Vers un dégel

Université - démocratisation, gouvernance et financement


Y compris dans cette page, on accuse souvent Mario Dumont de changer d'idée comme de chemise. Il y a toutefois un sujet sur lequel il a été remarquablement constant: la nécessité d'un dégel des droits de scolarité universitaires. Le chef de l'ADQ a eu le courage de prôner le dégel en 1998 et en 2003. Son programme électoral de 2007 prévoit à nouveau un «redressement» de la contribution des étudiants au financement de l'enseignement postsecondaire.
Les libéraux de Jean Charest viennent d'abandonner la position frileuse qui fut la leur en 2003 pour proposer, dans la plate-forme électorale publiée vendredi, une hausse substantielle des droits de scolarité lors d'un éventuel second mandat. Des trois principaux partis en lice lors des prochaines élections, le Parti québécois sera donc le seul à défendre cette politique insensée qu'est devenu le gel des droits de scolarité, en vigueur depuis... 13 ans!
«En gelant les frais de scolarité, on s'expose à devoir les augmenter brusquement dans quelques années», disait M. Dumont en 1998. C'était une position pleine de bon sens... que n'ont écoutée ni le Parti québécois, au pouvoir à l'époque, ni le gouvernement libéral qui lui a succédé.
L'accessibilité aux études universitaires doit évidemment être un objectif important de l'État québécois. Le problème, c'est que le gel des droits de scolarité n'y contribue d'aucune manière. Cette mesure est coûteuse et dommageable pour la qualité de l'enseignement universitaire. Comble du paradoxe, elle profite surtout aux jeunes venant de milieux aisés.
Les statistiques sont incontestables. Malgré le gel, les jeunes Québécois sont moins nombreux à étudier à l'université que les Canadiens des autres provinces, où les droits sont deux à trois fois plus élevés. Il est vrai que les jeunes venant de milieux aisés s'inscrivent en plus grand nombre à l'université. Mais, comme le montre une récente étude de Statistique Canada, ce phénomène s'explique beaucoup plus par des facteurs familiaux et scolaires que par des contraintes financières. Des données fournies à La Presse par l'auteur de cette étude indiquent d'ailleurs que l'écart entre le taux de fréquentation des jeunes de milieux aisés et celui des jeunes de milieux démunis n'est pas moins grand au Québec que dans les autres provinces.
L'ADQ n'a pas précisé quelle est l'ampleur de la hausse des frais de scolarité qu'elle envisage. La proposition libérale, elle, est chiffrée: 50$ par session au cours des cinq prochaines années. Ainsi d'ici 2012, les droits de scolarité passeraient de 1900$ à 2400$ par année. Une augmentation significative de 26% en cinq ans. Cependant, même au bout de ces cinq années, les études universitaires coûteraient beaucoup moins cher ici que ce qu'elles coûtent aujourd'hui dans les autres provinces. Et cette hausse fournirait aux universités 96 millions supplémentaires chaque année, une somme dont elles ont cruellement besoin.
La promesse inconsidérée du PLQ de maintenir le gel pendant son premier mandat - un engagement qui ne lui a sans doute pas rapporté un seul vote - a fait perdre quatre ans aux universités québécoises. Souhaitons que le prochain gouvernement, quelle qu'en soit la couleur, aura la lucidité et la détermination de s'attaquer à cette vache sacrée.
apratte@lapresse.ca

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 093

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé