Une intervention rafraîchissante

Chronique de Patrice Boileau


Face à un Parti québécois qui multiplie les décisions décevantes depuis l’arrivée de Pauline Marois à sa tête, la venue d’une nouvelle formation indépendantiste devenait nécessaire. Son avènement forcerait ainsi le deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale à ne pas trop se « provincialiser. »
L’entrée dans l’arène politique québécoise du [Parti indépendantiste->rub504] pouvait combler ce vide et incarner, minimalement, le rôle de « belle-mère » idéologique qui rappellerait au PQ que son article 1 n’est pas cosmétique. L’angoisse identitaire qui secoue présentement les Québécois démontre en effet qu’il ne faut pas trop s’en éloigner. Le PI a d’ailleurs habilement ajouté cet argument à sa thèse du vol référendaire pour justifier le recours à un nouveau mode d’accession à l’indépendance. L’ennui, c’est que la voie électorale qu’il préconise pour la réaliser ignorera la règle des 50% + 1 des votes. Ce faisant, son cadre stratégique sera boudé par une large part de la société civile dont moult indépendantistes.
Des représentants du PI ont investi ces derniers jours le portail indépendantiste de Vigile. Manifestement, ils tentent de rallier le lectorat souverainiste de ce site à sa cause. Sans surprise, l’adversaire péquiste a été rabroué lors de l’offensive, ce qui constitue une stratégie classique qui est propre à la lutte que se livrent les partis politiques. Néanmoins, l’assaut soutenu des leaders pïstes sur le « quotidien électronique indépendantiste » donnait l’impression qu’il était dédié à sa cause. Nombre d’indépendantistes qui comprend l’auteur de ces lignes ont senti cette perception. Une intervention musclée de son directeur, monsieur Bernard Frappier, devenait nécessaire pour clarifier la situation. Ce qui fut fait dimanche dernier, au grand soulagement de plusieurs.
Vigile encourage le débat et se veut hautement démocratique. Pas question de museler qui que ce soit, à moins, j’ose espérer, que l’intervention donne dans le racisme ou incite à la violence. Jusqu’à présent, il faut féliciter le fondateur pour son travail rigoureux qui a fait de ce site ce qu’il est aujourd’hui : une source d’information hautement respectée.
Il est à espérer que le commentaire de monsieur Frappier amène les dirigeants du nouveau parti indépendantiste à modifier la démarche d’accession à la souveraineté qu’ils ont adoptée. Soit, l’emploi de la voie élective s’avère une excellente idée. Il y a des arguments de poids pour y avoir recours. Rappeler la fraude référendaire de 1995 ainsi que les sanctions fiscales fédérales qui ont saboté la dynamique gouvernementale du Québec durant une décennie sont des réalités irréfutables. Ces actions hostiles de l’État canadien ont ébranlé profondément le peuple québécois. Plusieurs ont réagi comme le souhaitait Ottawa : ils doutent depuis de leur État et ne veulent plus entendre parler d’affrontement référendaire. L’élection décisionnelle représente ainsi une réponse légitime à ces agressions, réponse que le Parti québécois devrait choisir.
Reste que les gens du Parti indépendantiste ne peuvent proclamer l’indépendance sans avoir obtenu au préalable l’appui de 50% + 1 des suffrages exprimés. Cette règle internationale fait consensus au Québec. Affirmer clairement que cette norme hautement démocratique sera respectée, rassurera les Québécois et évitera la marginalisation du PI.
Certains diront qu’une élection comporte trop d’enjeux simultanés pour servir de mécanisme d’accession à l’indépendance. Un référendum, selon eux, permet de mettre l’emphase sur un seul sujet et évite qu’il soit contaminé par d’autres questions. Il a pourtant été prouvé que des Québécois ont voté NON en 1995 parce qu’ils reprochaient au Parti québécois la célèbre compression salariale de 20% qu’il a imposée aux employés de l’État en 1982. D’autres feront assurément de même s’il devait y avoir une nouvelle consultation populaire à cause des fusions forcées pilotées par le PQ. Des Québécois voteront négativement tout simplement parce qu’ils n’aiment pas les valeurs de ce parti qui organise le référendum. Ainsi, tous les mécanismes démocratiques ne peuvent être atemporels et se soustraire des influences de certains événements qui sont survenus avant leur tenue.
Voilà un débat qui n’a rien de neuf. Plusieurs sont las d’ailleurs de le réentendre parce qu’il a toujours mené au statut quo : la démarche référendaire semble vouloir demeurer en poste pour l’éternité, malgré les conséquences dramatiques que cela comportent. Voilà pourquoi l’arrivée du Parti indépendantiste aurait pu enfin dénouer cette omertà idéologique que le Parti québécois impose aux indépendantistes, trop peureux qu’il est de braver l’adversaire fédéraliste qui la lui inflige au départ!
Obtenir 50% + 1 des votes par voie élective n’a rien d’illégal, qu’on se le dise! Un ou des partis politiques peuvent travailler à acquérir cette majorité absolue. D’un scrutin à l’autre, rien n’empêche un gouvernement indépendantiste de poser des « gestes de souveraineté », en attendant que les Québécois réalisent finalement que la présence d’un peuple étranger dans leurs affaires entrave leur plein développement.
Est-ce que les gens du Parti indépendantiste veulent relever ce défi et forcer ainsi le Parti québécois à sortir de son inertie? Le PI doit réfléchir au [commentaire que Bernard Frappier a rédigé le 10 février dernier->11713].
Patrice Boileau


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2008

    «Dès son premier mandat, Québec solidaire visera à réaliser la souveraineté, en organisant l’élection au suffrage universel d’une assemblée constituante qui reflètera la pluralité des tendances politiques présentes au sein de la population québécoise, la parité femmes-hommes, une représentation équitable des régions et des citoyens et citoyennes de la diversité culturelle du Québec.
    Cette constituante aura deux mandats :
    1. d’abord, organiser un processus de démocratie participative pour consulter la population du Québec sur son avenir politique et constitutionnel de même que sur les valeurs et les institutions politiques qui y sont associées;
    2. en fonction des résultats de cette démarche, qui devront être connus de la population et dont l’assemblée constituante aura l’obligation de tenir compte, proposer aux Québécois et Québécoises les changements désirés aux institutions politiques et les valeurs qui fondent le « vivre ensemble » québécois (ce qui doit apparaître dans une constitution) de même que l’avenir constitutionnel du Québec. Les propositions de l’assemblée constituante seront soumises à la population québécoise par voie de référendum. Celui-ci comprendra deux questions distinctes : l’une portant sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec, l’autre, sur une constitution québécoise.»
    Dites moi en quoi cela n'est pas indépendantiste!? Il me semble que former une assemblé qui consulteras la population histoire d'être démocratique et d'informer la populasse sur ce qui arrivera par la suite (c'est-à-dire une constitution nationale, et par conséquent un pays)si l'indépendance regagne le coeur des gens à travers ce processus est une position purement indépendantiste qui rappelle celle du R.I.N. et du PQ avant le triple-référendum de Lévesque.
    Certes ce n'est pas parfait, mais la position nationale du parti progressiste qu'est Québec Solidaire se "radicalise" de plus en plus selon la volonté de ses membres.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2008

    Québec Solidaire n'est pas indépendantiste. L'UDIQ n'est pas un parti politique; ils semblent d'ailleurs faire du "sur place" depuis plusieurs mois.
    Le Parti Indépendantiste est donc le deuxième parti,
    chronologiquement, parmi ceux qui existent en ce moment,
    qui vise l'Indépendance. C'est d'ailleurs le seul, car le
    Parti de Pauline est devenu 100% "provincial".
    Claude Jodoin, Ing.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2008

    À mon avis, le mouvement indépendantiste a aussi besoin, après Québec Solitaire, d'un troisième ou d'un quatrième parti indépendantiste comme le PI et l'UDIQ, que d'un mal de dents.
    Messieurs Larose et Michaud viennent de déclarer que Mme Marois dérape à cause de son souhait de voir bilinguiser les Québécois dans un Québec francophone. Les belles-mères s'agitent encore.
    Est-ce possible que les indépendantistes commencent à réfléchir sur le fait que l'adversaire en chef n'est pas leur chef et que ce n'est pas avec des particules qui vont aller chercher de 3 à 4 % d'intentions de votes que l'on trouvera une solution aux problèmes constitutionnels québécois ?