Lorsque l’élite fait défaut...

Car, à ma connaissance, vous êtes encore des soumis, des dominés, des hommes qui ne se tiennent pas debout, et qui se font abattre s’ils le font.

Tribune libre

La fête « nationale », pour les indépendantistes, devrait être un moment de recueillement. De retrouvailles, certes, et de célébrations, aussi, mais de profonde réflexion, sur l’état de la nation. Le problème, voyez-vous, c’est qu’il faille bien admettre que le « nationale » de la fête, a été mis entre parenthèses. La nation québécoise n’existe pas, avec la certitude des autres nations. Ce n’est pas dire qu’il n’y a rien, il y a plus qu’un germe, qu’une idée, qu’un vague sentiment, mais il n’y a pas d’État. Et sans État, indépendant, le Québec n’est, sur la carte du monde, qu’une note de bas de page, celle qui dit que le Canada est un pays « bilingue », multiculturel.
Or, nous ne ferons pas l’indépendance sans outil : il nous faut, tout d’abord, une élite digne de ce nom, qui ait à cœur sa culture. Or, l’élite québécoise, en grande partie, se prostitue allègrement au Canada, à l’anglais, aux impératifs d’une mondialisation-recolonisation. Et lorsque l’élite fait défaut, une nation digne de ce nom doit avoir un peuple qui puisse s’assumer en tant que peuple. Se prendre en main. Or, que voyons-nous, chez ce peuple, sinon qu’une propension à l’oubli, au lieu d’une propension au combat, qu’une propension à se saouler, se droguer, oublier sa souffrance, enterrer ce qui ne s’enterre pas, au lieu de déterrer son mal, et d’en faire l’impulsion de sa propre libération.
La Bible dit : Naîtra celui qui sera comme un guide pour les siens. Il ramènera les Israélites vers le droit sentier. Il ne prendra ni vin, ni boisson forte. Le Baptiste. Et voici qu’au jour de sa fête, vous, Québécois, vous saoulez ! vous droguez ! Et faite honte à la mère qui vous a donné la vie, et au père qui a, en vous, insufflé son esprit. Car votre mère, c’est cette terre. Et ce père, c’est le mystère de la vie, son sens sacré. Si vous voulez vous droguer, vous saoulez, vous réduire à ce que vous n’êtes pas, ayez au moins l’honnêteté de nommer les choses comme elles sont, et d’appeler votre fête celle de la non-nation. Car, à ma connaissance, vous êtes encore des soumis, des dominés, des hommes qui ne se tiennent pas debout, et qui se font abattre s’ils le font.
Rappelez-vous des grands libérateurs et des grandes libérations : celle du Christ, en Galilée, celle de Muhammad, en Arabie, celle de Gandhi, en Inde, celle de Martin Luther King, aux États-Unis. Y a-t-il eu un seul libérateur qui ne croyait pas à quelque chose qui le dépassât ? Y a-t-il eu un seul de ces grands personnages, fondateurs de civilisations, fondateurs de grands pays, refondateur des États-Unis, qui n’était pas, en fait, croyant ? En a-t-il un seul qui se soit plié devant la mort ? Qui se soit écarté du chemin ? Martin Luther King, la veille de son martyre disait : Me voici sur le Mont du destin ! Et, je vous le dis, je peux voir la Terre promise, celle de la liberté. Je n’y serai peut-être pas avec vous, mais je la vois de mes yeux : I have seen the promised land. Parce que vous êtes ignorants, vous ne vous rappelez que de son rêve. I have a dream. Mais il avait aussi vu la mort, face-à-face, et il n’a ni baissé les yeux, ni porté son regard vers les choses de la Terre. C’est ainsi que se comportent les hommes de Dieu.
Jacob David Poulin-Litvak

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[Campagne pour une Assemblée citoyenne sur la réforme du mode de scrutin au Québec ->http://www.assemblee-citoyenne.qc.ca/]





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juin 2011

    En effet monsieur,
    Comme disait Léon Dion : "Nous générons nos propres
    bourreaux." Il pensait sans doute à son fils Stéphane.
    Une preuve extrême de ce que vous nous décrivez :
    http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/theroyalfamily/8601657/Make-Prince-Harry-our-king-say-Canadian-monarchists.html
    Plus royaliste, plus traître qu'Étienne Boisvert, c'est de
    l'auto-combustion. Remarquons de plus que la "Fête
    Nationale" redevient "La Saint-Jean" puis "La Saint-
    Jean-Baptiste", tout comme pendant la grande noirceur.
    "Mais on fête le Québec, OK lâââ !?" Mouais, mouais, en
    parodiant un moment qui aurait pu être le plus important,
    le plus "déclencheur", de notre histoire récente, et en le
    réduisant à une amusette pour consommateurs en mal
    d'évasion "plein d'fun", et surtout pas plus :
    http://www.vigile.net/Vive-Le-Quebec-Libre-Dullin-Beatz

  • Christian Montmarquette Répondre

    27 juin 2011

    Mais Monsieur Litvak,
    Auriez-vous troquer la politique pour les ordres ?
    J'avoue qu'il est parfois difficile de départager qui sont les plus illuminés...
    Mais juger les autres n'aura jamais été un des messages du Christ en tous cas.
    Christian Montmarquette

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juin 2011


    Pourtant, nous avons été reconnus comme un peuple en
    1774 par l'Acte de Québec.
    Nous avons été reconnus Nation par Durham dans son
    Rapport de 1839.
    Nous avons été de nouveau reconnus Nation par une
    motion du Parlement d'Ottawa le 29 novembre 2007,
    certes, sur le moment, dans un Canada "uni" mais
    sans spécifier que cette unité signifiait inféodation
    au gouvernement arbitraire d'Ottawa, que le Canada
    anglais remet en question alors que nous restons
    paralysés dans nos peurettes.
    Les Actes se font et s'accomplissent mais nous ne
    les voyons pas.
    Salutations cordiales
    René Marcel Sauvé

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juin 2011

    Je suis d'accord avec vous. Et vous oubliez Nelson Mandela qui a tant souffert pour la libération de son peuple.
    Il n'y a rien à fêter pour l'instant. Nous sommes en guerre pour notre survie comme peuple et comme nation. Ou nous nous battons ou nous disparaissons de la surface de la terre comme nation, assimilée par le "Canedas" anglais.
    Et cela ne rendra pas service à l'humanité et à tous les peuples qui luttent pour leur liberté.
    Pierre Cloutier