Un juge biaisé défend ses pairs tout aussi biaisés

Aa1f0589bf2f1e6cf03c19e55b2bfe26

La lutte continue de Frédéric Bastien contre le tiers monde juridique canadien. Vigile soutient Justice pour le Québec.

Le mois dernier, Lukasz Granosik, président des juges des cours supérieures du Québec, regroupant des juges nommés par Ottawa, a écrit dans Le Devoir pour défendre le travail de ses pairs. Il a notamment dénoncé mes nombreuses critiques des juges fédéraux.


Devoir de réserve


Cette critique d’un juge contrevient à son devoir de réserve. Au-dessus de la mêlée, un magistrat parle avec ses jugements. Il ne participe pas aux débats politiques. Voilà pourquoi j’ai porté plainte contre M. Granosik.


La défense du travail des juges revient aux professeurs de droit, aux avocats ou à d’autres. Ils ne s’en privent pas d’ailleurs.


Plusieurs journalistes et auteurs sérieux ont critiqué la magistrature au cours des dernières années. J’ai moi-même participé à ce débat, notamment avec mon livre La Bataille de Londres, grâce auquel j’ai prouvé que deux juges de la Cour suprême ont aidé le gouvernement fédéral à rapatrier la constitution sans le Québec.


Plus récemment, j’ai démontré que parmi les juristes québécois appelés à la magistrature par Trudeau, dans ceux qui donnaient de l’argent aux partis politiques, il n’y avait aucun don pour le PQ, QS et le Bloc, ni pour la CAQ, où se trouvent beaucoup de souverainistes. L’immense majorité des contributions sont faites aux libéraux, le reste aux conservateurs. J’ai aussi relevé le passé de militants fédéralistes ou multiculturalistes de certains juges et montré que leurs décisions favorisent Ottawa plutôt que Québec.


À cela, le juge Granosik rétorque que les juges prêtent serment. Du coup, ils deviendraient complètement impartiaux. Leur passé partisan s’effacerait comme par magie!


Des Québécois discriminés


Cela m’a fait penser à l’ancien juge en chef de la Cour d’appel du Québec, Michel Robert. Celui-ci est un ancien président des jeunes du Parti libéral du Canada. Lors du rapatriement, il était l’avocat du gouvernement Trudeau en cour. Jean Chrétien l’a nommé ensuite juge à la Cour d’appel du Québec puis juge en chef. Il a alors déclaré que les avocats souverainistes sont exclus de la magistrature puisqu’ils «n’adhèrent pas au système fédéral», un cas flagrant de discrimination fondée sur l’opinion. Pourtant, l’intéressé avait prêté serment.


Évidemment, M.Granosik ne voit aucun problème ici, car il admire Michel Robert. Avant d’être nommé juge, l’honorable Granosik a été deux ans président de l’Association du Barreau canadien, Division du Québec (ABC-Québec), un organisme foncièrement hostile au fait français, à la laïcité et à tout ce qui touche les droits de la minorité nationale québécoise. En 2014, il siégeait aux CA de l’organisation quand elle a créé une récompense... le prix Michel Robert! Cette distinction est donnée à des étudiants en droit. Le tout vise bien sûr à honorer ce magistrat défendant ouvertement la discrimination que subissent les avocats souverainistes. L’intéressé a été qualifié «d’éminent juriste» par ABC-Québec. Ça ne s’invente pas!


Aujourd’hui, le juge Granosik m’accuse de discréditer gratuitement la magistrature. En réalité, il est aussi biaisé que plusieurs de ses pairs qu’il défend.

Site de Justice pour le Québec : justicequebec.org


Featured 65d96e9d8ad13130adc633d7299cf21e

Frédéric Bastien167 articles

  • 75 918

Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.