Un îlot culturel dans Griffintown

Salle de spectacles, musée et marina font partie du projet Devimco

Griffintown

Le promoteur de Griffintown voit grand et propose même de poétiser son projet de développement résidentiel et commercial en créant un îlot culturel réunissant une salle de spectacles dédiée aux comédies musicales, un musée pour célébrer l'industrialisation du Canada et une marina à la porte d'entrée du canal de Lachine.

«C'est l'îlot icône de notre projet», lance en entrevue au Devoir Serge Goulet, président de Devimco, promoteur immobilier derrière le mégaprojet de revitalisation de Griffintown.
Avec beaucoup d'enthousiasme, M. Goulet dit vouloir faire du volet culturel, patrimonial et récréotouristique un attrait touristique qui animera cette petite ville dans la ville qu'il propose de construire au sud-ouest du centre-ville. Cet îlot consacré à la culture se situe entre l'emprise ferroviaire au nord et l'autoroute Bonaventure au sud et baigne dans le bassin Peel, la porte d'entrée du canal de Lachine.
Jusqu'à maintenant, le projet de construction d'une salle de spectacles était connu. Mais voilà que M. Goulet apporte des précisions sur ses intentions. Le promoteur parle avec emphase de cette salle qu'il veut différente de celles déjà existantes. Cette salle spécialisée de 2000 à 3000 places aurait des caractéristiques acoustiques et scéniques appropriées pour les comédies musicales.
«Le projet nécessite un moteur qui va lui donner un rayon d'action suprarégional. Le modèle qui marche, c'est l'"entertainment" avec un "life theater"», explique le président de Devimco, qui qualifie son projet de complémentaire à l'offre actuelle. «Est-ce qu'on a quelque chose à gagner à aller affronter une activité qui est déjà présente et, surtout, subventionnée? Ce ne serait pas intelligent. Nous, on n'attend personne et on n'attendra pas dix ans», assure-t-il.
Quant à l'inquiétude des représentants du Quartier des spectacles, où là aussi un projet de salle vouée aux productions musicales est discuté, Serge Goulet se borne à lancer sur un ton frondeur: «Est-ce que l'exclusivité de l'offre culturelle est dans le Quartier des spectacles? En dehors du Quartier des spectacles, point de salut?»
Le projet commercial réalisé par Devimco à Brossard, le Dix30, compte une salle de spectacles privée de 1000 places. C'est un organisme à but non lucratif qui en a la gestion. M. Goulet refuse de dire pour l'instant si sa salle dans Griffintown pourrait être remise entre les mains d'un tiers, mais il souligne qu'«il faut être imaginatif».
La vision culturelle de Devimco ne s'arrête pas là. Le promoteur veut mettre en valeur le bassin Peel en y annexant une marina débouchant sur le canal de Lachine. L'idée aurait été soulevée par plusieurs organismes lors des consultations privées menées par Devimco. Cela répondrait à un réel besoin pour favoriser la navigation sur le canal de Lachine et animerait le secteur.
De plus, Serge Goulet souhaite donner vie au projet de Parcs Canada de créer un équipement muséal afin de souligner l'importance historique du canal de Lachine comme berceau de l'industrialisation au Canada. Ce centre d'interprétation, appelé Maison du canal, s'élèverait sur l'un des quais (connus sous le nom de quais à farine), comme le projette Parcs Canada depuis au moins quatre ans. On pourrait y trouver une exposition permanente, des espaces d'animation et même les bureaux de Parcs Canada. Des discussions entre Devimco et Parcs Canada ont été entamées avant les Fêtes.
«On n'est pas rendus à la table à dessin. Mais ç'a été une bonne nouvelle de voir qu'on partageait une même vision. [...] Pour tout le projet, on apprécie l'ouverture du promoteur face à la valeur historique des lieux. Vous savez, le degré d'intérêt varie beaucoup d'un promoteur à l'autre. Dans le cas de Devimco, on a vu quelqu'un de très intéressé, de curieux, et qui a une sensibilité pour le patrimoine industriel», affirme Colette Loiselle, directrice du Lieu historique national du Canada du Canal-de-Lachine et responsable de l'ouest du Québec à Parcs Canada.
Selon Mme Loiselle, ce projet, qui fait partie du plan directeur du canal de Lachine publié en 2004, pourrait représenter un investissement de quelque 10 millions de dollars. Elle précise toutefois qu'aucun budget fédéral n'est prévu pour sa réalisation.
Cela ne semble toutefois pas poser problème à Serge Goulet, qui assure que ce musée serait entièrement privé. «On n'attend pas d'argent du gouvernement. On n'a rien demandé ni à la Ville ni à Québec ni à Ottawa parce que ce serait le meilleur moyen de faire un projet dans 30 ans. Ce qu'on va faire, c'est plutôt utiliser les connaissances et l'expertise des gens de Parcs Canada», indique-t-il. Et s'il faut faire des fouilles archéologiques compte tenu de l'histoire qui se cache dans le sous-sol de ce secteur, eh bien, on le fera, lance M. Goulet. Cet îlot culturel, patrimonial et récréotouristique serait complété par la construction d'un complexe hôtelier.
Quant à la rentabilité de l'ensemble, le président de Devimco fait valoir qu'en amalgamant différentes composantes, chacune d'entre elles aidera les autres. «Un projet immobilier de cette importance-là peut se permettre de maintenir des bâtiments patrimoniaux, peut payer 10 millions de dollars pour un tramway et digérer un équipement culturel de cette envergure», soutient Serge Goulet.
Même si les éléments de cet îlot semblent déjà arrêtés, le président de Devimco souhaite s'ouvrir à toutes les idées pour offrir un «équipement différent». La semaine prochaine, il annoncera la mise sur pied d'un groupe de travail pour rêver à ce que pourrait être cet îlot culturel. «On veut réunir des professionnels de différents milieux: culture, patrimoine, histoire, récréotourisme. Avant de donner la plume aux artistes, je veux établir les paramètres de développement de cet îlot-là. Cette équipe va rêver, d'où son nom de "Dream Team"», affirme M. Goulet. «On veut quelque chose d'inédit, de nouveau. Il y aura des gens de Montréal, mais aussi de l'international, très connus», ajoute-t-il en demeurant muet sur leur identité.
Dans le calendrier de réalisation du projet Griffintown, une fois l'aval reçu des élus montréalais, le volet culturel se situe à mi-chemin, soit d'ici quatre ou cinq ans. Et Serge Goulet est pressé de le voir se concrétiser.
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