Un ministre libéral qui donne des leçons d’éthique aux journalistes, c’est un tenancier de bordel qui prêche la vertu à des couventines.
Quand on appartient à un gouvernement qui a menti en série aux Québécois et à qui on reproche de baigner dans le favoritisme, des contrats de routes jusque dans l’attribution des permis de garderies; quand on a promis un allègement de l’appareil de l’État et que le nombre de salariés est passé de 498 000, en 2003 à l’arrivée des libéraux au pouvoir, à 538 000, en 2009, on se garde de sermonner la presse au nom de la morale publique, comme l’a fait, mercredi, le ministre des Finances, Raymond Bachand.
D’abord, M. Bachand n’a toujours pas ciblé où seraient faites les coupures de 5,2 milliards qu’il a promises le 30 mars, dans son Discours sur le budget. D’autre part, il a aussi inscrit dans la colonne de l’effort consenti par le gouvernement, la somme 1,2 milliard qu’il compte récupérer par la lutte contre l’évasion fiscale. Or il ne s’agit d’aucune façon d’une coupure de dépenses.
Le gouvernement ne se prive de rien : il accroît au contraire ses revenus en forçant des contribuables récalcitrants à payer leur juste part. Ce 1,2 milliard d’impôt et de taxes devrait évidemment être inscrit dans la colonne de l’effort exigé des contribuables.
La nouvelle répartition est alors la suivante : le gouvernement : 5,734 milliards; les contribuables: 5,477 milliards. La part du gouvernement chute alors de 62 % à 51 %.
Cible virtuelle
Nous sommes en plus dans le brouillard quant à la provenance des 5,2 milliards de coupures de dépenses prévues dans le budget et dont nous n’avons pas encore vu l’ombre à la fin du premier trimestre de la présente année budgétaire. L’effort du gouvernement, ramené à 51 %, est donc très aléatoire et ne peut être présenté que comme un objectif virtuel visé.
Par ailleurs, la croissance des dépenses en 2010-2011, sera de 2,9 % plutôt que de 3,2 %, mais c’est grâce à la nouvelle « contribution santé », c’est-à-dire une nouvelle taxe dédiée, donc un autre effort de plus demandé aux contribuables. Encore là, le gouvernement ne resserre pas ses dépenses, il augmente ses revenus.
C’est essentiellement ce que démontraient les nouvelles produites à la suite d’entrevues avec le comptable à la retraite Louis Charbonneau. Pas nécessaire de posséder, comme M. Bachand, un doctorat de Harvard pour comprendre le différend entre le ministre et le Journal.
Une once de gros bon sens, une once d’aptitude pour le calcul ou, à défaut, une calculatrice de poche suffisent.
M. Charbonneau a tout simplement décousu l’illusionnisme comptable du ministre et son analyse critique a choqué M. Bachand, qui a convoqué la presse parlementaire, mercredi, spécialement pour s’en prendre au signataire des articles.
M. Bachand argumente comme une blonde qui sort de chez Simons : elle a économisé 60 $ parce qu’elle n’a dépensé que 40 $ et non 100 $.
Pendant ce temps, le déficit de 4,3 milliards pour 2009-2010 passera à 4,5 milliards en 2010-2011. Et la blonde ne comprend pas pourquoi le solde de sa carte de crédit augmente.
jjacques.samson@journaldequebec.com
Un blond chez Simons
M. Bachand argumente comme une blonde qui sort de chez Simons : elle a économisé 60 $ parce qu’elle n’a dépensé que 40 $ et non 100 $.
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