Élections du 7 avril

Une couleuvre ne fait pas le printemps

Les Québécois préfèreraient la corruption à l’indépendance et même à la laïcité. Une farce?

Chronique de Louis Lapointe

Si Pauline Marois avait recruté Julie Snyder plutôt que Pierre-Karl Péladeau, les Québécois qui ne sont pas indépendantistes, mais qui sont en faveur de la charte de la laïcité auraient tous été rassurés.
Tout le monde sait au Québec que Julie Snyder est une Janette convaincue.
Une attente légitime, puisque Pauline Marois a passé tout l’automne à leur parler de laïcité.
Mais voilà, à la place, elle a préféré recruter l’ex de Julie Snyder, PKP, un fervent indépendantiste qui a eu le malheur d’annoncer à tout le Québec par un beau dimanche matin ensoleillé que l’indépendance était le combat de sa vie, créant ainsi une violente commotion à tous ces laïcistes qui pensaient qu’avec la laïcité ont réglait une fois pour toutes la question de l’indépendance.
Résultat, le PQ baisserait dangereusement dans les sondages.
Les Québécois préfèreraient la corruption à l’indépendance et même à la laïcité.
Une farce?
Il est vrai que la commission Charbonneau a suspendu ses travaux le temps des élections pour ne pas indûment influencer les Québécois.
Ce qu’on ne voit pas ne fait pas mal.
Pour bien des Québécois, l’indépendance du Québec est encore un sujet tabou dont il ne faudrait surtout pas parler tant il fait peur. Un peu comme ce silence qui entourait la corruption dans l'octroi de contrats publics dans l'industrie de la construction avant qu'on instaure la commission Charbonneau.
Le Parti québécois l’a bien compris, mais, plutôt que de chercher à atténuer cette crainte en parlant des avantages de l’indépendance pour le Québec comme le faisaient René Lévesque et Jacques Parizeau dans le bon vieux temps, Pauline Marois préfère leur parler de laïcité.
Ce qui fait que plusieurs Québécois ont pensé qu’avec la laïcité ils n’auraient pas besoin de l’indépendance puisqu’ils auraient l’égalité entre les hommes et les femmes.
Le discours de madame Marois a même réussi à convaincre plusieurs lecteurs de Vigile que parler de laïcité était la meilleure façon de faire la promotion de l’indépendance et qu’un vote pour Fatima-Houda Pépin, une indécrottable libérale fédéraliste, ferait avancer la cause de l’indépendance puisque cette dernière était pour la laïcité.
Ce que PKP appellerait un syllogisme.
Même Bernard Drainville qui avait commencé la campagne électorale de 2012 en associant la députée de La Pinière à la Fondation Catania et au scandale de la rue Nadeau à Brossard s’est permis de lui souhaiter bonne chance cette fois-ci.
Il faut le faire !

J’invite M. Drainville à venir voir les pancartes électorales que madame Houda-Pépin a affichées dans les rues de Brossard : bilingues avec l’unifolié canadien en arrière-plan à côté du fleurdelisé.
Même les libéraux provinciaux n’impriment pas l’unifolié canadien sur leurs pancartes. C’est tout dire.
«Vote with conviction» !
Il faudrait voter "stratégique" pour une députée qui n’a aucune sensibilité pour les électeurs indépendantistes de sa circonscription afin le battre le Dr Barrette.
Au moins 7,448 couleuvres à avaler dans La Pinière.
Imaginez, Bernard Drainville est venu en politique pour combattre le cynisme!
Toutefois, ce qu’il y a de rassurant, c’est qu’au terme de la présente élection, après tous nos égarements, il y aura enfin quelqu’un au Parti québécois pour parler, sans langue de bois, de la nécessaire indépendance, avant, pendant et après les élections.
Sans aucun doute, un bon coup de Pauline Marois qui finira bien par rapporter un jour ou l’autre, si possible à la prochaine élection.
PKP est venu au PQ pour faire l’indépendance, pas la laïcité.
Nous sommes sur la bonne voie.
***
Sur le même sujet :
Les orphelins de La Pinière

Nous aurons tous compris que Pauline Marois préfère chérir des ennemis fédéralistes qui sont devenus des alliés circonstanciels plutôt que d’appuyer des alliés indépendantistes parce qu’ils sont des ennemis circonstanciels.

Le choix politique de la commission Charbonneau
En refusant de siéger pendant la campagne électorale, la commission Charbonneau fait le choix de ne pas informer le public afin de ne pas influencer les résultats des élections.
Elle refuse de donner des informations qui permettraient aux citoyens de faire un choix mieux éclairé.

Le prix de la trahison

Face à tant d’animosité, peut-être les Québécois comprendront-ils alors que ce n’est pas tant d’une charte de la laïcité dont ils ont besoin, mais bien d’un pays indépendant où ils seront enfin égaux entre eux.

Un pont contre un pipeline
Pauline Marois pensait bien gagner des élections automnales en secouant l’épouvantail identitaire. Mais cela n’a pas fonctionné. Les nationalistes mous n’ont pas rallié le PQ sur la question de la charte de la laïcité pendant que les indépendantistes n’ont toujours pas trouvé le moyen d’unir leurs forces.

Le syllogisme identitaire
Même si ce projet est légitime, faire du Québec une province laïque ne conduit pas nécessairement à l’indépendance. Si l’un n’empêche pas l’autre, soutenir que l’un conduit à l’autre est certainement un syllogisme.

Un scandale tout près de chez vous
Le Parti Québécois a révélé à la presse en début de semaine une nouvelle "affaire" impliquant des ministres du gouvernement du Québec et la députée libérale du comté de Lapinière, Fatima Houda-Pépin. La Fondation Catania a revendu avec un profit de 1 million de dollars un terrain de la rue Nadeau à Brossard qu’elle avait acquis de gré à gré de la commission scolaire Riverside, à un coin de rue de chez moi à Brossard.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mars 2014

    «Les Québécois préfèreraient la corruption à l’indépendance et même à la laïcité. Une farce ?»
    Ça semblerait être une farce, oui... si hélas, ce n'était pas une idée relativement proche de la triste réalité de cette campagne électorale, où Couillard, un véritable copié\collé d'un certain ancien premier ministre, le pire de notre histoire, qui a perdu le pouvoir il y a environ 18 mois, est présentement en tête des sondages.
    Ou en fait, avec Mister Couillard, ça serait pire qu'avec John James MacDonaldCharest (si la chose est vraiment possible!), car notre ex-neurochirurgien de candidat libéral a bel et bien déclaré que sitôt élu, il signerait la Constitution. Et ce, sans aucune espèce de consultation auprès des citoyens québécois! Ce, toujours, en sachant que même Charest avait dit que "le fruit n'est pas mûr" (sic), faisant référence à la possibilité de signature du dit texte de loi par un représentant du Québec.
    Pincez-moi, quelqu'un, j'espère que ce n'est qu'un cauchemar et je veux m'en réveiller, vite!
    Neuf ans de corruption, de sabotage de la société québécoise par le PLQ, de mépris de notre culture et de notre identité, pour que seulement 18 mois plus tard, nous ayons, en tant que nation, tout oublié, hein? Ce n'est pas que nous avons la mémoire courte: non, par lâcheté, les Québécois préfèrent ne pas se souvenir. Comme sont nombreux, ceux qui parmi nous, ont peur de se prononcer en faveur de la Charte car, culturellement, nous avons tellement peur de «la chicane».
    Sam Hammad, qui fait campagne dans l'une des circonscriptions de la région de Québec, soit Louis-Hébert, est allé jusqu'à affirmer le plus sérieusement du monde que "les gens de Québec veulent une équipe de hockey, pas un pays!"... Oh, merci, monsieur Hamad, de vous permettre de parler ainsi en notre nom collectif, alors que vous-mêmes n'êtes pas né au Québec, avez fait partie du gouvernement le plus incompétent et corrompu de notre histoire, et que vous voudriez malgré cela, avoir le culot de simplement nier aux Québécois, le fait même de pouvoir espérer donner un état indépendant à leur nation!
    Franchement, je crois que cette fois, ça passe ou ça casse, pour les Québécois et leur avenir. Ou nous identifions les vraies priorités et nous tenons debout, ou nous pourrons symboliquement commencer à creuser la tombe de qui nous aurons été...

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2014

    Heureusement qu'il y a Vigile car le Devoir est devenu censeur
    Le Devoir.com
    Votre commentaire n'a pas été retenu puisqu'il ne respecte pas un ou plusieurs éléments de notre politique de participation aux commentaires. Nous vous invitons à la consulter et à nous soumettre votre commentaire à nouveau si vous le désirez.
    Détail du commentaire :
    L'épouvantail éculé du référendum
    Quand la soupe constitutionelle devenait trop chaude, le parti libéral
    1..- mettait René Lévesque à la porte en faveur du mièvre Robert Bourassa, qui
    2..- créait la commission Bélanger Campeau et mettait son rapport sur les tablettes
    3..- demandait à Claude Ryan un livre beige qui allait aussi sur les tablettes
    4..- diabolisait le rapport Allaire et préférait la naissance de l'ADQ de Mario Dumont
    5..- refuse la solution d'un livre blanc qui actualiserait la dynamique Québec Canada. Pas de livre rouge et pas de référendum pour avaler la couleuvre de 1982
    6..- utilise l'épouvantail éculé d'un référendum diabolique venant du parti québécois
    7..- tout en refusant de reconnaître son passé récent de corruption et manipulation 8..- en refusant toute discussion sur le passé nébuleux de son chef Couillard dont
    9..- séjour prolongé chez les Saoudiens, pays de la Charia, et expulsion de Fatima Houda Pépin .... qui combat les intégristes surtout financés par les Saoudiens.
    10..- délit d'initié du ministre se créant une niche dans une entreprise privée et
    11..- un poste auprès d'une agence secrète du gouvernement canadien avec son ami Porter, devenu justiciable, mais dont on ne peut parler sous peine de représailles
    12..- N'en jetez plus, la cour est pleine.
    Jean-Yves Papineau

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2014

    ¨Les Québécois préfèreraient la corruption à l’indépendance ¨
    Pas sur!
    Comme hélas avec Bourassa-Simard en 80 quelques et Charest en 2008.
    ¨et même à la laïcité¨
    Dans Brome-Missisquoi les croix,les x et les crochets décideront entre un Paradis-rouge enfer Tomassi et un Beauregard-bleu fleurdelysé laïc.

  • Jean-Pierre Bouchard Répondre

    19 mars 2014

    Le multiculturalisme c'est le fondement de la constitution de 1982 qui a servi à cadenasser le Québec de ses prétentions indépendantistes avant la loi sur la clarté et le référendum de 95.
    La charte de la laïcité répond à un fondement du Canada dans le contexte d'une souveraineté bloquée par une stratégie référendaire trop mécanique.
    Le PQ s'est trouvé un axe avec cette charte mais est en difficultés pour véritablement développer l'ensemble de son approche de gouvernance souverainiste. Parce que gouvernement minoritaire mais aussi surtout parce que depuis l'Équipe Parizeau, le PQ n'a pas su s'organiser de façon structurée. Par la charte après l'époque Boisclair, le PQ a retrouvé un début de refonte, puisque la laïcité correspond à une des valeurs de la révolution tranquille. Cette approche a marché et marche encore si on sait l'articuler.
    Le PQ évidemment mal à l'aise avec la souveraineté se fait piéger par des médias mercenaires aux ordres qui tous y compris le fameux Devoir à bien des égards ne font que d'agiter des épouvantails et ça marche.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2014

    Monsieur Lapointe
    Au verso de l'excellent livre intitulé LE DEVOIR DE COHÉRENCE écrit par Denis Monière et publié par l'ACTION NATIONALE, il est écrit ceci: La thèse de ce livre est que l'indépendance ne peut advenir dans la confusion des esprits.
    Sa réalisation nécessite un discours clair et cohérent porté par un parti qui en fait constamment la promotion. J'ai la profonde conviction que ce n'est pas en cachant ses idées qu'on peut les rendre crédibles et inspirer confiance à nos compatriotes.
    L'indépendance ne se réalisera que si ce projet est constamment débattu sur la place publique. Une option qui en est absente s'efface de la conscience collective.
    Sur le plan intellectuel, l'ambivalence, les tergiversations, les ambiguïtés sont les principaux travers qu'il faut combattre si on veut se donner un vrai pays.
    Ces écrits indépendantistes visent cet objectif.
    André Gignac 19/3/14

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2014

    "PKP est venu au PQ pour faire l’indépendance, pas la laïcité", dites-vous.
    Or, les deux causes sont intimement et étroitement reliées. Qu'un homme d'affaires contreversé entre dans le décor électoral comportait des risques évidents dont ont profité le PLQ et QS. Ce dernier dans la grosse démagogie...mais c'était du bonbon pour eux! Dommage! Mais il y a des stratèges, au PQ, qui ont raté "des coches".
    Un candidat péquiste, fut-il "une vedette", n'avait aucune chance dans La Pinière.
    Au plan stratégique, le PQ avait raison de jouer la carte de la laïcité. Et quelle "vedette" oserait aller se présenter dans ce comté au nom de l'indépendance?
    Finalement, oui laïcité et indépendance sont étroitement reliées:IDENTITÉ!