Vivement un mouvement indépendantiste québécois fort

Lorsque le dominé s'écrase et réduit ses ambitions, le dominant gagne en arrogance

Vers une crise annoncée - Québec 2008 - dossier linguistique - canadianisation outrancière - déconstruction du "modèle québécois"

Lorsque le dominé s'écrase et réduit ses ambitions, le dominant gagne en arrogance.

C'est en ces termes qu'il convient d'interpréter la mascarade qui a eu lieu cette semaine en France à propos des fêtes du quatre-centième de Québec.

Quand je parle d'écrasement, cela inclut, bien sûr, l'actuel gouvernement québécois qui pratique une intendance provinciale totalement dénuée de sens national et pleinement subordonnée au pouvoir canadien.

Mais il faut aussi compter, dans les acteurs du repli provincial québécois actuel, le Parti québécois qui a saboté lui-même son propre projet de souveraineté, pour adopter plutôt une démarche de quémandage intra-fédéral, vaguement semblable à celle de l'ADQ.

En bref, les péquistes et adéquistes ressemblent aux nationalistes libéraux et unionistes d'autrefois, et les libéraux, eux, sont plus inconditionnellement canadiens que jamais.

On s'étonnera ensuite que la gouverneure générale du Canada, élue par personne et qui plane à haute altitude dans les vapeurs de cette fonction archaïque et grotesque, vienne de façon anti-démocratique faire de la politique en déclarant aux Français qu'elle veut " faire du Canada une authentique nation ", et leur demander de " regarder au-delà du Québec ".

Le propos et la démarche de cette représentante d'une monarchie qui a justement annexé la nation française d'Amérique, depuis quoi cette nation se rétrécit de façon ininterrompue, sont indécents à leur face même, indépendamment de ce qu'ils signifient sur le fond.

Si madame Jean veut fabriquer des " nations authentiques ", et donner des conseils aux gouvernements étrangers, qu'elle fasse du porte-à-porte et se fasse élire. Ce serait la moindre des choses. Et encore là, si elle n'était que simple députée, ce qui serait déjà infiniment plus légitime politiquement que son poste honorifique actuel, ses élucubrations ne seraient pas ainsi colportées à grande échelle.

Pendant ce temps, nous pouvions entendre aujourd'hui le maire de Québec -- ville dont on devait célébrer l'anniversaire et l'histoire, avant que tout ça ne tourne en une indigeste bouillie de mise-en-marché d'une pseudo-identité canadienne qui n'essaie d'exister qu'au Québec -- réclamer le droit de fêter tranquillement "entre francophones", sans "politisation", apparemment excédé par les questions d'un journaliste qui voulait savoir ce qu'on célébrait au juste.

Voilà où nous en sommes; il s'agissait de souligner les quatre-cents ans du berceau de l'Amérique française. Ce sera plutôt une belle kermesse fédérale pour les provinciaux. Entre parlant-français, mangeons du blé-d'inde, de la barbapapa et des queues de castor sous les drapeaux canadiens et la houlette de la bienveillante monarchie britannique, et bien sûr dans l'indifférence la plus totale du reste du Canada, qui n'en a absolument rien à cirer.

Le pouvoir, lui, continuera sans entrave d'annoncer au monde entier que nous célébrons ici le Canada, cette construction politique qui se fonde sur notre marginalisation. Beau travail.

Vivement un mouvement indépendantiste québécois fort, déterminé et décomplexé.




N.Payne


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mai 2008

    Pour créer du mouvement, il faut une cause. Bien définie. Ensuite, un leader pour la porter, sans l'abandonner, même au risque de sa vie. La République tchèque l'a trouvé et à réaliser la révolution de velours en six mois. Le Québec s'est endormi dans la Révolution tranquille et n'a jamais été au bout de ses rêves les plus profonds. Parce que ceux qui les portaient n'étaient pas prêts à sacrifier des carrières personnelles. Je peux vous en donner une longue liste.
    Vous cherchez un autre Parizeau? Pourtant, il a abandonné en cours de route comme tant d'autres. Il s'est fait gangréné par les confédéralistes (Bouchard et Dumont) et le lendemain d'un référendum qui ne portait pas sur l'indépendance, il a laissé son peuple dans une grisaille qui se perpétue.
    Parizeau fut le plus grand d'entre tous, j'en conviens. Il lui manquait la verve. Le discours enflammé.
    Est-ce possible, dans l'imaginaire, penser un Parizeau-Bourgault? Je ne le vois pas poindre encore. Parmi les jeunes loups, il y a du potentiel. Mais, une grande majorité d'entre eux passent beaucoup trop de temps à critiquer le passé de ceux qui ont échoué ou qui ont essayé, à leur manière, de faire avancer les choses au lieu de trouver, pour l'avenir, la route à prendre. Je les pensais différents. Eux aussi sont attirés par la carrière.
    La cause de la libération nationale ne le préoccupe guère. La preuve? Qui est capable de me nommer un seul jeune député péquiste qui fait de l'indépendance son pain quotidien? Dans ma circonscription -bloquiste et péquiste - le mot indépendance n'est jamais prononcé. Les soldats envoyés au combat ne se battent plus. Pas étonnant que le peuple soit aussi...muet !!!
    Pierre B.