Sara Champagne - La Ville de Montréal s'apprête à approuver l'embauche d'un consultant à 200 dollars l'heure, pour un total de 55 000$ en plus d'une allocation de dépenses, qui agira à titre de «facilitateur» durant les audiences sur l'ambitieux projet Griffintown.
Cette dépense est une conséquence du refus de l'administration Tremblay de faire appel à l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui dispose d'une banque de commissaires assermentés et payés à même son budget annuel de 1,7 million. Le maire Tremblay avait annoncé l'automne dernier que la consultation serait plutôt locale et organisée par l'arrondissement du Sud-Ouest.
En plus de son titre de facilitateur, André Delisle, un expert en environnement, mais qui ne s'est jamais frotté à un projet immobilier, a reçu la délicate tâche de donner une formation éclair «de commissaire et porte-parole» aux intervenants et à la mairesse du Sud-Ouest, qui portera le chapeau de «présidente» durant la consultation. Le contrat de M. Delisle ne dépasse pas 100 000$ et n'a donc pas à passer automatiquement par un processus d'appel d'offres. Il sera entériné à la prochaine assemblée du Sud-Ouest, le 5 février.
Photo Patrick Sanfaçon, La Presse
Dans un document signé électroniquement par la mairesse, qui détaille la nature des travaux et des coûts de l'embauche et dont La Presse a obtenu copie, il est indiqué qu'un «compte rendu des séances et des préoccupations des participants» sera rédigé, mais «sans recommandations». «Les recommandations sont sous la responsabilités des élus», précise-t-on à deux reprises, donc sous la responsabilité de la mairesse Jacqueline Montpetit, membre du parti de Gérald Tremblay, Union Montréal.
Joint à son bureau de Québec, André Delisle, président de Transfert Environnement, dont le siège social est à Sherbrooke, a expliqué à La Presse qu'il agira «un peu comme Madeleine Poulin l'a fait pour la commission Bouchard-Taylor» sur les pratiques d'accommodements. L'homme a fait sa marque au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), en tant que vice-président, de 1986 à 1991, et est à l'origine d'un plan d'affaires d'un centre d'expertise en gestion de matières résiduelles à Montréal.
«Je ne suis ni le responsable de la consultation ni le directeur. On m'a expliqué qu'on (l'arrondissement) recherchait quelqu'un de très indépendant, d'impartial, a dit M. Delisle. Je vais m'assurer que tout le monde puisse s'exprimer. En général, les professionnels comme moi interviennent dans les projets conflictuels.»
Conscient des échéanciers très courts, qui doivent déboucher sur un rapport début avril, M. Delisle a déjà déposé à l'arrondissement un calendrier de travail. Le canevas de consultations proposé, avec les premières séances prévues dans la dernière semaine de février, inclut le dépôt des mémoires à la mi-mars.
À l'arrondissement du Sud-Ouest, Nicole Boudreau, attachée de presse, a expliqué que la mairesse Montpetit était à l'extérieur de Montréal, en vacances, et qu'elle ne pourrait pas commenter le dossier avant lundi. La responsable des communications du Sud-Ouest, Constance Lauzon, a précisé que l'arrondissement avait prévu dévoiler les prochaines étapes qui seront franchies la semaine prochaine.
«On ne peut pas commenter publiquement à ce moment-ci, dit-elle. Le document que vous avez obtenu est interne, c'est un document de travail, et il est inscrit à l'ordre du jour de la prochaine assemblée du conseil d'arrondissement.»
En revanche, l'élu responsable du dossier au comité exécutif de la Ville, Alan DeSousa, indique que plusieurs rencontres ont eu lieu pour épauler l'arrondissement, et qu'il y a une «ouverture favorable» aux demandes financières du Sud-Ouest, enveloppe globale dont il n'a pas dévoilé le montant.
La présidente de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Louise Roy, n'a pas voulu commenter la décision de la Ville de confier le mandat des consultations à l'arrondissement plutôt qu'à son organisme, hier. «On a un devoir de service», a-t-elle indiqué, avant d'ajouter «que les pratiques de consultation de l'OCPM, leur analyse des projets, les recommandations faites, comme le prévoit la Charte de Montréal, servent à aider les élus dans leurs prises de décision.»
Depuis 2004, un seul autre grand projet n'a pas été soumis à l'OCPM: l'îlot Voyageur, de l'UQAM, qui a piqué du nez financièrement l'automne dernier. Les projets soumis à l'Office restent à la discrétion des élus, sauf les projets du mont Royal, qui sont nouvellement encadrés par un plan de protection.
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