FÉDÉRALISME

Amir Attaran ou Lord Durham?

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Attaran dit tout haut ce que le Canada anglais pense tout bas.


Les récentes déclarations du professeur Amir Attaran, qui décrivait le Québec comme un « Alabama du Nord » dirigé par des suprémacistes blancs, révèlent le visage haineux du wokisme.  


Ce discours, supposément inclusif, devient hargneux et méprisant face à la différence québécoise, pourtant minoritaire en Amérique du Nord. Pourquoi ne célèbre-t-il pas le fait français minoritaire en Amérique? Parce que, derrière son vernis tolérant, le wokisme est un impérialisme anglo-saxon. 


Un impérialisme américain


Il ne faut pas s’y méprendre, la vision racialiste de la société que veut nous imposer une certaine gauche est profondément liée à l’expérience américaine et à son histoire, souillée d’un esclavage institutionnel qui lui est propre. 


La division mentale de la société entre les « races » qui est son cadre d’analyse est loin d’être adaptée à une nation comme le Québec, dont l’histoire se base plutôt sur un clivage entre anglophones et francophones. De la même manière, le modèle d’intégration québécois, axé sur une culture commune à laquelle les nouveaux arrivants sont invités à se joindre, est profondément incompatible avec un modèle de société fondé sur l’appartenance « raciale », dont il est impossible de s’extirper. 


C’est là le grand paradoxe du wokisme : il se dit décolonial, mais a pour projet d’imposer à l’Occident tout entier l’histoire américaine pour le penser en ses termes. Ainsi, l’anglais est vu par ces militants comme la langue par excellence de l’émancipation, passage obligé pour atteindre « l’inclusion » maximale. Quant à lui, le français serait intrinsèquement oppressif, car trop « genré », et il faudrait le dénaturer par « l’écriture inclusive » pour le ramener dans le droit chemin. Le Canada anglais, cour arrière de l’Empire américain, se fait aujourd’hui la courroie de transmission de cette idéologie toxique au Québec. 


Le retour de Durham


On retrouve dans le propos des Amir Attaran de ce monde le même mépris pour les Québécois qui était celui de Lord Durham : résidu périmé appartenant à un passé révolu, nous devrions nous assimiler à la vertueuse culture anglophone pour gagner nos lettres de noblesse et enfin être à égalité avec les autres peuples. 


Que ce soit par une assimilation pure et simple ou par une adoption de la lunette historique et sociétale anglo-saxonne, ce discours impérialiste nous propose de renier notre différence au nom du progrès et de l’élévation. 


Voir le Québec à travers la lunette woke, c’est nous regarder à travers les yeux de l’Autre plutôt que de développer notre propre modèle de société. 


La protection du français, la laïcité et l’universalisme sont autant de concepts incompréhensibles pour ce bulldozer anglo-saxon qui souhaite étendre son Empire homogénéisant à tout l’Occident. 


Voilà pourquoi il importe de refuser une vision du monde qui ne nous ressemble pas et de continuer à développer un modèle de société original en Amérique. « Peuple sans histoire et sans littérature » ou « Alabama du Nord », c’est du pareil au même. 






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