Ne voyons pas toujours la vie en noir, reproche souvent fait aux féministes, et disons-le tout net: découvrir les propos d'un Jean-François Plante en pleine semaine du 8 mars est une bénédiction. Si les femmes pensaient que tout était réglé, voici les points remis sur les i. Mesurer la discrimination dans sa globalité prend du temps, et l'avantage des raccourcis de M. Plante, c'est qu'ils nous en font sauver beaucoup.
Voyons d'abord la mécanique à l'oeuvre. Dans un premier temps, quand les femmes atteignent le plafond de verre dans leur domaine, elles ne le voient pas. Elles se convainquent ensuite que ce sont elles, personnellement, qui ne sont pas assez fortes pour le soulever. Puis elles se fouettent et cherchent à imiter les gars. Et, un jour, la vérité leur saute aux yeux: ce n'est pas que le plafond soit si lourd, c'est qu'il est vissé par des obstacles qui ont pour nom réflexes, réseaux et préjugés.
La démarche des réalisatrices, dont nous publions aujourd'hui l'appel en page Idées et qui a été exposée samedi par Odile Tremblay, illustre parfaitement cette dynamique. Il n'y a pas de problème sur les bancs d'école, et on se lance en cinéma forte de tout son enthousiasme, agacée des mises en garde des aînées. Mais le temps passe et on tourne peu, alors que les collègues masculins s'épanouissent, récoltant projets, budgets, honneurs. Et on finit par dire comme la réalisatrice Isabelle Hayeur, qui l'a longtemps nié: «À 40 ans, je suis obligée de constater qu'il y a un gros problème.» Il est long, le chemin de la prise de conscience collective!
Grâce au candidat adéquiste, on va plutôt droit au but. Quand il assimile la discrimination positive à un «apartheid» pour les hommes, la rareté des femmes dans de nombreux secteurs saute soudain aux yeux. En politique par exemple, où leur nombre stagne, et à l'ADQ en particulier, où il est en recul. Quand M. Plante en rajoute en notant que personne ne devrait devoir une nomination à son sexe, on pense aussitôt à toutes celles (même en politique... ) dont le sexe a nui à leurs ambitions.
Quant au prétendu sexisme de la société à l'encontre des hommes, il fait bien sourire. Notre collègue Éric Desrosiers ne soulignait-il pas lundi que, selon Statistique Canada, une Canadienne doit en général gagner au moins 100 000 $ par année pour que les tâches domestiques soient partagés à égalité dans son couple? Le salaire moyen des Québécoises en 2003: 24 000 $ (34 000 $ si elles travaillaient à temps plein toute l'année)...
On ne reviendra pas non plus sur la violence faite aux femmes, «le crime le plus courant et le moins sanctionné dans le monde», comme le résumait hier Louise Arbour, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de la personne. Le candidat adéquiste peut bien la jouer chiffres contre chiffres, la violence des hommes contre les femmes n'est pas de même nature que celle qui existe à l'inverse: elle fait plus mal, comme en témoignent les études... et la vraie vie.
Aujourd'hui, M. Plante se dit mal interprété. Au contraire, on a très bien compris qu'encore en 2007, il est hélas toujours possible de vouloir représenter une population dont on méprise la composante «citoyennes». D'où le 8 mars.
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