Une démocratie malade?

Tribune libre

À voir et à entendre ce qui se passe à l’Assemblée nationale, nous ne pouvons qu’être interpellés face au déficit de démocratie dont nous sommes les témoins outrés. Ce qui devrait être le haut lieu de l’exercice de l’administration de nos institutions culturelles et sociales, de la protection de nos ressources naturelles et de notre environnement, de nos valeurs communes, de nos systèmes de santé et d’éducation, de notre patrimoine historique et de tout ce qui fait notre identité nationale se voit transformé en assiette au beurre dans laquelle tout un chacun vient piger allègrement tout en ne songeant qu’à satisfaire ses intérêts propres au détriment du bien-être de ceux qui les ont élus.

Ce haut lieu de l’exercice du pouvoir que nous mettons à la disposition de nos élus afin de nous assurer que justice et équité, valeurs morales et éthiques, respect des personnes et protection de l’intégrité de notre territoire soient appliqués et maintenus, se voit transformé en « Assemblée partisane », en tribunal inquisitoire, en basse-cour où caquetages, jacasseries, verbiage, jactance, commérages et cancans font florès. Pire encore, nous y voyons nos élus s’invectiver, se traiter avec mépris en des propos inélégants, des insinuations indignes et des commentaires accusateurs dirigés contre les personnes qui restent la plupart du temps sans conséquence ni sanctions sous prétexte d’immunité parlementaire.

Ne désirant pas personnaliser le débat davantage qu’il ne l’est actuellement, j’ajouterai que tous nos élus ne répondent pas à ce que je viens d’écrire. Cependant, nous pouvons sans le moindre effort constater que les lignes de partis, les intérêts partisans et la soif du pouvoir en amènent plus d’un à oublier le rôle qu’est le leur et la responsabilité qui leur incombe de travailler à la prospérité de la nation, au bien-être et à la sécurité de ses citoyens, au progrès social, à la pérennité de nos institutions et à leur préservation.

C’est en des termes de ce genre que Pierre Karl Péladeau fit son entrée en politique et c’est pour cette raison qu’il suscita autant d’enthousiasme. Pas étonnant alors de voir comment ont réagi nos politiciens professionnels fédéralistes et leurs collègues assis entre deux chaises à « Caqueter » ou à Quusser (sic) en fonction de leurs seuls intérêts politico-nombrilistes d’où sont exclus le respect de leurs adversaires politiques, le souci d’une attitude éthique, l’honnêteté intellectuelle et la recherche de la vérité. Au lieu de cela, c’est la chasse aux sorcières, les insinuations malveillantes, les accusations par anticipation, l’emploi de la rumeur et les affirmations gratuites.

Je veux bien que soit soulevée la question de l’influence des médias en regard de M. Péladeau, mais certainement pas de façon aussi grossière, aussi malveillante, aussi remplie de partisanerie et de calculs bassement électoralistes. Les engagements auxquels M. Péladeau a affirmé qu’il allait se soumettre advenant qu’il décide de participer à la course à la chefferie de son parti auraient dû suffire pour clore le débat. De vrais parlementaires, dans une vraie démocratie, devraient se comporter en hommes d’honneur et convenir que si les engagements d’un des leurs respectent le code de déontologie et d’éthique des députés, nul n’a de raison de les remettre en question.

Malheureusement, nous ne pouvons, sans passer pour des jovialistes, des idéalistes, sans être accusés d’angélisme, de simplisme (quand ce n’est pas d’être simplet), faire confiance au gouvernement en place pour que les choses se passent autrement. Dans leur cas, le passé est plus que garant de l’avenir.

Rien ne résume mieux l’attitude des parlementaires opposés à l’arrivée de M. Pierre Karl Péladeau que cette remarque de M. André Goyette sous le texte de M. Pierre Boucherd “http://vigile.net/Ce-qu-il-ne-faut-pas-dire” envoyé à la Tribune libre le 9 octobre et que je me permets de citer :

[…“ On entend beaucoup de cris d’orfraie au sujet de M. P. K. Péladeau, de son rôle en politique et de la démocratie. Mais qui y a-t-il de pire : le cas d’un premier ministre qui possède indirectement un empire médiatique (cas hypothétique de M. Péladeau) ou un propriétaire d’empire médiatique qui possède indirectement un premier ministre (cas de Power Corp. et de M. J. Charest)?...]”

Nous sommes encore à une fois témoins de l’éclatante vérité contenue dans l’enseignement que le Christ nous transmis lorsqu’il parla de la paille que l’on voit dans l’œil d’autrui tout en demeurant aveugle à la poutre qu’on a dans le sien.


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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2014

    Il est erroné de parler de démocratie au Québec car la réalité en est une plutôt de dictature de la minorité.
    Lors des dernières élections 58% des électeurs une majorité net n'ont pas voté pour le partie au pouvoir et par conséquence dans notre pseudo démocratie cette majorité net na qu'une maigre représentation minoritaire sans aucun pouvoir législatif réel.
    Belle démocratie n'ai ce pas ou la majorité des électeurs ne peut exercé aucun pouvoir.
    Sans se doter d'une proportionnel il n'y aura jamais au Québec une démocratie digne de ce nom.

  • Pierre Grandchamp Répondre

    12 octobre 2014

    Les gens d'affaires ont beaucoup de difficultés à s'adapter au monde politique.
    De un, avec son poing levé, à contretemps, PKP a fait dévier la campagne du PQ.
    De deux, une fois entré à l'Assemblée nationale, le voici rapidement mêlé à une situation de conflit d'intérêts.
    Le sens politique est un art!

  • Claude G. Thompson Répondre

    11 octobre 2014

    @ Jean-Pierre Belisle.
    M. Belisle, de grâce, ne confondez pas les enseignements ou encore, les errances de l’Église Catholique avec le sens profond et universel des paroles du Christ. Rien dans ce que j’ai écrit ne fait référence à quelque lien que ce soit avec l’idée même de religion; Vatican et église universelle comprise. Quant à la démocratie, jusqu’à nouvel ordre, c’est un idéal que l’humanité poursuit depuis des millénaires et seuls les hommes sont responsables des défaites qu’elle n’a cessé de subir.
    Le crucifix de l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec mes propos et n’amène rien de valable tout en déplaçant le débat vers des questions dont la portée et la valeur didactique n’apportent rien à la trame des événements dont nous discutons ici.
    De même pour votre citation finale que je trouve réductrice et mal avisée.
    Sans rancune : “Asinus asinum fricat.”
    Claude G. Thompson

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    11 octobre 2014

    « Démocratie malade » dites-vous? ... Sans faire référence à la démocratie athénienne ou à celle du Paradis terrestre, pourriez-vous nous indiquer à quelle époque et sous quel forme d’État la « démocratie » aurait été saine et bien portante?

    En ce Monde contemporain globalisant, existe-t-il un seul État où la démocratie ne souffrirait pas d’un « déficit » ? Et s’il n’en existe pas, en quoi alors « l’éclatante Vérité des enseignements de Jésus-Christ » pourrait-elle changer la donne? L’État du Vatican et son Église universelle pourraient-ils servir d’exemple organique, vivant et éternel de la « vraie démocratie »?
    La grossièreté, la partisannerie et l’hypocrisie de certains parlementaires portent-elles atteinte aux enseignements du Christ, dont le crucifix est suspendu ostentatoirement à l’Assemblée nationale ?

    Et ce crucifix, du reste, est-il là pour rappeler aux parlementaires qu’ils doivent se comporter en bons chrétiens - ou encore - pour rappeler à tous la sujétion du peuple Québécois à la couronne britannique de droit divin en alliance avec l’Église Catholique et à la « primauté de Dieu » dont le principe fondamental est inscrit dans la constitution canadienne?
    Mon cher Pierre-Karl, il semble bien que tu ne l’auras pas facile. Rappelle-toi (mutatis mutandis) cette expression du Christ : « Je vous le dis, il est plus aisé pour un chameau d'entrer par le trou d'une aiguille, que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »

  • Marcel Haché Répondre

    11 octobre 2014

    P.K.P. n’a pas besoin de la politique. Je veux dire par là que, pour lui, faire de la politique, ce n’est pas le prolongement de faire des affaires. Si cela avait été son projet, de compléter ses affaires par la joute politique, il lui aurait été plus facile de choisir un tout autre véhicule que le P.Q., en fait n’importe lequel parti qui n’aurait pas eu une Cause.
    P.K.P. a choisi le P.Q. parce qu’il croit à une Cause qui Nous dépasse tous et qui le dépasse lui-même. Je sais que je « décline » souvent l’honneur. Je sais aussi que notre démocratie préfère maintenant les comptables et les statistiques. Mais j’ai trouvé réconfortant et même tout à fait révolutionnaire qu’un homme aussi puissant puisse affirmer qu’il pourrait s’« engager sur l’honneur » à propos d’une mise en fiducie de ses actions. Qu’une telle affirmation provenant d’un tel personnage ait pu être source de moquerie indique assez bien à quel déficit démocratique Nous sommes rendus.
    Et l’indépendance ne pourra jamais se faire sans un Redressement National. Il n’a qu’à voir cette gauche misérable s’allier avec la droite la plus radicale. Il n’a qu’à voir ce qu’il y a de plus lâche parmi Nous, cette presse aux ordres-- oui, oui, de plus lâche parmi Nous-- s’unir contre P.K.P. qui a cette fâcheuse idée de rester digne.

  • François Ricard Répondre

    11 octobre 2014

    Les véritables maîtres d’un journal sont: le propriétaire, l’éditeur et le chef de pupitre.
    Ce sont eux qui imposent la direction générale et la ligne de conduite aux journalistes.
    Et quand un journaliste ne respecte pas la ligne de conduite dictée, on a tôt fait de le mettre au pas. D’aucuns connaissent la déconvenue d’un journaliste de l’un de nos principaux médias qui a osé écrire quelque chose jugé dérogatoire envers son propriétaire..Il fut rétrogradé illico à la colonne des chiens enragés et des soirées de bingo. Il fut en pénitence pendant près d’une année. Ré-installé en poste, il n’a plus péché par après.Et vous le connaissez fort bien.
    Une règle en or: il ne faut jamais présenter une nouvelle qui pourrait faire perdre les plus gros annonceurs. Du moins, jamais la présenter en une manière que les annonceurs jugeraient inacceptable. La réclame avant l’information.
    Tout cela nous donne une information tronquée, manipulée, corrigée. À tel point, souvent, que ça en devient de la désinformation.
    Depuis des années, les Desmarais, propriétaires de LaPresse, du Soleil et de nombre d’hebdos en province, ouvertement, commandent à leur sbires de la page éditoriale d’appuyer le fédéralisme et de rejeter l’indépendantisme. L’information au public est donc déformée en passant par ce prisme déformant.
    Pourtant, nos élites politiques, tout amants de la démocratie qu’ils soient, acceptent cet état de chose.
    À quand un tribunal de presse qui forcerait les propriétaires , tous les propriétaires, Desmarais et Péladeau,à demeurer neutres et assurerait aux journalistes la véritable liberté de presse.
    Répondre ↓

  • Stéphane Sauvé Répondre

    11 octobre 2014

    Merci Peter pour ce commentaire. C'est rarissime, même ici sur Vigile.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    10 octobre 2014

    Oui, il faut diffuser cette réalité, que l'Infoman a osé proclamer ce matin à radiocanne même: L'erreur de PKP, de fut de se présenter lui-même en politique au lieu de suivre le modèle commun à notre société: les gens influents médiatiquement font élire leur pantin, qu'ils font agir ensuite à leur volonté. L'animateur de l'émission semblait frémir dans ses culottes!

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2014


    « Nous sommes encore à une fois témoins de l’éclatante vérité contenue dans l’enseignement que le Christ nous transmis lorsqu’il parla de la paille que l’on voit dans l’œil d’autrui tout en demeurant aveugle à la poutre qu’on a dans le sien. »
    Belle remarque! Merci!
    Hé oui! Éclatante vérité de notre monde de dualité! D’un bien et d’un mal arbitraire élastique qui change selon l’intérêt personnel des belligérants assoiffés de pouvoir!
    En quelque sorte, Pierre Karl Péladeau est aussi un miroir qui réfléchit leur propre image aux vierges offusquées effarouchées criant leurs désarrois et leurs indignations, sans réaliser qu’ils sont eux-mêmes les artisans de l’état de fait du contrôle de la presse au Québec qu’ils reprochent à Pierre Karl Péladeau!
    Pour les USA, la Russie agresse l’Ukraine, en fait, c’est les USA qui agressent la Russie par voie interposée. Les USA accusent la Russie d’impérialisme, lorsqu’en fait, ce sont les gouvernements successifs américains qui tirent les ficelles de l’OTAN toujours plus vers l’est de l’Europe à la frontière de la Russie. Les USA voient l’axe du mal « Syrie-Irak-Iran » comme le mal absolu, sans réaliser que pour ces peuples ils sont eux-mêmes le mal.
    Lorsqu’on veut décoder nos médias aux ordres maintenant, la recette est très simple, on prend ce qu’ils disent, on le retourne à l’envers, et là il y a de très forte chance que l’on se rapproche de la vérité.
    Tant que nos politiciens débattront en bien et en mal face à un « autre » quelconque, il n’y aura pas de paix sur la terre, et la guerre, la force brute des armées, la manipulation, le contrôle médiatique, le mensonge, le jugement, par manque d’arguments et de réalisation personnelle, seront les seuls outils utilisés.
    L’Unité, l’Universel dans l’Homme, ne pourra s’établir, que lorsque les hommes auront transcendés le bien et le mal, l’action-réaction, la cause et l’effet, pour aller au-delà, où seul l’Amour entre les nations, les peuples et les hommes subsistera.
    Faut croire qu’à force de se taper sur la gueule, et de s’invectiver, de se juger les uns et les autres, la transmutation opérera, et que les hommes sur cette terre finiront par réaliser l’insignifiance de leur raison partisane manichéenne qui sépare tous les hommes entre eux, alors qu’en fait ils ne sont qu’UN et Amour.
    Il n’y a que la réalisation de l’Unité entre tous les Hommes de la terre qui finira par résoudre l’équation de la dualité sur cette terre. Et nous sommes encore à la phase des combats de coq! Le voir c'est déjà ne plus être concerné par ce jeu futile! C'est déjà s'en détaché en tant qu'acteur!