Taxation - Quelle compétitivité?

Soyons compétitifs, certes, mais soyons-le de façon intelligente et solidaire.

Budget Québec 2010 - suites


À entendre les représentants du monde des affaires, on croirait que le Québec est un des pires endroits au monde pour investir à cause des coûts élevés de la main-d'oeuvre, du fardeau fiscal excessif et d'une réglementation trop sévère. Et comme deux et deux font quatre dans le langage comptable, pour devenir compétitif à l'échelle du monde, il faudrait continuer de réduire les taxes sur la masse salariale, sur le capital et sur les profits tout en bonifiant les crédits à la recherche, à la formation et à l'investissement...
Que tout cela nuit à la capacité des gouvernements d'améliorer les services publics, «Bien! Que voulez-vous!» aurait répliqué un certain premier ministre. Il n'y a qu'à augmenter les tarifs aux particuliers puisque ce sont eux qui profitent des services!
Or, voilà qu'une nouvelle étude internationale effectuée par la firme KPMG nous apprend que Montréal arrive au 4e rang au palmarès des 41 grandes villes du monde industrialisé pour ce qui est de la fiscalité la plus avantageuse pour les entreprises. Au premier rang il y a Vancouver et entre les deux, deux villes du Mexique. Toronto suit, tandis que Boston se retrouve au 13e rang, Chicago au 20e et Lyon au 40e, pour nommer des villes vaguement comparables.
Cette étude sur la fiscalité n'est qu'un volet d'une recherche plus large publiée en mars qui comparait les villes au chapitre de leur compétitivité globale. Là encore, Montréal se classait parmi les trois premières villes du monde pour ce qui est des coûts d'exploitation les plus bas (salaires, avantages sociaux, fiscalité, transport, coût des immeubles, etc.), ce dont une entreprise doit tenir compte au moment de décider d'investir.
Alors, si le tableau est si parfait pour Montréal, Toronto et Vancouver, comment expliquer que ces trois villes canadiennes n'aient pas encore remplacé New York, Tokyo ou Londres? Parce que les considérations de coûts ne sont qu'un des nombreux facteurs qui influencent la prise de décision. Il ne faut pas en sous-estimer l'importance, mais même si Montréal était aussi compétitive que Mexico, elle n'attirerait pas tellement plus d'investisseurs, surtout s'il fallait rogner sur la qualité de vie des individus et des sociétés pour remporter le concours.
Ce qui nous amène à rappeler qu'à l'heure où l'on cherche désespérément l'argent nécessaire au maintien de services publics de haut niveau au Canada et au Québec, il n'y a aucune gêne à faire appel davantage aux entreprises pour qu'elles contribuent à l'effort collectif. Au lieu d'adhérer sans réfléchir au concept à la mode d'utilisateur-payeur qui renvoie l'essentiel des coûts de la vie en société aux seuls individus, revenons plutôt à cet autre principe reconnu depuis longtemps en science économique qui veut que les entreprises modernes aient besoin pour prospérer d'un accès facile à la gamme complète des services publics, de la santé à l'éducation en passant par l'assurance-emploi, le transport, la justice et la sécurité. Soyons compétitifs, certes, mais soyons-le de façon intelligente et solidaire.


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