qui permettent de faire avancer la raison d’être du Parti Québécois dont l’article premier est « l’indépendance du Québec » et la naissance de l’État québécois par et pour la « Nation québécoise ». Ce n’est pas en s’en prenant stupidement à celui qui pour l’heure emporte l’adhésion de la majorité que naîtra notre pays.

À moins de faire de la politique autrement, jamais l’indépendance ne se fera.
À moins que les choses changent, je ne resterai pas membre d’un parti qui se déchire lui-même de l’intérieur.

À moins d’assister à une course à la chefferie digne du devenir de notre nation, les Québécois ne feront jamais plus confiance au Parti Québécois.

Ce qui serait désolant.

Le seul candidat que je vois et entends se comporter avec dignité est Pierre Karl Péladeau. Et c’est bien dommage parce que c’est ce à quoi nous nous attendons de la part de tous les candidats.

Qu’ils ne se demandent pas pourquoi il est en tête de peloton.


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10 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    12 février 2015

    Au pire (au mieux ?), il resterait le sabordage du PQ et la création d'un nouveau parti sous la Direction de PKP ?

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2015

    Je suis parfaitement d'accord avec les propos de M. Rousseau.
    J'estime qu'on continue à caler ceux d'entre nous qui émergent. Les querelles à la course montrent notre petitesse d'esprit. Comment vaincre l'adversaire s'il se trouve tout autant à l'extérieur qu'à l'intérieur du parti.
    Pourquoi ne pas profiter de l'expérience de patron du seul homme actuellement capable de confronter l'adversaire dans ses retranchements? Nous ne nous battons pas contre les Libéraux mais contre les agences du capitalisme rayonnant. Les moins nantis de notre société se sentiront-ils mieux protégés si nous opposons une mentalité de guerre à l'arbalète contre les chars d'assaut de leurs adversaires? C'est dans ce sens que la sempiternelle référence au lock out du Journal de Montréal me casse les pieds. Tous ces arguments contre PKP font la joie des médias qui montent en épingle nos confrontations revanchardes. N'oublions pas que Radio-Canada est une entreprise d'État fédéral, et que cet État possède les services secrets de la GRC et les rennes de l'armée.
    Changer de domaine d'expertise n'est pas nécessairement une incapacité de s'illustrer dans l'autre domaine envisagé. Un être intelligent comme PKP possède tous les moyens, et financiers et intellectuels, pour relever brillamment les nouveaux défis qui parsèmeront sa route vers le Pays. Maudits peuples de perdants que nous sommes! Arrêtons de nous conforter dans la médiocrité et la sécurité (quel thème porteur pour un Couillard quand il veut noyer la véritable question de la sauvegarde de notre identité!).
    Je m'arrête ici, parce que je sens monter en moi une agressivité qui n'a aucunement cours dans notre population qui recherche un monde idyllique!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2015

    Un Québec indépendant avec des loups de droite je n'en veux pas. Je quitte pour Québec solidaire.

  • Jean Archambault Répondre

    10 février 2015

    Je suis actuellement un membre actif de l'Équipe Péladeau et la venue de PKP au PQ et dans la course à la chefferie nous amène à faire signer de nouvelles cartes de membres chez des individus qui n'avaient jamais été membres d'un parti et chez les jeunes de 18- 35 ans.
    Les candidats à la chefferie doivent se rendre compte que leurs propos toujours négatifs sur PKP sont la nourriture quotidienne des médias anti-PKP (Radio-Canada, La Presse, le Devoir et TVA). Ils font le travail de sallisage des médias et ces derniers ne se privent pas d'être leur caisse de résonance.

  • Peter Benoit Répondre

    9 février 2015

    Honnêtement, je m'attendais à ce genre d'attaques de ces candidats anti-PKP et, quant à moi, ils ne font que démontrer leur insignifiance voire leur incompétence.
    C'est à se demander s'ils ont le désir réel de poursuivre leur carrière politique et, si j'étais PKP, cela me donnerait encore plus le goût de faire le ménage et de recruter des candidats porter sur l'action pour constituer une nouvelle équipe du "tonnerre".
    Par ailleurs, je me réjouis de la position de l'Exécutif du PQ qui insiste enfin pour discuter du projet et de laisser faire la mécanique pour l'instant. Ce qui se passe est très important: Le référendisme-datisme tel que défini par Jean-Claude Pomerleau, va peut-être enfin être enterré. Pourriez-vous imaginer le débat sans PKP dans le décor ?
    Daniel Johnson père disait "Égalité ou indépendance" . Aujourd'hui, il dirait peut-être " Indépendance ou déclin" .

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2015

    Je suis tellement d'accord avec vous, M. Thomson.
    Un spectacle désolant par moment.
    il y a un ménage à faire dans ce parti en commençant par ceux des aspirant(e)s chefs qui se sont déshonorés ce week-end dernier.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2015

    Je crois que ton analyse est fausse, au moins boiteuse. Ce que je regrette le plus c’est le départ de Lisée, il faisait plus le poids que le pauvre Céré dont la cinéphilie laisse terriblement à désirer. Kane, c’est comme tout le monde le sait la dramatisation de la vie de William Randolph Hearst, on est donc plus dans le domaine des Desmarais que de PKP.
    Il faut comprendre que PKP doit se ‘vendre’ au péquiste et à la population en général. Il a monté la barre assez haute, il veut faire un pays. On le croit. Ce ne fût sérieusement le cas qu’avec Parizeau. Les autres piétinaient ou étaient dans le bargaining power constitutionnel.
    Se vendre au péquiste, c’est presque le contraire de se vendre à la population. La dernière n’est nullement ‘progressiste’ et plutôt pragmatique.
    Mais les deux clientèles veulent tester le produit avant de l’acheter. Avec raison, les deux se demandent si PKP peut prendre la ‘pression’ sans sauter les plombs.
    Le PQ a imposé des règles strictes à cette course, presque du sur mesure pour les anti-PKP. Il doit donc gagner dans un environnement hostile. Jusqu’à date il le fait parfaitement. J’ai en tête le lancement de sa campagne à Saint-Jérôme. Ne l’oublions pas, les sous sont comptés et seront tous comptabilisés. La salle choisie est au diable vert, je suis assuré que quelques personnes sont encore au nord de Mont-Laurier à la chercher quelques mois plus tard. Mais c’est en fait un studio de télévision, d’ailleurs elle s’appelle Le studio, dans une école de formation professionnelle et elle est entièrement équipée côté éclairage et projection. Sûrement quelques milliers de dollars d’épargne directe. De quoi rassurer tous les péquistes qui sont proches de leurs sous et d’émerveiller ceux qui ont une idée de ce qu’est l’organisation.
    Oublions le délicieux ‘actionnaire de contrôle de Québecor’. Si joli sous la plume du Devoir qui semble oublier que l’éthique journalistique nord-américaine EXIGE que l’on explique ses liens avec toute entreprise liées lorsque l’on la nomme. Le Devoir devrait donc écrire SYSTÉMATIQUEMENT ‘actionnaire de contrôle de Québecor, qui par ses filiales imprime et distribue le Devoir’. Par générosité, de demandons pas au Devoir de publier ses contrats avec Imprimerie Mirabelle Inc., et Distributions Dynamiques ou encore moins les conditions de paiements des deux. On n’est pas dans le burlesque après tout.
    Donc PKP doit prouver qu’il peut prendre la pression, savoir se défendre, le faire avec humour sans son caustique habituel.
    Il doit aussi démontrer, c’est ce qui fait les grands chefs, qu’il considère normal d’être attaqué, même vicieusement, que c’est une pratique pour les élections. Qu’il ne considère pas ses adversaires comme des ennemies, mais de futurs partenaires.
    En fait il faut revenir plus de quarante ans en arrière et examiner les deux cas les plus semblables à PKP : Trudeau et Bourassa. Les deux devaient se prouver, il y a plus de similitudes entre Trudeau et PKP qu’avec Bourassa. Trudeau étant considérés comme une sorte de cancer néo-démocrate tentant de se greffer aux Libéraux. Quand à Bourassa, faut se rappeler des gentillesses que lui adressait Claude Wagner. Les publiques étaient démagogiques, les privées sentencieuses. Un dénommé Lisée a écrit sur le sujet.
    Donc PKP doit, s’il veut gagner, tenir sa tête au-dessus de la mêlée (comme tu le dis) et faire un George Carpentier de lui-même face aux Frères Vachon qui le frappent de tout côté. Et il doit faire comprendre que la victoire venu, il ne faut pas s’étonner de voir tout le monde prendre une bière ensemble.

  • Villemaire France Répondre

    9 février 2015

    Texte pertinent, merci... mon cher Claude.
    J'ajoute en affirmant qu'il n'y a désormais personne d'autre qui n'est à la hauteur de Pierre Karl Péladeau pour s’asseoir sur le trône. Tant de québécois le constatent, de plus en plus l'approuvent et je met la crédibilité de ceux qui ne le font pas en doute.
    Qui sont-ils ceux qui veulent gagner à tous prix, pour leur propre gloire. Sont-ils vendus aux fédérés ? Font-ils partis de ceux qui bénéficiaient des largesses des Libéraux ou en bénéficient-ils encore ??? Souvenons-nous des déclarations de l'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt a offert son aide à la candidate Claire Le Bel. https://www.youtube.com/watch?v=TREhdzmBxXQ . " "À peine 4 mois après sa spectaculaire arrestation !!!" "... la réalité là, y'a déjà un autre système."
    Nous ne sommes pas tous aussi bien éduqués que PKP ou que certains gens de vous "grands écrivains". Revenez sur terre... Nous sommes si nombreux qui n'avons pas pu, comme certains d'entres vous, profiter d'un temps jadis où l'éducation visait à faire de ses élèves des gens bien élevés et surtout connaissants de leur langue, de leur histoire et unis envers et contre tous.
    Si nombreux sons les ignorants et les "je m'en voutistes"; SANS COMPTER LES ENFANTS VICTIMES DE LA DPJ ET DES MÉDICAMENTS DE TOUT ACABIT... qu'à moins de se réveiller une bonne fois pour toute, nous nous noierons dans l'inculte soi-disante modernité, occupée à se divertir, même en se croyant bien intentionnée de participer à sa façon aux bonnes causes sociales, s'impliquant sur Vigile ou ailleurs, ...en écrivant.
    Moi, comme bien d'autres restons toujours victimes des nombreuses réformes scolaires, creusant le gap entre les générations et-ou entre ceux de différents classes sociales. Et oui, certains arrivent à payer leur loyer et manger sainement. Il y en a même qui voyagent et prennent des vacances.
    Entendez une femme dans la rubrique "Le Saviez-Vous ? Stratégies de manipulation des médias. : http://youtu.be/E3yAbvYq8V0" Voilée, on constate que ce n'est pas toujours ceux ou celles que nous pensons qui sont ignorants.
    Il est plus que temps que nos élus donnent l'exemple, comme tous les êtres d'âge mûre, celle de la maturité du Québec étant 18 ans.
    Ne sommes-nous pas rendu au bout de ce scénario de jouer aux pitres et-ou aux porteurs d'eau ?
    Il n'y a qu'une façon d'y arriver, au lieu de s’insulter en public, à travers les médias sociaux; donnant ainsi à nos ennemis les outils pour continuer de nous diviser.
    Tendons la main à ceux que nous voudrions éveiller, éduquer; mais EN PRIVÉ.
    Vous hommes et femmes bien pensants et connaissants, adoptez-en un ou une de temps en temps pour le ou la faire évoluer tant dans la maîtrise de la langue, de la syntaxe, dans l'art oratoire ou dans la justesse des dénonciations des faits.
    Quand on veut, on peut. @ + FV

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    9 février 2015

    Et pour rassurer les indépendantistes de toute mouture, comme leader de la course, il pourrait laisser espérer une formation rassembleuse dont le nom orienterait l'action vers l'avenir. PourKoiPas?

  • Marcel Haché Répondre

    9 février 2015

    À ce qu’ils disaient, ils voulaient plus de débats pour « brasser des idées »…
    Une p’tite gang de carriéristes qui s’imaginent que la course est un tremplin pour leur petite personne. C’est avec cette sorte de politiciens et politiciennes que le mouvement indépendantiste s’est acquis une réputation de looser !
    Grosse job pour P.K.P.,oui, grosse job. Sans doute que c'est cela qui fatigue tellement les loosers : P.K.P. n'est pas un faiseux...