Denis Lessard La Presse (Québec) - Le gouvernement Charest a surestimé de 1 milliard le déficit de la dernière année financière, terminée en avril 2010, révèlent les états financiers du gouvernement, déposés ce matin à l'Assemblée nationale. Toutefois, comme on prévoit que le croissance sera moins forte que prévue l'an prochain, 2,2 % au lieu des 2,6% anticipés, Québec conserve son plan de match pour le retour au déficit zéro, soit en 2013-2014.
Dans son dernier budget, rempli de mesures difficiles, où le gouvernement annonçait à la fois une nouvelle contribution santé, et l'idée d'un ticket modérateur à l'utilisation des services de santé, le ministre Raymond Bachand avait évalué à 4,2 milliards le déficit de l'année 2009-2010. Il sera plutôt de 3,1 milliards. «C'est la bonne nouvelle aujourd'hui, le marché du travail a été plus actif que prévu» de résumer jeudi midi le ministre en point de presse.
La réduction de 25% du déficit s'explique selon lui par «la reprise économique de la fin de l'année 2009-2010 qui a été plus vigoureuse que prévu, ce qui a joué en notre faveur et a permis d'améliorer nos résultats». Questionné au sujet de variations si importantes, le ministre a souligné que les spécialistes du ministère des Finances à Québec sont, de l'avis du Conference Board, les plus précis au pays.
D'autres aspects sont moins reluisants: la dette brute passera de 163 milliards en 2010 à près de 200 milliards en 2014-2015. «C'est une situation sérieuse» convient M. Bachand. Le Québec est actuellement favorisé par des bas niveaux d'intérêts mais pourrait se retrouver en situation difficile pour peu que le loyer de l'argent augmente. Toutefois, insiste-t-il les agences d'évaluation de crédit ont unanimement loué les efforts de réduction de dépenses de Québec. L'ouverture des tarifs d'électricité sur le bloc patrimonial permettra aussi de contrer la hausse du service de la dette. En outre le poids de la dette par rapport au PIB sera ramené à son niveau actuel 53 % dans cinq ans - il aura dépassé les 55 % d'ici là.
M. Bachand a aussi souligné que cette dette ne tenait pas compte des 20 milliards de dettes accumulées par les administrations municipales.
«À 1 % de notre produit intérieur brut (PIB), le déficit du Québec se compare favorablement à ceux d'autres juridictions», d'insister M. Bachand. Par comparaison, rappelle le ministre, «l'Ontario a enregistré un déficit de 19,3 milliards de dollars pour la même période, soit 3,3 % de son PIB. Le gouvernement fédéral a, quant à lui, présenté un déficit de 55,6 milliards de dollars, soit 3,6 % du PIB canadien».
Le Québec a aussi su mieux contrôler la croissance de ses dépenses, selon le ministre Bachand. De 2003-2004 à 2009-2010, le Québec a affiché une croissance annuelle moyenne de ses dépenses de 2,1 points de pourcentage inférieure à celle des autres provinces canadiennes. «Durant cette période, la croissance des dépenses du Québec s'est effectivement établie à 5,0%, alors que la moyenne des autres provinces était de 7,1%. Le Québec est donc, avec la Colombie-Britannique, la province ayant la mieux contrôlé ses dépenses», a souligné le ministre. En revanche, au ministère de la Santé, les dépenses ont cru de plus de 7 % dans la dernière année. M. Bachand croit possible de ramener cette augmentation à 5% à cause notamment du passage au public de médicaments coûteux comme le Lipitor, destiné à contrôler le cholestérol.
La croissance des dépenses de programmes en 2009-2010 s'est révélée être plus importante que celle annoncée au dernier budget. Cette augmentation est de l'ordre de 810 millions de dollars, résulte essentiellement par des provisions comptables plus importantes pour les pertes de Revenu Québec, et une hausse de 406 millions des dépenses des établissements du réseau de la santé.
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