Voulez-vous que le Québec soit un pays indépendant? Oui ou non.

Tribune libre - 2007

Voulez-vous que le Québec soit un pays indépendant? Oui ou non.
Voilà la question qui devrait être posée aux Québécois lors d’un éventuel
référendum sur l’indépendance du Québec. Il ne convient pas d’utiliser le
terme « souveraineté », car la souveraineté appartient au peuple, et il ne
convient pas d’utiliser la formule « acceptez-vous », car il n’est pas
question d’acceptation, mais de la volonté du peuple souverain.
La souveraineté n’appartient pas à l’État, mais en démocratie, au peuple.
Le Québec, ou plutôt, les Québécois, sont donc déjà souverains, et ils ont
manifesté cette souveraineté en décidant de rester dans la fédération
canadienne au dernier référendum de 1995. La question à l’ordre du jour est
de savoir si le peuple veut que l’État du Québec soit un État indépendant,
politiquement, et donc si les Québécois veulent que le Québec soit un pays
indépendant.
De plus, ce qui constitue un argument péremptoire, il est nécessaire de
dissocier l’indépendantisme du souverainisme, le souverainisme dans la
psyché québécoise étant indissoluble du Parti québécois. L’indépendantisme,
pour sa part, affirme que l’indépendance nationale n’est et ne peut pas
être dépendante d’une conditionnalité de partenariat ou d’association avec
le Canada.
Autrement dit, il n’est pas exclu a priori de négocier une entente
quelconque avec le reste du Canada, ce sera en fait nécessaire, puisque
nous sommes voisins, des deux côtés, mais l’existence de cette entente,
quelle qu’elle soit, ne constitue pas un pré-requis à l’indépendance
nationale. C’est une question à régler après la Déclaration d’indépendance
du Québec.
Certains suggèrent d’utiliser la formulation « Acceptez-vous que ...»,
mais ce qu’il faut plutôt utiliser comme formule interrogative dans la
question référendaire, c’est plus clairement « Voulez-vous que », car c’est
bien de la volonté du peuple qu’il s’agit, et non son seul consentement à
des projets tricotés par des élites qui se prennent pour le peuple. Le
peuple n’a pas à accepter d’être indépendant, il doit le vouloir, et sa
volonté, en démocratie, est souveraine.
David Litvak
NB Ce sujet a aussi été discuté dans les commentaires de l’article suivant
[La-trilogie-de-Pauline-Marois->9548].
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

Squared

David Poulin-Litvak51 articles

  • 41 877

[Campagne pour une Assemblée citoyenne sur la réforme du mode de scrutin au Québec ->http://www.assemblee-citoyenne.qc.ca/]





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2007

    Sans vouloir faire du "oeil pour oeil, dent pour dent" avec l'épisode du référendum de 1995, je n'ai plus confiance en la voie référendaire, tout simplement.
    Si en 1995 nous pouvions espérer gagner à 51%, probablement cela serait arrivé si on aurait pas été volé, en 2007 ce chiffre me parait très très improbable à atteindre puisque plein d'immigrants sont arrivés depuis, juste pour les 4 prochaines années, charest parlent d'en faire entrer 220 000 de plus, soit 55 000 par année, ce qui représente 3% de la population du Québec. Dans les 12 dernières, je n'ai aucune idée du nombre d'immigrants qui sont entrés au Québec mais cela s'ajoute à mon calcul.
    En 2007, la meilleure et probablement la seule voie qui reste pour faire l'indépendance est la voie électorale, ce que propose le PI.
    Il faut se poser la question si on veut faire l'indépendance ou faire un référendum......
    Puisque de toute façon un référendum ne serait pas reconnu, chrétien vient de nous le prouver, battons-nous à la place avec un gouv. indépendantiste majoritaire pour nous faire reconnaitre par la communauté internationale au lieu de nous battre contre le gouv. canadian.
    Tant qu'à mettre de l'énergie quelque part, mettons-la à la bonne place.

  • David Poulin-Litvak Répondre

    14 octobre 2007

    Cher M. Sénéchal,

    Merci pour votre commentaire, et votre invitation. Je suis d’accord avec vous sur le PQ, je dis personnellement que c’est un parti de surfers, qui fait du surf sur la vague indépendantiste au Québec.

    Cependant, sur le processus formel pour concrétiser l’indépendance, je me permets de proposer une solution alternative, que je présente, sommairement, dans le texte suivant:
    L'indépendance par voie délibérative
    http://www.pressegauche.org/spip.php?article842
    Ceci dit, je suis contre un référendum à l’initiative du gouvernement. Ce n’est donc pas de quoi il s’agit lorsque je propose un référendum. La voie délibérative me semble particulièrement intéressante pour réveiller la fibre indépendantiste en provoquant un large débat sociétal au Québec sur la question.

    Cette option me semblerait du moins intéressante à étudier, mais je ne suis pas sûr que le PI soit prêt à tenir un débat réel sur le mode formel d’accession à l’indépendance. La position des fondateurs semble assez claire: l’élection référendaire.

    Cette option, quoique je ne me gêne pas de la critiquer fortement, a l’avantage de l’efficacité, mais je crains franchement une guerre de légitimité. Il ne faut pas donner des armes aux fédéralistes pour qu’ils sèment le trouble en attaquant la légitimité du processus.

    Il y a cependant deux points que je ne mentionne pas dans l’article susmentionné. Le premier est que si le pourcentage de voix pour l’indépendance aux élections dépasse sensiblement le 50%, disons, 52 ou 53%, idéalement 55%, eh bien, statistiquement, les chances sont que les abstentionnistes, habituellement quelques 20-30% des votants, n’auraient pas fait pencher la balance de l’autre coté.

    Le second est que le référendum de 1995 a été volé, et donc que l’on pourrait être tenté de justifier le voie accélérée de l’élection référendaire par le principe d’oeil pour oeil et dent pour dent. Je dis que l’on POURRAIT être tenté, sans dire que je tombe dans cette tentation, pour l’instant, du moins. La raison est que je crois que la voie délibérative serait, en fait, plus prometteuse, stratégiquement parlant. Elle pourrait augmenter les niveaux d’appuis à l’indépendance, et jouirait d’une légitimité incontestable.

    Remarquez que je ne suis pas bucké, mais bien prêt à en discuter, s’il y a toujours place au débat au sein de ce parti. (Malheureusement, ce devra être par voie électronique, car je ne réside pas ces temps-ci au Québec.)

    Peut-être un forum sur Vigile des grandes questions indépendantistes serait-il opportun? Celle-ci me semble quand même être parmi les plus importantes. Je défendrai la position de l’article susmentionné, sachant que je pars de loin, personne, à ma connaissance ne défend cette position, car elle relève de processus politique très moderne, la démocratie délibérative. Néanmoins, je crois que cela puisse contribuer positivement au débat. Pourquoi ne pas mettre tout sur la table :

    - Référendum à l’initiative du gouvernement (PQ)
    - Élection référendaire (PI, MES, RIQ)
    - Constituante élue (QS)
    - Initiative populaire (J-H Guay, ADQ dans le passé)
    - Assemblée citoyenne (D. Litvak)

    Bien cordialement,
    David Litvak