Réplique à Guy Marchand, réalisateur en interprétation historique (lettre du 2 février)
Dans l’absolu, M. Marchand, vous avez tout à fait raison de dire qu’on ne doit pas oblitérer les pans déplaisants de notre histoire. Vous oubliez par contre deux facteurs majeurs dans le cas précis des « célébrations » de la défaite française bientôt vieille de 250 ans par la Commission des champs de batailles canadiens. Vous omettez d’abord de mentionner l’orchestrateur en chef de ces « réjouissances ». Qu’il s’agisse d’un organisme fédéral travaillant chaque jour à renforcer l’unité canadienne n’aurait pas dû vous échapper. Les fédéralistes radicaux qui y siègent ne manqueront pas cette occasion en or de festoyer dans une orgie d’Union Jacks et de drapeaux du Canada. De mémoire de Québécois, on n’a en effet jamais vu de drapeau du Québec dans aucun parc fédéral, sauf flanqué des 11 drapeaux de provinces et territoires qui viennent avec, pour mieux le noyer et le banaliser. Vous êtes d’une naïveté « sidérante » (l’adjectif est de vous) si vous croyez que des gens comme Denis Juneau, naguère acoquiné aux sombres individus du scandale des commandites, vont à cette occasion lever le moindre petit doigt pour souligner le fait français et l’identité québécoise.
Autre oubli : les peuples qui fêtent des défaites passées sont la plupart du temps des pays constitués que ladite défaite n’a pas empêchés d’accéder à l’indépendance. C’est le cas des Juifs, que vous citez : s’ils se réfèrent tant à la Shoah (en hébreu, l’« anéantissement » de 5 millions de Juifs), c’est qu’ils ont depuis obtenu un pays qu’ils défendent bec et ongles… Je ne crois d’ailleurs pas me tromper en disant qu’à force de trop insister sur leurs défaites historiques, ils tombent aujourd’hui dans l’excès inverse en faisant subir aux Palestiniens une partie de leurs propres souffrances passées. Comme quoi le ressouvenir n’est pas forcément positif. Commémorons, oui, mais ne laissons pas des « morons » le faire à notre place et décider de la manière dont il convient de le faire.
Le temps venu, je serai là pour le rappeler à ces voleurs d’identité que sont devenus tous les organismes et ministères fédéraux.
Jean-François Vallée
Coauteur du livre Québec 2008 : des célébrations 400 fois détournées de leur sens, à paraître en mars aux éditions du Québécois
Québec, le 4 février 2008
Réplique à Guy Marchand
Une orgie d’Union jacks et d’unifoliés
Tribune libre 2009
Jean-François Vallée91 articles
Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement inf...
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Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.
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