Depuis le début des audiences publiques concernant le projet Griffintown, les avis se multiplient au sujet des critères qui devraient encadrer le développement de ce quartier oublié du sud-ouest de Montréal.
Rappelons que les consultations publiques entourant ce projet ne respectent pas la voie officielle. Elles auraient dû être organisées par l'Office de consultation publique de Montréal, elles sont plutôt sous la responsabilité de l'arrondissement, ce qui est regrettable car moins structuré. Cela dit, les consultations actuelles permettent tout de même aux organismes et aux citoyens d'exprimer leurs opinions. Et ils en ont!
Est-ce l'ouverture peu habituelle démontrée par le promoteur Devimco depuis l'annonce du projet qui provoque une telle avalanche de demandes? Toujours est-il que la liste des recommandations s'allonge de jour en jour.
Au cours des dernières semaines, plusieurs organismes et citoyens ont déposé un mémoire auprès de la mairesse de l'arrondissement, Jacqueline Montpetit. La Société du Havre recommande «un développement exemplaire par la qualité de son aménagement et de son architecture», un projet qui mise sur le transport collectif, les innovations technologiques, les matériaux durables et l'énergie renouvelable. La Société recommande aussi qu'on pense aux jeunes familles. Héritage Montréal souhaite qu'on mette en valeur les qualités patrimoniales du quartier. Les Irlandais voudraient qu'on souligne leur héritage et leur histoire. Quant à la Chambre de commerce, qui appuie en principe le projet, elle a émis une liste contenant de multiples conditions: que le projet réponde aux plus hauts critères d'excellence (normal), qu'il intègre la main-d'oeuvre locale, que les bâtiments répondent aux normes du développement durable du système d'évaluation LEED, que le quartier Griffintown devienne le quartier de Montréal où la part modale de transport propre et actif soit la plus élevée en ville.
Quant aux citoyens du quartier, ils ont, eux aussi, de nombreuses revendications: ils demandent des espaces verts, des commerces conviviaux, une école, une place publique. Une résidante a même proposé de transformer les berges du canal de Lachine en plages, comme à Paris (le canal de Lachine est sous la juridiction de Parcs Canada). Ce serait un euphémisme de dire que les attentes sont grandes. Elles sont immenses.
Soyons clairs, nous croyons que le projet final de Devimco doit répondre à des normes élevées sur le plan urbanistique et architectural tout en reflétant l'évolution des tendances du développement durable. Pas question de donner un chèque en blanc au promoteur du Dix30. Personne n'a envie de voir Griffintown transformé en quartier de boîtes carrées sans personnalité et sans âme.
Il faut toutefois être réaliste. Le projet Griffintown ne doit pas devenir un rêve sur papier, il doit se concrétiser. Et pour y arriver, il faudra faire des choix. La longue liste de recommandations doit donc être vue comme des propositions constructives non pas comme des conditions sine qua non.
Les miracles n'existent pas, les quartiers parfaits non plus.
On ne peut pas exiger d'un seul promoteur qu'il réponde aux plus grandes exigences architecturales, urbanistiques et environnementales.
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