Les électeurs québécois devront répondre prochainement à la question ci-dessus posée en comparant les offres de politiques des partis et en décidant quel est le parti qui correspond le mieux à leur conception du bien commun ou de l’intérêt national, sans parler de leurs intérêts particuliers. Cette évaluation est complexe et exige un examen des valeurs qui servent de critères de jugement.
Le droit de vote est la clé de voûte de la démocratie de représentation parce qu’il permet aux citoyens de participer activement au processus politique. Nous avons ainsi la possibilité d’exprimer librement ce que nous pensons, de confier notre pouvoir d’électeur au parti qui représente le mieux nos convictions quant au bien de la nation. Nous pouvons ainsi faire sentir le poids de notre volonté dans les prises de décisions collectives. Mais le principe de représentation suppose que les acteurs qui participent au débat électoral, tant les électeurs que les partis, adoptent la cohérence comme valeur cardinale. Comment, sans cohérence, pourrait se tisser le lien de confiance entre le citoyen et son représentant ?
Sens du vote biaisé
Comment le citoyen pourrait-il se fier à des partis qui par tactique électoraliste travestissent leur projet politique pour prendre le pouvoir ? Si nous élisons des partis pour nous représenter, il faut être en mesure de savoir s’ils seront fiables dans leurs décisions et s’ils respecteront notre conception de l’avenir. Que vaudrait notre vote s’il était utilisé par la suite contre notre volonté politique ?
Le scrutin uninominal complique les choses, car il tend à concentrer les votes sur deux ou trois partis, ce qui biaise le sens du vote. On incite les électeurs à mettre leur cohérence au placard et à adopter une attitude dite stratégique en votant non pas en fonction de leurs idées, mais pour le parti qui peut gagner l’élection.
Cette logique amène l’électeur à se trahir soi-même en votant pour un parti qui ne reflète pas son idéal et à être trahi ensuite par l’action de ce parti qui sera élu grâce à ces mêmes votes. Tel est le destin qui guette les électeurs qui donnent leur vote en désespoir de cause pour battre le gouvernement sortant.
Ils choisissent alors de faire taire leur conscience et leurs convictions pour supposément favoriser le moindre mal. Ils dévaluent eux-mêmes leur conscience politique au profit d’une stratégie dont l’effet sera de les nier politiquement. C’est un bon calcul stratégique pour les partis établis, mais un très mauvais calcul pour ceux qui veulent promouvoir d’autres visions de l’avenir et aspirent à des changements fondamentaux.
Épouvantail à moineaux
Ce problème politique est vécu intensément par les indépendantistes qui se demandent s’il ne vaudrait pas mieux mettre tous leurs oeufs dans le panier du Parti québécois pour ne pas diviser le vote et risquer de faire réélire le Parti libéral. Les chantres de l’unité péquiste tentent de ramener au bercail les militants qui depuis quelques années cherchent à offrir une solution de remplacement à ce parti qui a trahi sa mission historique en mettant au rancart sa raison d’être souverainiste, en la dévoyant dans une fictive gouvernance autonomiste.
Pour faire oublier ses propres turpitudes, le discours péquiste se sert de celles du gouvernement libéral comme épouvantail à moineaux en présentant l’élection des libéraux comme une abomination menaçant l’intérêt national. Ce parti, qui n’a pas su rassembler par des objectifs constructifs les militants progressistes et indépendantistes, tente de les rallier par la peur en leur demandant de renier leurs convictions pour battre les libéraux. Il incarne encore une fois la politique du renoncement pour mieux nous enfermer dans la pusillanimité et la procrastination. Il ne faut pas se laisser duper par ces appels à l’unité contre l’empire du mal qui n’ont d’autres raisons que d’enrayer et de museler toute force de renouvellement du discours indépendantiste. Ce sont les virages opportunistes du Parti québécois qui ont engendré l’émergence des nouveaux partis Québec solidaire et Option nationale, il doit assumer les conséquences de ses choix et ne pas faire porter aux autres le poids de ses incohérences.
Subordination au système fédéral
Même si le Parti libéral a une lourde part de responsabilité dans la déliquescence de la société québécoise et mérite d’être sanctionné, il ne faudrait pas oublier de dénoncer ceux qui sont les véritables ennemis du Québec, ceux qui nous rabougrissent collectivement.
Le PQ se montre bien timide lorsqu’il s’agit de combattre notre subordination dans le fédéralisme canadien. Il cautionne en réalité ce système aux yeux des électeurs en s’enfermant dans une logique provincialiste. Il n’est pas différent du Parti libéral et de la CAQ, en faisant comme si les problèmes du Québec ne dépendaient pas de son statut politique. L’oeuvre de salut national passe par un travail de vérité sur notre statut national que seuls des partis authentiquement indépendantistes peuvent faire.
Si on suivait le raisonnement des apôtres de l’unité péquiste, aucun nouveau parti ne pourrait voir le jour puisque la nécessité de battre les libéraux sera toujours à l’ordre du jour. L’unité pour recommencer à tergiverser, non merci.
C’est en menant le combat pour nos idées que tout devient possible. Notre vote est trop précieux pour le gaspiller en le donnant à un parti qui ne représente pas notre vision de l’avenir du Québec sous prétexte qu’il faut à tout prix battre le gouvernement sortant. Suivre cette logique du vote « utile » en faveur des partis dominants, c’est s’enfermer dans la déception et l’impuissance chronique, c’est brader son droit fondamental pour les illusions du pouvoir provincial. Un vote pour Option nationale est un vote utile pour la suite du combat national.
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Denis Monière - Vice-président au programme d’Option nationale et candidat dans Sainte-Marie-Saint-Jacques
Élections
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